93. Remord

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« Trois jours ont passé depuis la fameuse nuit de l'accident.
Trois jours, où le temps semble s'être étiré, ralenti, je m'ennuie.
Trois jours où ton absence me rongent malgré la visite de mes proches.
J'ai l'impression d'être égoïste en disant cela mais tu me manques tellement...
Réveilles toi bientôt
H. »

J'accompagne mon petit mot de quelques dessins d'arabesques floraux. L'infirmière m'a proposé d'envoyer un petit mot à Zack pour qu'à son réveil, il le lise, le mien ainsi que tout ceux de ses proches et amis.

De mon côté, les visites de proches sont presque ma seule distraction ici, mise à part le dessin qui occupe une grande partie de mes journées, il n'y a pas grand chose à faire. Mes mains et mes jambes vont mieux malgré la présence de cicatrices sous les bandages et je vais pouvoir rentrer chez moi. Pourtant je n'en ressens pas l'envie, j'ai peur de retourner dans le monde réel sans Zack. Comme si le monde s'était arrêté de tourner le temps de l'accident, que l'on nous aurait placé dans cet endroit blanchâtre à deux, et je refuse d'en sortir sans lui.
En tout cas pas si je ne suis pas sûre qu'il va bien et qu'il s'est réveillé sans problème.

()()()

J'embrasse ma mère qui vient de terminer de m'aider à m'habiller quand un infirmier entre dans la pièce pour refaire mes bandages.

- Tu es toute belle et fin' prête pour la bonne nouvelle que je vais t'annoncer! Me dit Tim, avec qui j'ai sympathisé au cours de ma convalescence.
- Ah Bon? Qu'est ce que tu vas me dire?

Ma mère me salut discrètement et sors en refermant la porte. Tim attend que nous soyons seuls pour enfin ouvrir la bouche.

- Tu vas enfin pouvoir aller rendre visite à ton homme.

J'ouvre la bouche en haussant les sourcils ce qui fait vraiment rire mon nouvel ami.

- Il dort encore mais..
- Tu rigole?! C'est ce que j'attends depuis des jours!
- Quatre! Je te comprends, l'attente est parfois la pire des choses. Mais son état s'améliore, ses plaies cicatrisent correctement alors on s'est dit que ce serait cool que tu lui parles, toi et sa famille.
- Je suis tellement heureuse...
- Tu savais que le soutien aux personnes dans le coma est très important! Ils t'entendent et je suis certain que ça peut les aider à se réveiller plus vite!
- Il va m'entendre pour ça ! Ne t'inquiète pas!
- Allez ma belle, repose toi encore un peu et tout à l'heure je t'emmènerai le voir.

Il pose une main sur mon épaule puis remballe son matériel avant de sortir.

Je me rassois sur le lit pour apprécier la nouvelle. J'ai vraiment hâte de le voir.

()()()

Les heures ont passé, et Tim est revenue me chercher pour enfin aller voir mon homme dans l'après-midi.

Devant la porte de sa chambre, ma main tremble et une boule se crée dans ma gorge.
L'infirmier ouvre la porte qui donne sur une chambre, la même que la mienne, si ce n'est qu'on entend le « bip... bip » régulier des battements de cœur de Zack retranscrit par une machine.

Lui est là, allongé sur ce lit blanc, le teint pâle, les paupières closes, les joues creuses, les lèvres blanches. Il n'est plus que l'ombre de lui même. Son bras droit est plâtré, sa jambe gauche aussi et des bleus parsèment son visage et certainement le reste de son corps enfouie sous la couverture de l'hôpital.

Cette vision me fait ressentir un tas d'émotions plus violente les unes que les autres. L'amour, la tristesse, l'espoir mais surtout la culpabilité.

Pourquoi m'en suis-je sorti presque indemne alors que lui, qui a déjà tellement souffert, fini cloué dans un lit avec toutes ces ecchymoses, dans le coma?

Il aurait dû s'en sortir à ma place.

Les remords me tordent le ventre et je reste paralysée face à son lit, à l'entrée, les larmes aux yeux.

- Ma belle, je sais que cette vision est dure, tu n'es pas obligé de rester. Me glisse doucement Tim derrière moi.
- Je... je sais pas quoi faire. Balbutiais-je.

Je porte mes deux mains à ma bouche pour retenir mes sanglots, et baisse les yeux, incapable d'assumer cette vision de l'homme que j'aime.

- Viens, on reviendra plus tard.

Il me prend par l'épaule et m'emmène m'asseoir dans le couloir.
Je n'arrive plus à respirer correctement et fond en larmes en plein milieu du couloir.

Au même moment, une voix qui m'est familière crie mon nom à l'autre bout du couloir.

- Hayleen!

Les pas se rapprochent sans que je daigne lever la tête. Je n'ai plus que l'image de Zack en tête, puis celle de l'accident qui s'ajoute à tout cela. Ma tête me fait atrocement mal et je me surprends à me replier sur moi-même comme une enfant.

- Hayleen viens, là.

C'est Rob qui vient de me prendre dans ses bras. Ceux-ci sont chauds et réconfortants mais ne réussissent pas à me consoler.

- Tout est de ma faute... j'aurai dû être à sa place.
- Arrêtes de dire n'importe quoi! Ce qui est fait est fait!
- Il souffre et pas moi! On était deux dans le pickup!

Derrière nous Luke arrive et nous enlace à son tour.

- Que s'est t'il passé? On m'a dit qu'on pouvait voir Zack! Hayleen?

Je me défais difficilement de l'étreinte de mon meilleur ami pour affronter le regard de son copain.

- Il est là, derrière cette porte. Mais.. mais c'est trop dure.. j'y arrive pas..

Luke fronce un instant les sourcils puis pose la main sur la poignée de la porte. Tim m'apporte un verre d'eau et m'invite à m'asseoir pour me reprendre.
Rob me laisse avec lui pour accompagner Luke dans la chambre de son frère.

- Ça va?

J'acquiesce mollement en buvant mon verre d'eau d'une traite puis me lève de la chaise.

- Je vais rentrer chez moi...
- J'appelle tes parents d'accord.
- D'accord, merci Tim.

()()()

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