Chapitre 8 : La dure réalité des mots d'un camarade

62 11 11
                                    

La journée se terminant sans encombre, les muscles douloureux de Mackenzie refirent surface. Reprendre le travail après avoir dormi sur le sol pendant trois semaines n'était pas la meilleure des choses. 

Éreintée, elle suivit le groupe d'actifs jusqu'aux navettes. Le chemin du retour sembla plus long qu'à l'allée. Mackenzie ne pouvait s'empêcher de repenser à ce que lui avait dit le blond au champ aujourd'hui, et à réfléchir si oui ou non elle voulait tenter une évasion, avec ces gens qu'elle ne connaissait ni d'Adam ni d'Eve.

Finalement, c'était une opportunité qui allait tout changer. Au départ, elle avait voulu s'évader toute seule dès qu'une ouverture se présenterait, mais il avait été difficile d'en trouver une, surtout qu'elle était épiée et surveillée dans ses moindres faits et gestes.

Intégrer un groupe était une solution déjà toute prête, mais ses chances de fuite semblaient plus compliquées. Il était beaucoup plus difficile d'être furtif quand on était plusieurs.

Arrivée à sa chambre, Hayden était déjà là, un livre dans les mains. C'était un avantage qu'il avait pu récupérer avec ses points, lorsqu'il avait fait de bonnes journées bien rentables. 

Ce soir, il semblait noyé dans une certaine désillusion, le regard immobile sur ses pages. Il ne semblait pas lire, au contraire il semblait penser. Mackenzie aurait pu jurer qu'il ressassait un perpétuel recommencement. Il semblait fatigué de toute son existence ici. 

Quand il croisa le regard de Mackenzie, il sourit. Un sourire attristé et qui semblait cacher un besoin de réconfort. Elle en ressentit une légère souffrance et en fut touchée. La nuit dernière il s'était occupé d'elle comme jamais personne ne l'avait fait, et elle n'avait pas pu réellement le remercier, ni même lui rendre la pareille.

« Est-ce que tout va bien ? demanda-t-elle.

– Oui, et toi ? Comment a été ta journée ? Après ton séjour aux sous-sols, tu dois être épuisée par cette reprise, non ? »

Il ne semblait pas vouloir la faire entrer dans ses pensées et elle ne voulait pas lui forcer à se dévoiler à elle.

« Ça va, répondit-elle, grâce à toi j'ai passé une bonne nuit au chaud, alors merci. »

Il lui fit signe de la tête en réponse, la mine toujours autant attristée. Elle insista, s'asseyant sur son propre lit, face à lui :

« Est-ce que tout va bien ?

– Oui. Juste une journée épuisante, je présume... »

Elle le regarda intensément. Vu son expression, il valait mieux changer de sujet. Est-ce qu'elle devait lui parler de ce mystérieux groupe qu'elle avait rencontré aujourd'hui ? Elle ne se voyait pas partir et le laisser derrière, il avait été si protecteur et aimable avec elle. Il avait été son seul compagnon entre ces quatre murs. 

Hayden avait peut-être perdu tout espoir, et cela lui redonnerait sûrement le moral. Il fallait qu'elle lui en parle.

« J'ai rencontré quelqu'un au travail. Je ne connais pas son nom, mais il m'a proposé d'intégrer son groupe. Lui et son équipe semblent vouloir peut-être tenter une évasion. »

A ces mots, le regard du jeune homme se raidit. Il venait soudainement de frémir, comme surprit par la révélation ou plutôt, apeuré par celle-ci.

« Si je t'en parle, continua-t-elle, c'est parce que, si jamais j'intègre leur groupe, et que leur plan fonctionne, je veux que tu viennes avec nous.

– Qu'est-ce qui te fait croire que je veux partir ?

– Rien, mais ça me semble logique. »

A sa réflexion, il leva les yeux au ciel. C'était pour elle presque un affront. Toujours avec son livre, il prit tout de même la peine de le reposer avant de se tourner de nouveau vers elle.

« C'est ça ton problème Mack. Tu crois que tout le monde est comme toi. Que nous sommes tous intéressé par les mêmes choses que toi. La liberté, tout le monde ne la veut pas. Qui t'a donné le droit de croire le contraire ? »

Cette critique lui fit mal, mais il n'avait pas tort. Égoïstement, elle avait toujours cru que tout le monde désirait la même chose. Cela semblait pourtant tellement rationnel.

« Excuse-moi d'avoir pensé à toi, répondit-elle sarcastiquement. Tu fais comme tu veux, moi je ne reste pas ici. Et j'attendrai encore moins que l'on vienne me chercher par la main.

– Tu ne sembles pas comprendre Mack. Je te l'ai déjà dit, la mort n'est pas la solution. Peut-être que demain la guerre s'arrêtera, et tu ne seras même plus là pour le voir. As-tu au moins une preuve de leur loyauté ? Ici, il n'y a pas d'entraide. Qui te dit qu'ils ne vont pas te laisser derrière après s'être servi de toi ? »

Il s'assit sur le bord de son lit et la regarda droit dans les yeux tout en continuant :

« Imagine un instant qu'après leur coup, toi tu ne parviens pas à sortir. Que crois-tu que les gardes te feront ? Tu brailles, parce que tu as failli te faire violer, et tu meugle ton envie de sortir à tout va, parce que tu as passé un peu de temps dans les cachots. »

Elle ne sut quoi dire. La tristesse du jeune homme s'était transformée en haine, et c'est sur elle qu'il se défoulait.

« Regarde toi Mack, continua-t-il. Je ne te le répéterais pas éternellement. Ça ne vaut pas le coup, si la finalité se trouve être la mort. Et je te l'ai déjà dit, tout ce qui peut t'arriver ici ne peut pas être pire que la mort. Dans un cas tu peux te relever, dans l'autre pas. Pourquoi t'obstine-tu à croire que cet endroit vaut autant d'efforts de ta part ? Peut-être que tu ne te rends pas compte de la chance que tu as, de vivre ici plutôt qu'à l'extérieur. »

Jamais il n'avait utilisé des mots aussi durs pour faire valoir ses pensées. 

Mackenzie était au bord des larmes. La prenait-il vraiment pour une personne qui aimait se donner en spectacle et faire la victime pour un rien ? 

Ce qu'elle avait vécu jusque-là, n'était peut-être pas grand-chose comparé à d'autres, mais elle, qui s'était toujours battue pour sa liberté et sa dignité, ne pouvait se laisser faire. Comment pouvait-il dire qu'il aurait été préférable qu'elle se la ferme et se laisse malmener ? Elle avait toujours vécu libre de ses mouvements. Elle avait connu le vent contre sa peau, l'adrénaline de ses actions, et le choix, chaque matin, de se lever ou non. Jamais elle n'avait imaginé perdre ça. Ceux qui n'avaient pas pris goût à la liberté, ne pouvaient la comprendre.

Sans un mot pour son camarade de chambre, le regard noir, elle se coucha, priant pour qu'il soit déjà partit au réveil.


© Tous droits réservés

TragicBird - Wattpad


J'espère que pour l'instant l'histoire vous plaît et que la curiosité est toujours au rendez-vous ^^

Je vous remercie pour tous vos retours, que ce soit en commentaires ou en votes. C'est très encourageant et valorisant.

Alors merci encore à tous ceux qui prennent le temps de le faire ❤️

L'Or rouge [Terminé - En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant