L'Or rouge [Terminé - En réécriture]

Chapitre 24 : Routine Retrouvée

Elle se rendit jusqu'aux mines à pied. Les souvenirs revinrent sonner dans sa tête. Elle se souvint de sa première rencontre avec les mouvements mécaniques de ses camarades, sa première indignation, ses premières courbatures et son envie de liberté, qui aujourd'hui s'était amenuisée.

Elle avait toujours envie de fuir, rien n'avait changé, mais elle avait fini par accepter que cela prenne plus de temps.

Beaucoup de choses avaient changé. Elle était entrée dans les souterrains, depuis quelques mois déjà, et avait vu bien des choses. Elle avait rencontré beaucoup de monde et s'était attaché à certains plus qu'à d'autres...

Les coups de pioches étaient insupportables. Le rythme était irrégulier. Chacun faisait comme bon lui semble et surtout comme il le pouvait. La cacophonie désastreuse, contraria rapidement Mackenzie, mais elle ne pouvait rien y faire.

Elle travaillait, le regard rivé sur le mur face à elle et son sac entre les jambes. Elle ne voulait pas se faire avoir une seconde fois. Elle avait appris à économiser ses forces. Le principal était de faire le travail demandé, le reste lui importait peu. Elle n'en avait que faire des points et des avantages, seuls réconforts d'une vie qu'elle ne se destinait pas.

Il fallait qu'elle retrouve Velingrade, elle avait à lui parler. Le jeune homme était intéressé par cette histoire de second groupe, et Mackenzie devait pouvoir mettre tout ça au clair.

Si un autre groupe avait réellement envie de se soulever contre l'oppression, alors le leader des fuyards, ne faisait que ce qu'il y avait de mieux. Après tout, cette histoire, si tant bien qu'elle soit vraie, allait précipiter leur fuite, pour le bonheur de la jeune fille.

La journée se termina, et elle retourna dans sa chambre, les bras endoloris. Joy n'était pas encore rentrée, les champs étant accessibles par navette, le temps du trajet rallongeait sa journée.

Hayden était là, en revanche. Il avait repris son ancienne habitude, à lire son livre, assis sur le lit. Pourtant, contrairement aux autres fois, c'était sur le lit de Mackenzie qu'il s'était allongé.

Il salua la demoiselle, qui prit place au bord du lit, et reposa son livre.

« Alors ta journée ? demanda-t-il.

– Épuisante... Au fait, j'ai parlé avec Joy hier.

– C'est super de ta part, dit-il en se plaçant à côté de la demoiselle.

– Je vais tenter quelque chose ce soir, continua-t-elle la mine attristée. Voir si le plan d'évasion peut aller un peu plus vite.

– Il faut bien un jour que les choses avancent... »

Elle le fixa et soupira. Il ne semblait pas contre l'idée qu'elle parte, ou du moins, il ne le montrait pas.

Elle approcha sa main du visage fantomatique. Puis, parcourra sa joue jusqu'à sa mâchoire, les yeux plongés sur le trajet qu'effectuait ses doigts.

« Tu as l'air si réel », souffla-t-elle.

Elle ne voulait pas l'oublier, une fois dehors. Ni même se souvenir de lui, uniquement comme un simple fantôme. Au contraire, elle voulait se souvenir du toucher de sa peau, de son poids et de son odeur. De son être entier, comme quelqu'un de vivant, qui n'avait jamais succombé.

Hayden posa sa main sur celle de la demoiselle, la faisant ressentir encore plus le contact de sa peau.

« Prends mon livre avec toi. Je veux que tu emmènes une partie de moi à l'extérieur. »

Il serra la main de la jeune fille, posée sur son visage, la faisant pleurer, mais pas de douleur.

Joy entra, faisant retirer instantanément la main de Mackenzie, avant qu'elle ne ravale sa salive et sèche ses lames d'un coup de main. Quelle idiote elle ferait, la main dans le vide, à pleurer toute seule.

« Ça a été ta journée ? avait demandé Mackenzie, la voix tremblante.

– Oui, je me suis fait voler ma récolte, mais je présume que ce n'est pas une raison pour en faire un scandale...

– Ce n'est rien, tant que tu ne t'impliques pas dans ces histoires. Certains actifs sont très violents.

– Je ferais attention. »

Mackenzie se tourna vers Hayden, qui s'était adossé contre le mur, toujours assis sur le lit. Leur regard était insistant. Elle avait besoin de lui parler encore, mais elle se ravisa.

« Je vais aller manger à la cantine, annonça Joy.

– Très bien. »

A ces mots, Joy quitta la pièce.

« Tu aurais pu l'accompagner, dit Hayden.

– J'ai prévu de voir Velingrade ce soir. Je ne peux pas me permettre de l'avoir à mes côtés.

– Tu n'envisage pas de la faire sortir avec toi ?

– Elle est trop faible, lente et peu ambitieuse. Elle ne survivrait pas une fois à l'extérieur. »

Hayden ne répondit rien.

« J'en sais rien, se reprit-elle, je verrais bien plus tard... »

Il lui sourit et elle se plaça à ses côtés, déposant également son dos contre le mur.

« C'est surtout toi, que je ne veux pas laisser seul ici, soupira-t-elle. Si seulement je pouvais faire quelque chose. »

Il prit de nouveau sa main. Il semblait avoir également besoin de contact, et il savait plus que quiconque, qu'une fois Mackenzie parti, il n'en serait plus jamais capable. Il enlaça ses doigts entre ceux de la demoiselle, plongeant son regard sur leur étreinte, absorbé par la complexité simple de leur contact.

« Une personne de l'escouade, reprit Mackenzie, le regard face à elle, avait toujours l'habitude de parler de choses spirituelles, magique et surnaturelles. Jamais je n'avais pris au sérieux ces moments d'incantations et ses histoires de chaman. Ambroise est quelqu'un avec des convictions très importantes. J'ai toujours pensé que sa foi spirituelle n'était qu'une facette pour crédibiliser sa conduite. J'ai du mal encore à croire en tout ça. Je me demande ce qu'elle aurait fait, si elle avait été à ma place. Elle aurait sûrement trouvé un moyen de te libérer de l'horrible éternité à laquelle tu dois faire face. »

Hayden accola sa tête contre le mur, sa main serrant toujours celle de Mackenzie. Le regard vers le plafond, il soupira. Mackenzie tourna son regard vers lui, et continua :

« Je ne sais pas si elle est capable de faire quoi que ce soit. J'y ai juste pensé, un soir, et je me suis dit que je ne risquais rien à tenter.

– Tenter quoi ? demanda-t-il sans animosité.

– Une fois sorti, je lui en parlerais, et je verrais ce dont elle est capable. Je veux qu'elle te délivre de cette situation... »

Hayden laissa échapper un sourire. Lui-même n'y croyais pas, mais après tout, pourquoi pas. Il tourna de nouveau son regard vers la demoiselle. Le temps sembla s'arrêter un court instant et la jeune fille crue sentir son cœur s'accélérer. Elle n'allait pas de nouveau pleurer, non, c'était autre chose.

Elle était prête à parier qu'en ce moment même elle était devenue rouge pivoine.

La suite n'aida pas. Son souffle s'accéléra lorsque le jeune homme amena ses lèvres près d'elle, avant de lui susurrer à l'oreille :

« Tu devrais y aller maintenant, je suis sûr que Velingrade ne va pas tarder... »

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