Chapitre 39 : Direction le musée

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Mackenzie s'était à nouveau équipée de son pied-de-biche, qu'elle avait attaché à sa ceinture, comme une épée que l'on dispose dans son fourreau. Marilore lui avait également donné des vêtements plus adaptés que les vieilles choses qu'elle mettait depuis qu'elle était rentrée.

Pour cette sortie, elle avait attaché ses longs cheveux noirs ondulés, en une queue de cheval. Habillée d'un débardeur délavé, d'une veste par-dessus, et d'un pantalon noir à taille haute. Elles partirent en direction du musée, n'oubliant pas d'emporter un sac à bandoulière chacune. Marilore n'avait pas de stratégie particulière. Elle aimait user de toutes sortes de diversion, et éviter le combat. Cependant, lorsqu'il fallait pointer son arme, elle ratait rarement sa cible. Habituée à sortir par tout temps et pour toutes sortes de missions, elle était un modèle pour Mackenzie.

Le musée n'était pas si loin de leur manoir. Il leur fallait plus ou moins deux heures de marche avant d'atteindre ce dernier. En y allant la journée, elles évitaient les bêtes qui chassaient la nuit. Cependant, à l'inverse, elles étaient contraintes de faire face aux marginaux divers et animaux diurnes.

Marilore préférait sortir la journée. Plus pratique pour repérer ses ennemis et éviter les embuscades nocturnes. Mackenzie était d'ailleurs du même avis. Tout l'inverse de Kahésar, qui lui favorisait l'ouïe à la vue, et pour cela il prônait les sorties nocturnes, en général plus calmes.

Marilore et lui avaient vraiment des idées qui s'opposaient. Les autres membres se demandaient encore comment ils avaient pu tomber sous le charme l'un de l'autre. Ils étaient revenus d'une mission un soir. Marilore était dans un sale état, sa main ensanglantée bloquait sa gorge d'un chiffon déjà bien imbibé du liquide rouge. Elle était arrivée dans les bras de Kahésar. Ses mouvements épileptiques et son regard vide, avaient effrayé tout le monde.

Ils l'avaient pris en charge immédiatement, Kahésar expliquant qu'elle avait subi une tentative d'égorgement par l'un des bandits du camp qu'ils avaient envahis. Il s'en voulait de ne pas avoir mis une balle dans la tête de ce vaurien, avant qu'il ne s'en prenne à elle. Il n'était pourtant armé que d'un simple couteau. Par chance, ils avaient pu arrêter l'hémorragie, qui finalement ne s'avéra pas si profonde.

L'acte d'empathie de Kahésar, avait surpris tout le monde. Le chef n'était pas du genre à aider qui que ce soit sans une bonne raison. Peut-être que simplement, personne n'avait compris sa réelle intention. Une raison que l'intéressé lui-même, avait refusé d'accepter, avant d'entamer une relation avec la jeune femme.

A cet instant, tout le monde l'avait trouvé faible de ne pouvoir suivre ses propres règles. Après tout, il était celui qui avait imposé à chacun de vivre indépendamment des autres. Certains diront, que l'homme ne peut s'en empêcher, et Kahésar reste un homme malgré tout. Pourtant, Marilore avait été charmée par cet aspect. Le chef froid et solitaire, avait légèrement vacillé pour elle.

C'est après cette mésaventure, qu'ils avaient fini par se rapprocher. Cela avait bien duré quelques années, avant que Marilore ne décide de mettre un terme à leur relation. Son cher Kasé avait abattu des clandestins, qui avaient pénétré le manoir. Les jeunes victimes, affamées étaient de surcroît non armé. Pourtant, la menace verbale ne les avait pas fait fuir. Ils s'étaient mis à piller tout ce qu'ils trouvaient, sous le regard impuissant des membres.

Après le massacre, ils se sont tous réfugié dans un silence salvateur. Personne ne voulait l'avouer, mais l'acte de Kahésar avait arrangé bien des choses. C'était cela aussi, être chef.

Elles avaient déjà parcouru une bonne partie du chemin sans encombre. Elles entraient à présent dans une grande ville en ruine, où des bâtiments en pierre côtoyaient d'anciennes structures culturelles. Les édifices avaient tous un toit plat, typique des immeubles rectangulaires. Tous les chemins n'étaient pas accessibles, à cause des effondrements bloquant certaines routes. Les villes comme celles-ci étaient assez rares. Les autres ayant été rasées pour permettre la construction des souterrains de Rebirth ou bloquées pour y loger les familles élites. Celles qui restaient encore debout, abritaient toutes sortes de marginaux, et parfois même certaines créatures. Rebirth ne passait d'ailleurs plus par-là, afin d'éviter les pertes inutiles.

Entrer dans une ville comme celle-ci était donc assez dangereux.

Elles marchaient actuellement dans une des rues, aux panneaux de signalisations et aux restes d'une civilisation dévastées à même le sol, guettant le moindre mouvement. A cet instant, elles pouvaient déjà avoir été repérées par un sniper caché sur les toits, ou des bandits zieutant derrière une fenêtre.

Un peu plus loin, près d'un mur d'un ancien hôtel, elles virent un feu de camp et une structure de fortune, faites de planche et de métal. Des brigands avaient sûrement établi leur camp à cet endroit.

« Est-ce que tu veux t'en charger ? chuchota Marilore à sa voisine.

– Non, ne perdons pas de temps et contournons. »

Mais, quelqu'un les avait déjà repérés.

« Oh, regardez qui voilà, s'exclama derrière elles, une voix masculine. »

Quatre hommes, armés de barres de fer et de couteaux, leur firent rapidement face.

« On ne fait que passer », tenta Marilore.

Ils se mirent à rire.

Ils commencèrent à les encercler. Ils étaient calmes et souriants. Le genre de sourire vicieux, d'un chasseur amusé par sa proie. Elles se retrouvèrent rapidement incapable de fuir. Mackenzie posa son regard sur les deux hommes qui venaient de se placer derrières elles, la main prête à dégainer son arme au moindre mouvement.

« Ecoutez, ce serait dommage d'en venir aux mains pour si peu », renchérit Marilore, dégainant son revolver, tentant de les effrayer.

Ces hommes, toujours hilares, ne réagirent même pas à sa menace. Cela faisait bien longtemps que les bandits des terres sauvages ne craignaient plus rien. Accros à diverses drogues, ils vivaient sans loi, sans peur.

« Ce serait dommage de laisser passer de jolies filles comme vous, dit l'un des hommes. On vous vendrait vraiment bien au marché noir. »

A ces mots ils dégainèrent leurs armes, forçant Mackenzie à faire de même. L'affrontement était inévitable. Mackenzie frappa à toute vitesse vers l'un des hommes qui s'était posté derrière elles, alors qu'un coup de feu survint du côté de Marilore.

Le coup de Mackenzie porté à la tête de son ennemi, le tua sur le coup. Le crâne en sang, il gisait sur le sol, les yeux grands ouverts. Elle n'eut pas le temps de s'en préoccuper, que le deuxième s'engageât sur elle. Elle était plutôt bonne en esquive, et réussit à manquer le coup de couteau qu'il lui avait tendu.

Elle tenta de répliquer, mais il évita sa contre-attaque. Au même moment, elle entendit une autre détonation, provenant du revolver de Marilore. Ce deuxième coup de feu déstabilisa l'homme face à Mackenzie. Elle en profita pour le frapper à nouveau, atteignant de plein fouet son visage. Le dernier bandit tomba sous le choc, et malgré le sang qui coulait sur son visage et les injures qu'il jetait sous la douleur, il se releva, fonçant sur Mackenzie, avant de s'effondrer pour de bon. Il venait de recevoir une balle en pleine tête.

Le sang avait éclaboussé le visage de Mackenzie. La jeune fille ne se faisait toujours pas à autant de violence, et le dernier regard, hargneux et pathétique de cet homme, s'était imprégné en elle comme une mauvaise tache indélébile.


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L'Or rouge [Terminé - En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant