Chapitre 20 : Routine troublée

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Le matin au réveil, la colère d'hier soir était toujours présente. Ces dernières journées avaient été difficiles, et la demoiselle avait de plus en plus le sommeil agité.

Elle avait repensé à la discussion qu'elle avait eu avec Velingrade. Pouvait-elle encore lui faire confiance ? Il jouait avec elle et la testait constamment, mais n'était-ce pas compréhensible, au vu des prises de risques qu'il prenait ?

En se rendant au travail, Léana n'était plus là, et cela tombait plutôt bien. La demoiselle ne voulait discuter avec personnes. Affairée à sa tâche, elle n'eut que ses pensées comme compagnes.

Pourquoi donc ces fuyards avaient-ils décidé de la faire couler ? Était-ce à cause de cette coïncidence au niveau du numéro de la chambre ? Ou bien, était-ce parce qu'elle était déjà plus surveillée que la plupart des autres actifs, une proie facile en somme ?

En tout cas, certains cherchaient à réitérer le passé, tout en sachant que celui qui allait se retrouver parmi les griffes du prédateur, allait forcément vivre un cauchemar.

Elle déglutit, dégoûtée à l'idée que quelqu'un y avait réfléchit.

Finalement, ses pensées et ses principes commençaient à changer. Ceux-ci allaient de plus en plus dans le même sens que ce qu'Hayden avait toujours prôné. Après tout, il lui avait bien dit que l'individualisme et le conformisme était la meilleure des choses. Il lui avait aussi dit de faire attention à ce groupe de fuyard, et Mackenzie commençait à croire, que pour s'en sortir, elle ne pouvait que compter sur elle-même.

De toute façon, elle n'avait pas d'autres opportunités que de suivre ce groupe. Elle devait juste s'assurer de ne pas être la dernière à passer, au risque qu'ils referment l'ouverture, comme ça avait déjà été fait auparavant.

Plus rien ne semblait l'étonner. Elle n'avait toujours pas fait sa marque sur le poignet, peut-être parce que Velingrade ne lui avait pas encore annoncé de vive voix, qu'elle pouvait le faire, ou bien, parce que quelque part, elle ne se sentait pas appartenir à ce groupe.

Plus elle y pensait et plus tout lui semblait désorganisé, inachevé. Velingrade semblait vouloir faire croire que l'heure allait bientôt arriver, et pourtant il était le seul à savoir où en était l'avancée.

Mackenzie venait presque à se demander si quelque chose n'avait pas fait ralentir ou reporter la date d'évasion. Était-ce lié à la fille avec qui il avait parlé hier soir ?

Si c'était bien le cas, la fierté de Velingrade – à essayer d'arranger les choses par lui-même – pouvait bien les mener tous à leur perte.

Mais bon, il avait endossé ce rôle, et s'il voulait tout gérer par lui-même, ce n'était pas Mackenzie qui s'en opposerait. Elle avait bien assez à faire de son côté.

L'après-midi arriva à toute vitesse et elle se devait de préparer le repas du soir. C'était le même pour les actifs et les gardes, même si, ces derniers ne mangeaient pas au même endroit. Ils avaient leur lieu privilégié, c'est pourquoi à l'heure du repas du soir, il y avait beaucoup plus de roulement.

Les gardes avaient la partie toute blanche des souterrains qui séparait les lieux de vie des actifs et du personnel supérieur. Là-bas se trouvait leur chambre, et leur lieu communs. Le personnel supérieur, quant à lui, comprenaient les Superviseurs et autres Responsables hiérarchique – ou travaillant dans l'administration – et qui vivaient au de-là des murs blancs.

L'après-midi se termina aussi vite que le matin, dans un calme absolu. La pipelette en Léana pouvait sembler vite insupportable, pourtant, une fois habitué en sa compagnie, on en viendrait presque à la regretter.

La fatigue était toujours présente. Mackenzie dormait de moins en moins et son appétit diminuait de plus en plus. C'est en partie ce qui expliquait la robotisation des actifs. Aujourd'hui, elle avait été comme eux, sans émotion, courbée par la fatigue.

Elle avait fini par comprendre que le changement était indéniable, et elle se refusait de tomber si bas. Elle n'avait peut-être pas la même fougue qu'à son arrivée, mais son désir de liberté ne s'était pas amenuisé pour autant.

Enfin, quand l'heure de fin de journée sonna, elle soupira de soulagement.

Elle allait pouvoir rentrer et essayer de récupérer le sommeil qui lui manquait. Elle ne s'occupait pas du repas du soir, et tant mieux. Elle hésitait même à y aller manger, tellement elle était épuisée. Elle n'avait à cet instant qu'une hâte : s'écrouler dans son lit et fermer les yeux.

Cependant, il avait été décidé autrement. Quand elle pénétra dans sa chambre, elle fut surprise d'y voir autant de monde.

Il y avait Eliott, accompagné de deux gardes et d'une fille à l'allure délaissée, mais pas d'Hayden. Pourtant, c'était bien la seule personne dont elle avait encore la force d'entendre.

« Quand on parle du loup, commença Eliott. Joy, je te présente Mackenzie, ce sera ta colocataire de chambre. Elle est un peu vive et dérangée, si jamais elle te cause du souci fais en moi part. »

Mackenzie regarda son Superviseur avec irritabilité, mais se contint de lui tenir tête, trop fatiguée. La prénommé Joy – qui devait tout juste avoir douze ans – la salua d'un hochement de tête. Mackenzie lui sourit rapidement, avant de se tourner vers son superviseur.

« Qu'est-ce que ça signifie ? Il n'y a que deux lits ici.

– Exact, et il était enfin temps que le deuxième serve à quelque chose. »

Mackenzie ne comprit pas un seul mot. Son expression en disait long sur son incompréhension, mais Eliott n'en pris pas compte et ajouta :

« Bien, je vous laisse faire les présentations. Il est tard et j'ai fini ma journée. J'espère, Mack, que tu prendras le temps de lui expliquer le fonctionnement des souterrains. »

Il s'approcha de la clandestine, puis lui susurra :

« Ne lui met pas d'idées dans la tête, ou je te fais croupir dans les cachots toute seule. »

Puis s'en alla, suivi par les deux gardes qui n'avaient – comme d'habitude – pas dit un seul mot.

Quand le silence assomma la pièce, Mackenzie ne put retirer ses yeux de cette nouvelle venue. Que se passait-il ?

Où était Hayden ?

Elle ne comprenait plus rien, et son monde s'effondra en une seconde, quand ce dernier apparut derrière Joy, comme un fantôme...

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L'Or rouge [Terminé - En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant