L'Or rouge [Terminé - En réécriture]

Chapitre 34 : Un nouveau marché

Mackenzie était retournée dans sa chambre. Elle avait besoin de fermer les yeux, comme prise de vertige.

Allongée sur son lit, les yeux fermés, ses souvenirs vaquèrent vers Hayden. C'était comme si elle venait de vivre à nouveau la mort d'un ami très cher, d'un être pour qui elle s'était éprise. Ses sentiments, emmêlés et indisciplinés, lui empêchaient d'avoir les idées claires. Le brouillard dans son esprit, bien plus épais que celui des marécages, semblait insurmontable.

Mackenzie avait l'impression d'être prisonnière de sa tête. Un endroit aussi noir que les cachots, où la douleur d'une amitié était aussi vive qu'un couteau chauffé au fer rouge.

Des larmes coulèrent.

Même si elle convainquait Ambroise de sauver l'âme torturée d'Hayden, son âme à elle ne serait pas plus légère. La peine, la douleur seraient toujours bien présentes, et elle ne pourrait rien y faire.

La porte de sa chambre s'ouvrit. Mackenzie ravala sa salive, comme voulant calmer le nœud formé dans sa gorge. La personne vint s'asseoir sur son lit, lui caressant le dos. Mackenzie stoppa ses larmes et les essuya de ses mains pour se retourner vers celui ou celle, qui se trouvait à ses côtés.

C'était Ambroise, sourire empathique, elle demanda :

« Comment te sens-tu ?

– Ça va...

– Est-ce que tu te sens mal, à cause de cette histoire de ration ? Si c'est ça, sache que Marilore est en train d'engueuler Kahésar à ce propos. Ils sont tellement à l'opposé : elle, prête à enfreindre les règles et lui incapable de le faire.

– Ce n'est pas ça... »

Un silence s'installa. Mackenzie se releva, s'asseyant sur son lit pour être à hauteur d'Ambroise.

« Est-ce que tu veux m'en parler ? demanda cette dernière.

– A vrai dire, tu es bien la seule à qui je veux en parler. »

Ambroise se leva, et ferma la porte de la chambre, comprenant la situation. Elle laissa le silence s'installer avant de revenir s'asseoir sur le lit.

« Le leader dont a parlé Léana, commença Mackenzie, celui qui est mort il y a environ un an avant mon arrivée, je l'ai connu. »

Ambroise fronça les sourcils, perplexe, mais elle ne dit rien, et la jeune fille continua :

« On m'a donné sa chambre, et je ne sais pas pourquoi, mais j'étais capable de le voir.

– Je comprends pas.

– Je ne le savais pas au départ. Je parlais avec lui, le voyais, le sentais, et pourtant, depuis le début, il n'était pas vraiment là.

– Comment ça ? Tu avais des hallucinations ? s'interloqua Ambroise.

– C'est un fantôme. Il n'a jamais pu fuir cet enfer, et est à jamais contraint d'y subir sa mort, chaque jour, chaque heure, chaque seconde. »

Un silence s'installa de nouveau. Ambroise n'avait jamais entendu ce genre d'histoires, bien qu'elle soit très investie dans ce genre de phénomènes. La jeune femme semblait réfléchir.

« Tu étais la seule à pouvoir le voir ? demanda Ambroise

– Oui. Joy a intégré la chambre bien après. C'est comme ça que j'ai compris, et jamais elle n'a vu Hayden.

– Hayden... susurra la femme. Qu'attends-tu de moi ?

– Je ne sais pas... J'aimerais que tu puisses me dire, qu'il est possible de libérer son âme. J'y croyais pas avant tout ça, mais maintenant... je ne peux pas me dire qu'en ce moment-même, il continue d'y être et cela, dans la solitude la plus complète. Sans personne à qui parler.

– Il y a bien quelque chose que je peux faire à ce sujet. »

Le regard de Mackenzie sembla s'illuminer.

« Je ne sais pas vraiment si ça va marcher, continua Ambroise, mais je connais un chaman. Il a toujours prôné pouvoir communiquer avec les esprits, et surtout pouvoir les appeler. Peut-être qu'il peut le sortir de là, et libérer son âme du monde des vivants. Rien est sûr, je ne veux pas te donner de faux espoirs, mais c'est tout ce que je peux t'offrir.

– On doit essayer.

– Ce ne sera pas gratuit », annonça Ambroise.

Mackenzie n'en fut même pas surprise, tout avait toujours un prix, mais elle était prête à tout, même si ce n'était voué qu'à l'échec.

« Tout ce que tu veux, répondit-elle.

– Sache que ce Chaman est loin d'ici, il se trouve près des frontières. J'ai besoin d'équipements et de rations pour le chemin. C'est toi qui me les fourniras. Il faudra également un moyen de paiement pour le chaman, et je veux également une récompense pour cette mission.

– Que veux-tu comme récompense ? Et qu'est-ce que je peux donner au chaman ?

– Je veux une partie de tes rations pendant un an. Pour lui, un objet rare, une pacotille que l'on ne trouve qu'ici. Je pense qu'un vieux bibelot du musée pourrait le convaincre, je sais qu'il aime ce genre de choses. Est-ce que ça te va ? »

Avait-elle le choix ?

« Marché conclu, répondit Mackenzie, déterminée.

– Il me faudra une arme à feu et des balles, pour le trajet. Je vais en avoir pour plusieurs jours, aller-retour. Il me faudra donc également au moins une dizaine de rations pour le voyage.

– C'est comme si c'était fait. »

Elles se regardèrent, comme concluant leur accord. Un des marchés les plus important et conséquent que Mackenzie n'avait jamais fait.

« Tu n'as rien qui viendrait de lui ? A part son nom, je ne suis pas sûre que cela aide le chaman plus que ça.

– En réalité, j'ai bien quelque chose. »

Mackenzie se leva pour aller vers sa commode y retirer un livre, qu'elle avait précieusement gardé.

« Voici un livre qui lui appartenait, dit Mackenzie en le tendant à Ambroise.

– Super, garde-le en attendant.

– Je pourrais le récupérer ensuite ?

– Je n'en suis pas sûr. »

Devait-elle perdre son seul lien avec Hayden pour lui donner la liberté ? Elle n'hésita même pas, et acquiesça.

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