Chapitre 4 : Nettoyer pour être souillée par un pervers

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Les premiers jours avaient été rudes. L'animosité entre ses collègues n'aidant pas, le travail compliqué et très physique avait rapidement épuisé la jeune fille. Les équipes changeaient assez fréquemment. Ainsi, les travailleurs, dénommés les actifs, avaient peu de contact entre eux et les lieux de travail n'étaient jamais personnellement attitrés. Cela évitait les tentatives d'évasion et les révoltes.

C'était toute une organisation, et Mackenzie en voyait bien toute sa complexité. Fatiguée et aux membres endoloris, son superviseur Eliott avait décidé de l'assigné à une tâche moins ardue pour la semaine suivante. Il ne fallait pas qu'elle le lâche dès les premiers jours. Elle avait donc l'heureuse joie de faire partie des domestiques. Astiquer, nettoyer, laver et dépoussiérer étaient les mots d'ordre qui rythmaient à présent ses journées.

Elle se leva donc, comme tous les autres matins, sous les bruits stridents des hauts parleurs. Eliott lui avait indiqué les parties communes à nettoyer et elle s'y rendit sans trop de difficulté.

Toutes les personnes avec elles semblaient dénuées de vie. Ce n'était plus aussi étrange à force. Leur regard vide, leur gestes mécaniques, elle espérait juste ne pas finir comme ça. Comment ces jeunes pouvaient-ils se laisser faire sans se battre ? N'avait-il aucun souvenir de la liberté ? Quelque part elle se disait que peut-être, étaient-ils peureux, couards ou simplement fatigués et avaient fini par abandonner une telle idée.

Acharnée sur son travail, elle n'avait même pas aperçu la silhouette qui se dirigeait vers elle.

« Hey ! T'es nouvelle c'est ça ? »

Mackenzie regarda la grande brune face à elle, légèrement décontenancée. Celle-ci, sourire au coin, semblait vouloir faire la causette.

« Oui, je suis arrivée il y a un peu plus d'une semaine, lui répondit la concernée.

– J'ai entendu parler de toi ! Il y a beaucoup de nouveaux qui arrivent, mais les clandestins sont rares. C'est Mackenzie c'est ça ?

– Exacte... Qui t'as dit que j'étais une clandestine ?

– Le bouche à oreille est efficace dans la sous-zone. Trop peut-être ? Enfin bref, j'ai appris par mon superviseur que tu allais te retrouver dans ce groupe. En tous cas, nous, les domestiques, sommes un peu les rebus de la société. Blessés, malades ou tout simplement momentanément, ou pas, incapable. Il faut bien qu'on soit utile pour quelque chose, alors on nettoie. »

Eliott l'avait-il jugé incapable pour la transférer dans ce groupe ? Elle se mordit la lèvre d'énervement. 

Cette jeune fille qui lui avait adressé la parole, avait un ton de voix plutôt guilleret. Mackenzie se demandait même si finalement ce n'était pas plutôt ce genre de personne, à la joie incandescente, qui étaient les moins « vivants ». Des gens qui avaient dépassé le stade sans vie et mécanique pour laisser place à une joie et se convaincre d'un faux bonheur.

Cette histoire de sous-zone... Mackenzie en avait déjà entendu parler. Les souterrains étaient divisés en plusieurs zones. Et chaque zone se trouvait en général sous un pays Européen, suivant les frontières du monde extérieur, aussi dénommé les terres irradiées ou les terres sauvages. Ces parcelles de souterrains étaient ensuite de nouveau divisées : C'étaient les sous-zones. Les actifs ne pouvaient pas circuler entre sous-zones, seul le personnel de Rebirth était autorisé à le faire. Ce personnel était composé de tous les employés, comprenant les Passeurs qui se trouvaient dans le monde extérieur, les superviseurs, gardes et autre travailleur qui n'étaient pas des actifs.

« Je vois, reprit Mackenzie, ravie de savoir que l'on m'estime « incapable ».

– Si ça ne te plaît pas, tu dois en référer à ton superviseur, c'est lui qui a la main mise sur toi. Au fait, je ne me suis même pas présentée, je suis Léana.

L'Or rouge [Terminé - En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant