Chapitre 35 : les rangers

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Mackenzie était sortie pour rejoindre les autres dans le salon. Ils avaient aménagé une ancienne pièce au rez-de-chaussée, dans l'autre partie du manoir, comme un lieu de vie.

Un endroit qui servait à la fois de réception, et à la détente. Il y avait de grands canapés près d'une cheminée non fonctionnelle, et au milieu d'eux, une table basse. Également, ils avaient bricolé une sorte d'établi de fortune, près d'un mur de la pièce, servant à nettoyer et réparer l'armement. Puis, un peu plus loin, se trouvait un coin peinture et dessins, et un coin lecture, avec une bibliothèque remplie de livres divers, collectés au cours des missions et autres sorties.

Dans la pièce, se trouvait Marilore, assise à la table de peinture. Elle s'amusait à dessiner, comme à son habitude, des choses abstraites et particulièrement contrastantes avec la réalité du monde. Mackenzie avait toujours aimé regarder ses dessins de fleurs, de paysages et d'autres merveilles d'une nature disparue. Il y avait également Steel, faisant une sieste sur l'un des luxueux canapés de la pièce.

Mackenzie s'approcha de la jeune femme et la salua. Cette dernière ne retira pas ses yeux de son œuvre et engagea la conversation :

« Tu te sens mieux depuis ce matin ?

– Oui, j'avais juste besoin de me reposer un peu.

– C'est tout à fait normal », dit-elle en changeant de crayon.

Le silence s'installa, laissant le bruit extérieur pénétrer la pièce avec calme. On entendait au loin des coups de feu et autres bruits divers, sonnant la guerre perpétuelle. Un environnement de danger que Mackenzie avait fini par oublier.

Au manoir, les attaques ennemies n'étaient pas récurrentes. Toute cette réalité semblait si loin et si proche à la fois. C'était totalement différent, une fois en mission. Dormir à la belle étoile n'était pas aussi attrayant que le nom qu'on lui donnait.

« Ambroise m'a dit, commença Mackenzie, brisant le silence, que vous travailliez avec des rangers. Je pensais qu'il ne fallait pas trop s'approcher de ces gens-là.

– C'est vrai qu'en temps normal, dit Marilore sans lever les yeux de son œuvre, ce ne sont pas ceux que l'on aimerait côtoyer. Mais ils nous ont aidé, par concours de circonstances, à nous débarrasser d'un camp de bandit, qui s'était installé pas loin. Comme on leur en devait une, on a commencé à travailler pour eux. Ils payent plutôt bien.

– Je croyais que leur mentalité ne plaisait pas à Kahésar. Si jamais ils apprennent qu'on travaille avec le marché noir, ils ne nous manqueront pas.

– C'est étrange venant de toi, lança Marilore en tournant son regard vers la jeune fille et en reposant son crayon.

– Je sais. Il fut un temps j'aurais adoré apprendre cette nouvelle, mais aujourd'hui, je me rends compte que tout n'est pas aussi simple.

– Ton passage dans les souterrains, t'a vraiment changé. »

Auparavant, Mackenzie avait rêvé travailler avec les rangers. Quand elle avait appris leur existence, elle avait été prête à quitter l'escouade pour les rejoindre. Les rangers, étaient des groupes autoproclamés comme tel, arpentant les terres sauvages, afin d'y amener un semblant de paix et de justice. Ils tiraient leur nom des équipes militaires américaines, qui patrouillaient les terres, afin d'imposer leurs idées.

Ils prônaient l'ancien monde, celui d'avant la guerre, avec des règles et des lois. Quelque part, ils vouaient à reconstruire une époque lointaine, dans les terres anarchiques. Ils ne faisaient pourtant pas l'unanimité dans les terres sauvages, et étaient loin d'être considérés comme des sauveurs par tous. Ils avaient pour habitude de s'attaquer aux camps de bandits, d'aider des groupes de clandestins vulnérables et cherchaient à instaurer leur vision des choses. Une vision pour les droits des Hommes et l'égalité entre tous. Leur idée semblait convaincante, pourtant peu de populations marginales étaient prêtes à s'aligner.

L'escouade de Kahésar, elle, était légèrement différente. Composée de mercenaires, elle répondait à des demandes et missions données par des petits groupes ou des individus du marché noir. Elle ne travaillait jamais sans contrepartie. Ses membres étaient individualistes, mais pas pour autant réputés comme des charognards.

Le marché noir était assez mystérieux, parce qu'en partie invisible. C'étaient les discussions, et le bouche à oreille qui permettaient à un client et à un négociant d'échanger.

Un système que les rangers voulaient faire tomber. Le marché noir étant sans limite, celui-ci ouvrait les portes à des atrocités diverses. On y trouvait notamment, de la vente de viande humaine, d'organes ou d'esclaves. Le marché noir permettait également la prise en contact avec des tueurs à gage, des pédophiles et autres populations instables. Les rêves les plus fous et les fantasmes les plus sombres semblaient y prendre vie.

L'escouade de Kahézar, faisait appel à cette organisation secrète pour y trouver des missions et échanger des rations ou des armes contre la vente de certains objets inutiles pour eux. Ce n'était pas quelque chose que Mackenzie approuvait, notamment parce que les membres ne cherchaient pas à savoir pour quelle raison leurs butins étaient achetés, ni même si ce qu'ils achetaient ne venait pas d'un groupe sauvagement assassiné.

Elle avait pourtant fini par accepter et également fermer les yeux. Comprenant que, si elle voulait manger, elle n'avait pas besoin de savoir d'où cela venait.

Maintenant qu'elle avait vécu dans les souterrains, sa vision des choses avait évolué. L'individualisme semblait avoir une place plus importante, et surtout, l'idéal des rangers n'était plus qu'un rêve d'enfant. Elle ne voyait donc pas cette relation d'un bon œil, particulièrement parce que les rangers, étaient très bien équipé, et donc des adversaires qu'ils ne pouvaient se permettre de faire entrer.

« Ne t'en fais pas, lui lança Marilore, de nouveau afférée dans son travail, Kahésar sait ce qu'il fait. Et puis nous, tant qu'on a du travail, le reste nous importe peu. »

Tant que tout était sous contrôle, ils n'avaient rien à craindre. Mackenzie laissa donc son amie continuer à travailler sur son œuvre. Elle s'installa près de la bibliothèque et commença à lire un livre. Ce n'était pas n'importe quel livre, puisque bientôt, elle devrait s'en séparer. Elle voulait à tout prix prendre connaissance de cette histoire qui avait rythmé les journées d'Hayden pendant tout ce temps.

Elle se pencha donc dans ce livre, où mystère et horreur survenaient à une époque victorienne, qu'elle avait du mal à imaginer. 

« Rachel Miller et l'orphelinat abandonné ».

L'histoire d'une jeune bourgeoise, perdue sur une île étrange, en compagnie d'un matelot d'un grand navire anglais. Un livre* d'avant-guerre qui présentait une époque encore plus lointaine, presque irréelle pour Mackenzie.


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TragicBird - Wattpad


* Pour ceux qui l'auraient peut-être deviné, il est ici question de mon autre livre disponible sur wattpad ^^ 

Ce n'était pas prévu à la base, mais je trouvais que ça pouvait être sympa de faire ce lien entre mes deux univers. 😊 Une sorte de easter egg 😆

L'Or rouge [Terminé - En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant