Chapitre 55 : La grande ville

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« Je vais te faire la courte échelle », indiqua Déon à la jeune femme.

Ils s'étaient équipés de fusils et de revolvers pour préparer l'embuscade à venir. Ils portaient également un gilet pares balles. Un équipement lourd qui faisait parfois vaciller Mackenzie, lorsqu'elle marchait. Le jeune homme s'était accolé à la paroi d'un vieux mur. C'était le seul moyen pour eux d'entrer dans la grande ville, sans avoir à la contourner.

Déon plaça ses mains près de son genou et la demoiselle, après s'être lancée, y plaça son pied. Elle parvint à atterrir sur le dessus d'un vieux bâtiment au toit plat. Elle se retourna et tendit sa main au jeune homme. Il s'élança et l'attrapa en plein saut. Son élan lui permit de se rattraper une fois en haut et de se hisser à son tour. Face à eux, se dévoilait une ville aux quelques monuments encore intacts.

A côté du bâtiment sur lequel ils se trouvaient s'en dessinait un autre ; plus grand et imposant. Celui-ci avait une échelle qui permettait aux deux jeunes d'arriver en son plus haut point d'une seule traite. Une fois sur le toit ouvert, Déon eut le souffle coupé. Devant eux se profilait divers monuments aux hauteurs impressionnantes. De vieux immeubles, et structures en tour. Les routes étaient saccagées et poussiéreuses. Sur leur dessus, jonchaient les décombres d'anciens réverbères, vitres de fenêtres et écrans publicitaires. Il y avait également des milliers de voitures rouillées, détruites et démembrées, les unes parfois sur les autres.

Les bâtiments étaient couverts, pour la plupart, de plantations grimpantes, brûlées au soleil. La saleté s'était incrustée sur les murs anciennement blancs, comme si elle avait toujours été là.

« Il va falloir passer par les petites ruelles, si l'on ne veut pas se faire repérer, suggéra Mackenzie. Il y a sûrement des campements d'ennemies ou les terriers d'animaux dangereux au niveau de la voie principale. »

Ils avaient pour objectif de se rendre jusqu'à un pont, un peu plus loin de la ville. Malheureusement, contourner cette dernière prendrait trop de temps. Ce pont était le spot idéal pour les embuscades. Plusieurs camions de rations passaient par là, fréquemment.

Ils étaient redescendus à l'angle opposé du bâtiment sur lequel ils se trouvaient. Une fois au sol, ils se faufilèrent entre les différentes ruines. C'était un chemin dangereux, mais le plus rapide. Ils furent vite encerclés par des chiens errants. Se faisant dos, ils s'étaient munis d'une barre en métal. Il était hors de question de gâcher des balles à cet instant, encore moins de faire du bruit et de rameuter les sauvages aux alentours.

La jeune femme s'était mise en position et avait asséné son premier coup sur la tête glabre d'un chien. Les autres se lancèrent simultanément. Déon ne lésinait pas non plus sur ses frappes. Ces dernières étaient fluides et s'enchaînaient avec une rapidité hallucinante. Ils s'étaient vite débarrassés des canidés. Essoufflés, le massacre devant eux, faisait peine. C'était pourtant la seule solution contre ces bêtes dénuées de sens.

Ils continuèrent leur route, déviant fréquemment leur trajectoire pour des allées différentes.

« Il y a quelque chose qui me chiffonne depuis plusieurs jours... », commença Déon, alors qu'ils avaient ralenti leur allure.

Ils étaient couverts de sang, marchant inlassablement dans ces petites ruelles sombres, aux débris divers et plantations adventices. La demoiselle s'était tournée vers lui, intriguée. Il avait continué, les yeux vers elle :

« J'ai l'impression qu'on se connaît...

‒ Vraiment ? s'étrangla Mackenzie. Eh bien, nous nous sommes vu quelques fois auparavant, cela pourrait expliquer cette impression.

‒ Peut-être... »

Elle ne savait pas pourquoi, mais elle était à présent fébrile. Il la mettait dans tous ses états, pour presque rien.

« Pourtant..., insista-t-il. Je ne me souviens de personne d'autres, pas même des rangers avec qui j'ai vécu une grande partie de ma vie. Alors, pourquoi toi ? Londir m'a dit que tu étais venue bien après que l'on eut commencé à travailler avec ton escouade. »

Il s'était arrêté, la forçant à faire de même.

« Et puis il n'y a pas que ça... », ajouta-t-il.

Elle avait dégluti difficilement, comme s'il la jugeait pour un crime. Il continua :

« J'ai l'impression que tu me caches quelque chose. C'est comme si nous nous étions vus bien plus de fois que ce que les rangers m'ont affirmé. Comme si, toi et moi nous nous étions vu en retrait des autres.

‒ Je vois où tu veux en venir, dit-elle en détournant le regard, mais il n'y avait rien de tout ça entre nous. Comme tu le sais, nous nous sommes vu que très rarement avant ton accident. On s'était même à peine parlé.

‒ Alors pourquoi... Pourquoi ces regards ? »

Elle suffoqua. Que pouvait-elle lui dire ?

« Je suis navrée si je t'ai laissé croire en certaines choses. Tu me fais juste penser à quelqu'un, c'est tout. »

Et elle reprit sa marche. Il avait soupiré, avant de lui emboîter le pas.


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L'Or rouge [Terminé - En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant