Le chemin jusqu'à la ville Élite la plus proche s'était finalement bien passé. Les jeunes femmes n'étaient pas épuisées de toute cette marche, elles avaient l'habitude de parcourir plusieurs kilomètres par jours pour leur survie.
Cela faisait bien longtemps que Mackenzie n'avait pas eu l'occasion de se retrouver près d'une ville de l'ancien monde. Celle-ci était entourée de toute part par de grands murs rarement réguliers, bien que l'ensemble fût à une hauteur de plusieurs mètres. De grandes portes étaient disposées aux quatre coins de la ville, permettant l'entrée et la sortie des camions de ravitaillement. C'était d'ailleurs l'endroit idéal pour les attendre. Cependant, chaque accès étaient surveillés par des gardes de Rebirth, armés jusqu'aux dents. Il était donc de mise de prendre ses précautions avant toute intrusion.
Dans certaines grandes villes, ils pouvaient être plusieurs à garder la même porte. Dans leur cas, celle qu'elles avaient pour cible n'était pas bien grande, et il n'y avait pas plus d'un garde par entrée. Mackenzie savait très bien que certaines parties du mur n'étaient pas en bon état ou étaient rafistolées sans aucune habileté. Certaines ouvertures étaient rebouchées par des planches, ou des plaques fines en métal. Elles n'étaient jamais surveillées par les gardes, déjà peu nombreux au niveau des portes.
Outre la distribution de rations, Rebirth s'occupait également de protéger la population, des bêtes extérieurs et des pillards sanguinaires. Après tout, leur or s'y trouvait et y grandissait, comme les richesses d'un fermier.
A chaque fois qu'elle se rendait dans une de ces villes, Mackenzie ne pouvait s'empêcher de repenser à sa fuite, l'année de ses douze ans. Ce jour où elle avait mis feu à son lit d'enfant, après y avoir déposé un cadavre de la même taille, récupéré dans un ancien cimetière. Elle s'était ensuite faufiler sous les files de fer cordés cachant une des nombreuses ouvertures du grand mur.
« Comment tu veux t'y prendre ? interrogea Marilore
– Cherchons un passage dans le mur. Une fois à l'intérieur, on ne devrait pas avoir de soucis, étant donné qu'il n'y a pas de gardes.
– Très bien. Il doit bien y en avoir un pas loin. Ils sont tellement incompétents, que c'est toujours aussi facile d'y entrer et d'en sortir. »
Mackenzie laissa échapper un rire étouffé. C'était grâce à leur incompétence, qu'elle avait réussi à fuir les souterrains.
Elles n'eurent pas à faire le tour de la ville, qu'elles avaient rapidement aperçu une ouverture. Un morceau de tôle semblait cacher, de l'intérieur, une brèche plutôt étroite. Marilore le poussa afin de dégager le passage. Quand ce fut libre, elles pénétrèrent à l'intérieur une à une. Les rues étaient animées par des enfants batifolant dans les rues. Une agréable odeur de nourriture sortait des maisons blanches qui composaient la ville. C'était comme entrer dans un autre monde. Un monde d'avant-guerre, où le nucléaire n'avait pas laissé de traces.
Elles se baladèrent discrètement dans les allées, évitant le regard des femmes aux aguets. Plus loin, elles virent l'une d'entre elles parler à la fenêtre avec sa voisine. La maison d'à côté avait la porte grande ouverte.
Les deux jeunes femmes y entrèrent furtivement, pendant que ces dames parlaient et rigolaient sans méfiance. Une fois à l'intérieur, elles se précipitèrent dans la cuisine.
« Ne prenons pas tout, où ils ne survivront pas », exigea Mackenzie.
Marilore opina du chef. Si la jeune fille avait été avec un autre membre de l'escouade, une négociation aurait été de mise. Mackenzie savait très bien que malgré les apparences, dans les villes, l'hypocrisie était à son comble. Une famille dévalisée n'obtenait jamais de soutien de ses voisins ni de ses amis, et ce, même si des enfants venaient à mourir de faim.
Elles trouvèrent quelques cartons avec des légumes et autres produits frais. Elles engouffrèrent une grande partie dans le sac de Marilore, et quittèrent la pièce, avant de s'arrêter net.
« Qu-qui...qui êtes-vous ?! » bégaya un homme face à elles.
Mackenzie leva les mains alors qu'il les pointait de son arme, mais Marilore réagit autrement, le visant de son revolver à son tour.
« Merde, jura cette dernière, c'est la journée fécondation ? »
Son ton burlesque frôlait l'irritation. Les jours de retrouvailles entre un homme du front et une femme des villes, n'étaient pas courants. C'étaient des événements annuels extraordinaires, qui se comptaient sur les doigts d'une mains. Par chance, leur opposant semblait à peine tenir debout, la peur se lisait sur son visage sans grandes difficultés.
« Écoute, on te laisse le choix, commença Mackenzie. On pourrait te tuer sur le champ, ou bien t'enfermer assez longtemps pour nous laisser le temps de partir.
– Qu'est-ce que tu as en tête Mack ? s'interloqua Marilore en se tournant vers elle.
– On n'a pas récupéré tout ce dont nous avons besoin, il va falloir aller dans une autre maison, et on ne peut pas le laisser prévenir la sécurité.
– Très bien, je vois », s'exclama Marilore.
Elle se tourna de nouveau vers l'homme :
« Baisse ton arme. Tu trembles tellement que c'est pathétique. Tu as entendu la demoiselle, on te laisse le choix.
‒ Je-je... d'accord, baragouina-t-il. En-enfermez-moi, je-je ne dirais rien.
– Eh bien, il est coopératif celui-là », articula Marilore.
L'homme baissa son arme, affolé, et les femmes l'emmenèrent dans la chambre parentale à l'étage. Elles bâillonnèrent ce dernier sans difficulté, alors qu'il pleurait toutes les larmes de son corps. Elles attachèrent ensuite une corde autour de ses mains et de sa taille, puis l'enfermèrent dans la grande armoire.
Les jeunes femmes soupirèrent. Ce qu'elles faisaient été très étrange, mais si elles avaient décidé de lui tirer une balle dans la tête elles auraient alerté tout le quartier.
Alors qu'elles allaient sortir, Mackenzie posa les yeux sur quelque chose.
« Attends... » murmura-t-elle à Marilore.
La demoiselle s'approcha de la coiffeuse et ouvrit ses tiroirs. Il y avait des bijoux en perle et d'autres en or, dont la valeur servait simplement à se pavaner devant le voisinage. Mackenzie plongea la main à l'intérieur.
« Qu'est-ce que tu fais ? demanda Marilore, intriguée.
– Je pense avoir trouvé quelque chose qui plairait à Kahésar. »
Mackenzie savait que ce genre de bijoux était très réputé parmi les acheteurs du marché noir. Une aubaine, qui lui paierait son revolver.
Elles redescendirent juste après et prirent la porte d'entrée. Par chance, rien avait changé dans la rue, et personne ne se doutait de rien.
Une fois dehors, elles attendirent une autre opportunité pour se faufiler à l'intérieur d'une seconde maison. Le soleil battait son plein et personne ne pouvait imaginer que des voleuses rôdaient. Tout était tellement simple lorsqu'elles n'étaient pas prises sur le fait. Pas besoin de crochetage, tout était à portée de main. Elles pénétrèrent dans plusieurs maisons et volèrent assez de rations pour un bon moment. Il y en avait même suffisamment pour préparer le voyage d'Ambroise.
Finalement, cette sortie lui permettrait de rembourser Kahésar et de préparer le voyage d'Ambroise. Un voyage jusqu'à la frontière, pour libérer Hayden, toujours prisonnier.
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L'Or rouge [Terminé - En réécriture]
Ficção CientíficaMackenzie a échappé à Rebirth, une entreprise dirigeant toute la société actuelle, faisant d'elle une clandestine. Elle est obligée de se faufiler entre les ruines et les maisons animées par des familles Elites, pour récupérer de quoi manger. Malheu...