Chapitre 56 : L'embuscade

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D'où ils étaient, ils pouvaient apercevoir le pont. Il était grand et robuste, ce qui lui avait permis de tenir debout tout ce temps et malgré les circonstances. Tout dans cette ville rappelait l'ancien monde. Presque figée dans le temps, la nature radioactive avait repris le dessus sur les structures humaines.

Ils voyaient d'ici un petit groupe de bandit, qui attendait sûrement la même occasion qu'eux pour attaquer les camions. Ils étaient peu armés et indisciplinés. C'était une bonne occasion de s'en occuper au plus vite. Les deux jeunes s'armèrent de leur barre en métal et se dirigèrent vers le petit groupe discrètement. Déon s'avança furtivement vers l'un d'entre eux. Il le frappa au niveau du creux du genous, l'emportant immédiatement à terre. Puis, il fracassa sa barre dans le crâne de l'homme effondré, incapable de riposter.

Cet assaut fit réagir le reste du groupe, qui n'attendit pas une seconde pour se jeter sur eux. Mackenzie s'était vite retrouvée encerclée. Les coups se déchaînèrent de tous les côtés. Déon semblait s'en sortir sans difficulté.

Ce qui n'était pas le cas de Mackenzie, dont l'esprit tourmenté ne la laissait pas en paix.

Il ne fallait pas laisser le doute et la compassion pénétrer son esprit. Pourtant, tout comme elle, ces gens essayaient de survivre. Elle repensa au frère de Steel, qui aurait très bien pu se trouver face à elle à cet instant. Un homme avec une famille, des gens qui le pleureraient s'il venait à mourir.

Sans qu'elle ne put le voir, un homme l'attaqua par derrière. Il avait réussi à écharpiller son épaule gauche, avant d'y planter son couteau dans la plaie sanglante. L'horrible douleur qui s'en suivit la força à tomber à terre et à crier aussitôt. Dans un moment de panique elle s'éloigna au plus vite, toujours au sol. La vue se brouillant, elle tenait de son autre main, son bras gravement blessé. L'homme désarmé, fut un court instant inoffensif. Il se rendit jusqu'à l'un des cadavres proche de ses compagnons pour y récupérer une batte de baseball et se dirigea vers la jeune femme.

Mackenzie se releva, sans manquer de trébucher, et se prépara à se défendre malgré la blessure et la vue trouble. Quand l'homme fut à sa portée, il leva son arme pour l'abattre sur elle. Un bruit de détonation sourd survint, et l'homme s'écroula. Déon avait sorti son fusil à pompe, explosant la tête de l'ennemi en un tir.

Il s'était approché de la demoiselle qui se forçait à ne pas pleurer. La douleur était horrible, et la lame ‒ toujours logée dans son membre ‒ rendait chaque mouvement plus difficile.

« Ne bouge pas je vais te la retirer », avait-il annoncé.

Elle respirait à poumons déployés, s'écroulant à nouveau sur ses genoux. Le jeune homme se plaça à ses côtés. Il était maintenant assez proche d'elle pour qu'elle puisse cacher son visage dans sa poitrine. Elle tenait de sa main droite le col du jeune homme, tout en serrant des dents. La douleur lancinante ne fut que plus importante, une fois la lame délogée. Mackenzie gémissait de douleur, les larmes aux yeux. Sa tête tournait, et son souffle n'en était que plus irrégulier.

« Hayden », avait-elle susurré dans un moment d'égarement.

Le jeune homme s'arrêta un instant, mais ne broncha pas. Il sortit du matériel médical, qu'il avait emporté dans son sac. Nettoyant la plaie de la jeune femme, il n'avait aucunement croisé son regard. Il était doué, et la blessure fut rapidement couverte d'un bandage de gaze.

« Comment tu te sens ? demanda-t-il

‒ Ça va... »

Il ne purent se relâcher quelques instants, qu'ils entendaient déjà au loin un camion s'approcher.

« Vas te cacher dans l'un des bâtiments, ordonna le jeune homme. Trouves un bon point de vue et couvres moi. »

Elle opina du chef en se dirigeant vers l'un des immeubles vide à leur côté. Déon, quant à lui, se cacha non loin du pont, où il attendait sa cible.

Une fois près d'une fenêtre, Mackenzie se plaça et s'arma d'un fusil à précision. Un vrai petit bijoux, d'une rareté innommable en ces temps. Elle regarda par la lunette, s'apprêtant à tirer à tout moment.

A peine quelques minutes plus tard, le camion s'engagea sur le pont. Déon resta à couvert, et Mackenzie tira. Le tir fut d'une précision incroyable, touchant la tête du conducteur qui s'effondra immédiatement sur le volant. Le passager ‒ armé jusqu'au dents ‒ tenta de reprendre le contrôle du véhicule d'où le son du klaxon signait la future victoire des deux jeunes.

Le ranger sortit de sa cachette et se dirigea vers l'engin indompté. Le camion qui finit sa course dans l'une des petites ruelles, recracha le passager armé et équipé d'un gilet par balle. Une fois sortit, le passeur tira à vue d'œil. Les tirs incessants forcèrent le jeune homme à se cacher derrière des décombres. Le moteur de l'engin avait été arrêté, et le silence qui faisait maintenant place, était particulier.

Mackenzie s'était préparée une deuxième fois à tirer, mais elle fut prit de court par le ranger. Le tir ne fit qu'une bouché, pénétrant directement dans le crâne de leur assaillant. Le corps inerte de l'ennemie s'abattit sur le sol. Son sang se déversant comme l'eau d'une bouteille renversée.

La jeune femme sortit pour rejoindre le ranger. Une fois à ses côtés, la pression et l'adrénaline redescendirent, l'apportant à nouveau une douleur horrible au bras. Déon la regarda. Elle se tenait le membre meurtri.

« Est-ce que ça va ? » avait-il demandé.

Elle avait acquiescé tout sourire avant de lancer :

« On fait une bonne équipe. »

Il avait souri.

« Voyons maintenant si l'on peut se servir du camion. »

A ces mots, il s'engagea dans le siège passager, dégageant au mieux le cadavre de l'ancien conducteur. Par chance, et malgré l'état extérieur de l'engin, ce dernier fonctionnait toujours. Jamais la jeune femme n'avait fait un coup pareil, mais les récompenses en valait l'effort.


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L'Or rouge [Terminé - En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant