Chapitre 12 : Sa part du marché

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La journée à la centrale se termina, et Mackenzie pris le chemin du retour. Ses pensées étaient centrées sur ce fameux Velingrade et sur ce qu'il lui avait demandé de faire. Elle avait hâte de remplir sa part du marché, d'intégrer le groupe et de mettre leur plan à exécution. C'était d'ailleurs plus facile à dire qu'à faire, mais il fallait bien commencer à un moment donné.

En soit donc, ce soir, quand tout le monde sera couché, Mack devra être aux toilettes numéro 6 - les moins éloignés des chambres d'actifs - et attendre que les gardes commencent leurs tours.

Pourquoi surveiller ces toilettes ? Elle n'en était pas sûre, mais le groupe de fuyard, comme il l'avait nommé lui-même, devait sûrement envisager de fuir un soir comme aujourd'hui, pas loin de ce point. C'était donc ce pourquoi, il lui avait demandé de surveiller les gardes aux alentours, et les passages au niveau des chambres.

Arrivée dans sa chambre, elle avait décidé de partir lors du repas du soir. Les mouvements vers la cantine lui offriraient un bon moyen de ne pas paraître trop suspecte et de se fondre dans la masse.

Pour l'instant, ce n'était pas encore l'heure, mais l'angoisse était déjà là.

Elle ne pouvait pas se rater. Plus que les conséquences qu'elle risquait d'encourir, cela lui fera manquer sa seule chance de s'enfuir.

Hayden était là quand elle arriva. Elle allait lui en parler, parce qu'il était essentiel qu'il ne trouve pas son absence bizarre et fasse quelque chose qui ne la mette à mal.

Ils discutèrent donc un moment à ce sujet. Le garçon était réticent, comme à son habitude, mais la demoiselle n'était pas prête à changer d'avis, maintenant qu'elle était lancée. Il l'écouta sans dire quoi que ce soit, bien que sous les apparences, Mackenzie apercevait quelque chose d'étrange.

Il semblait serrer la mâchoire quand elle expliqua les tâches qu'on lui avait donné pour ce soir, et parfois ses yeux vaquaient dans un vide apocalyptique, lorsqu'elle expliqua ses suppositions sur le plan final du groupe.

A la fin de l'échange, il lui demanda de faire attention, et surtout de laisser les autres se mettre en avant, car pour lui, les suiveurs ont plus de chance que les leaders.

La conversation s'écourta ensuite, à l'annonce du repas de ce soir. Et Mackenzie, décida de quitter son ami pour la soirée.

Une soirée primordiale.

Elle espérait toujours qu'Hayden change d'avis, avant la tentative définitive, et peut-être que ça allait être le cas.

Arrivée aux toilettes, elle se bloqua à l'intérieur d'une cabine et attendit. Elle attendit sans rien avoir à faire, et ce pendant un très long moment, mais elle avait pris l'habitude de rester en tête à tête avec soi-même, après son séjour aux cachots.

Quand les bruits se calmèrent et que les pas saccadés jusqu'aux chambres s'arrêtèrent, elle sortit et patienta devant les miroirs suspendus au-dessus des éviers. L'endroit était tout à fait banal. Il y avait trois cabines accessibles et l'une - celle la plus éloignée de la porte - était condamnée. C'était étrange d'ailleurs. Était-ce une porte qui menait à un autre endroit ou un simple hors service ?

En tout cas, depuis qu'elle était arrivée, cette porte était inaccessible et barricadée du sol au plafond.

Après sa réflexion, elle sortit doucement sans faire un bruit.

Steel lui avait appris, quand elle était encore avec l'escouade, à rester discrète. Pour cela, elle se devait de sortir du champ de vision de l'ennemie en s'accroupissant lorsqu'elle se trouvait à proximité de celui-ci, et pour minimiser le bruit de ses pas, elle devait marcher sur la pointe des pieds. Avec un peu d'entrainement, elle devenait aussi légère qu'une plume.

Elle avait utilisé cette même technique pour désarmer les Passeurs, le jour où sa mission fut un échec. Ils étaient plusieurs, et bien qu'elle ait réussit à passer derrière eux pour leur voler leurs armes, un d'eux avait fini par l'attraper. Malgré cela, ne voulant s'avouer vaincu, elle réussit à lui laisser une vilaine marque de croc sur le bras. Il n'avait pas fallut longtemps pour qu'ils la maîtrisent et l'enferment dans le camion.

Nul doute donc, que l'angoisse était présente et les souvenirs honteux ne faisaient que la déstabilisés avant le grand saut.

Elle pris son courage à deux main, et passa la nuit - aussi près que possible des murs - à observer et noter dans des feuilles blanches qu'elle avait récupéré, tous les déplacements qu'elle avait aperçu près des toilettes numéro 6 et des chambres. L'heure n'était pas un problème puisqu'elle avait toujours la visibilité sur une horloge pendue au mur, seul repère pour tout le monde, puisque le soleil n'existait pas ici.

Elle se faufilait près des murs et autres espaces étroits, zieutait l'horloge à chaque fois qu'elle s'apprêtait à écrire sur les feuilles, et retournait se cacher dans les toilettes lorsqu'elle entendait des pas vers le couloir central où elle se trouvait.

Elle fit cela pendant trois bonnes heures, s'apercevant donc, que le chemin emprunté suivait une logique millimétrée, comme l'avait supposé Velingrade.

Au niveau des chambres, ils passaient entre les couloirs et prenaient toujours le chemin de droite à chaque intersection.

Si leur rythme était bien gardé, toutes les trente minutes, ils revenaient sur leurs pas, et se retrouvaient dans un des couloirs centraux, avant de nouveau reprendre la même danse.

Il y avait énormément de chambres, et donc énormément de gardes qui effectuaient la même piste à des endroits différents.

Mackenzie se concentra uniquement sur les chambres dont le couloir central menait jusqu'aux toilettes numéro 6, et pris note de tout ce qu'elle put. Elle en fit même une esquisse, de quoi finir en beauté la mission qui lui avait été confiée.

Quand le champ fut libre, elle se dirigea vers sa chambre tout en gardant son calme, histoire de ne pas tout faire capoter à la dernière minute.

Arrivée ni vue ni connue, elle fut surprise que son colocataire soit toujours debout à cette heure tardive, mais il sembla qu'elle ne fut pas la seule à angoisser.

Ils n'eurent pas besoin de dire quoi que ce soit de plus qu'un « bonne nuit », avant de fermer les yeux pour aujourd'hui.


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L'Or rouge [Terminé - En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant