Chapitre 33 : Les anciens camarades

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Le lendemain matin, elle eut du mal à se repérer dans l'espace. Un court instant d'amnésie dans sa chambre, qui lui avait fait se questionner sur l'endroit où elle se trouvait.

Mackenzie avait tenté de fermer et rouvrir les yeux, mais le rêve était bien une réalité. Elle était rentrée chez elle, elle avait retrouvé son lit d'une époque antique et sa chambre d'une ancienne noblesse. Lit baldaquin, coiffeuse et buanderie rien que pour elle. Le reste avait été en mauvais état, alors Mackenzie avait meublé sa chambre selon ses trouvailles.

D'ailleurs, c'était étrange, il manquait certaines choses. Beaucoup à vrai dire.

Sur un de ses meubles, devait y avoir une poupée en porcelaine qu'elle avait réparé. Pourtant, elle ne s'y trouvait plus. Contrariée, Mackenzie se leva et se dirigea vers sa buanderie. Même constat, ses effets personnels avaient, pour la plupart, disparu.

Elle avait pensé de prime abord, que les membres de l'escouade s'étaient servis uniquement des rations qu'elle avait amassé, avant sa capture. Après tout, comme le disait le code, les rations périssables et non périssables d'un membre disparu depuis plus d'un mois, deviennent la propriété de toute l'escouade.

C'était une règle qu'elle comprenait, mais maintenant qu'elle était de retour, elle comptait bien se faire rembourser. Cependant, elle ne saisissait pas pourquoi ses effets personnels en avaient également fait les frais. C'était comme s'ils n'avaient même pas pris la peine de garder sa mémoire plus longtemps. Elle savait qu'elle ne pouvait se fier à de telles émotions. L'escouade ne fonctionnait pas ainsi.

Ils s'étaient peut-être partagé ses objets entre eux, pour meubler leur territoire. Elle espérait tout de même, que si ce fut le cas, qu'ils fussent prêts à les lui rendre.

Irritée et légèrement vertigineuse, elle se changea avec de vieux vêtements et sorti de sa chambre. Elle rejoignit la cuisine, où elles avaient mangé hier, cette fois en prenant l'autre porte de la cuisine. Il devait être tard dans la matinée, parce que le soleil s'était levé depuis un moment déjà.

Mackenzie regarda l'horloge sur le mur qu'ils avaient installé, elle affichait midi douze. Léana et Joy ne s'étaient pas encore levées. Du moins, elles n'étaient pas encore sorties de leur chambre pour les rejoindre.

Tout le monde était là, et Mackenzie n'eut le temps d'observer ses anciens collègues, que quelqu'un lui sauta au cou.

C'était Marilore, la grande brune, anciennement petite amie de Kahésar. Douce, gentille, elle avait toujours été, du haut de ses vingt-six ans, sa meilleure amie et sa confidente.

Mackenzie serra son amie à son tour, tout sourire.

« Mack ! Je suis tellement heureuse ! s'exclama Marilore en desserrant son étreinte. Quand Ambroise nous a parlé de ton arrivée, je ne pouvais pas le croire. D'ailleurs, c'était dur ce matin, pour me contenir et ne pas aller te réveiller. »

Mackenzie rigola à cette remarque, puis détourna son regard vers Kahésar. Le dos contre le mur, les bras croisés. Il avait toujours cette mine froide. Pourtant, aujourd'hui, Mackenzie pouvait apercevoir dans ses yeux, une lueur amusée et joyeuse.

Elle détourna ensuite son regard vers le dernier membre, Jack. Ce quadragénaire était le plus vieux de l'escouade, ce qui expliquait également qu'il avait du mal à être sous l'autorité de Kahézar et de ses trente-deux ans.

« Eh bien, qui voilà ! s'écria tout sourire Jack. Entre nous tous, tu ne semblais pas être la plus propice à t'en sortir ! » dit-il hilare.

Il avait l'habitude de lancer ce genre de remarques vexantes, mais aujourd'hui cela n'atteignait pas Mackenzie. Et puis, avec le temps, elle avait appris à le connaître, et son ton mesquin n'était que le caractère mal géré d'un mauvais comique.

« Moi aussi je suis contente de vous revoir, répondit Mackenzie. Je sais pas vous, mais moi, j'ai faim.

– Mange tout ce que tu veux, tu paieras plus tard, lui dit Khaésar.

– C'est plutôt l'inverse. Après tout, vous vous êtes aussi servis chez moi, non ? »

Khaésar sourit, puis lui répondit :

« Il fallait bien donner une utilité à tes rations.

– Je suppose, et maintenant que je suis rentrée, j'attends mon paiement en retour. A moins, que tu considères m'avoir pillé, et que j'en subit à présent les conséquences.

– Tu veux t'engager sur ce terrain ? » demanda-t-il légèrement énervé.

Le pillage était interdit au sein de l'escouade, comme tout ce qui pouvait ébranler la confiance entre chacun, et Kahésar n'était pas du genre à rire avec les règles.

« Sinon on peut considérer que c'était une donation de ma part, reprit la jeune fille, et j'attends votre retour, maintenant que j'en ai besoin. Tu préfères quoi ? »

Il sourit :

« Tu n'as pas perdu ton tempérament, à ce que je vois.

– Tu n'imagines même pas. »

Cette dernière phrase sonna plus mélancolique, retirant le sourire de tout le monde, au fur et à mesure que le silence s'installa.

Léana et Joy entrèrent dans la pièce par la porte que Mackenzie avait prise également.

« Voici, Joy et Léana, dit Ambroise en pointant le doigt sur les concernées, essayant de ranimer l'atmosphère. Venez installons nous. »

Tout le monde s'attabla, Mackenzie entre Joy et Marilore. Les discussions allèrent bon train. Léana et Joy parlèrent un peu de leur vie. La petite avait atterri dans les souterrains il y a peu. Elle avait eu de la chance de tomber sur Mackenzie. Jamais elle n'avait pensé fuir, mais aujourd'hui elle ne regrettait pas son choix.

Quant à Léana, elle avait expliqué être arrivée dans les souterrains dès ses douze ans. Elle avait suivi l'autorité depuis tout ce temps, jusqu'à ce qu'un groupe de fuyard ait réussi à fuir, du moins si on ne comptait pas leur leader. Ces gens lui avaient fourni une pugnacité invraisemblable. La liberté ne semblait plus qu'une simple utopie.

Alors que Léana parla de l'ancien groupe et de leur tentative réussit, les pensées de Mackenzie se tournèrent vers Hayden. Elle eut du mal à avaler sa bouchée, alors que sa camarade continuait dans sa lancée. La déglutition difficile de Mackenzie ne fut remarquée par personne, si ce n'est Steel, les yeux rivés sur la demoiselle et l'air sérieux. Elle tenta de détourner son attention en lui souriant, l'air de rien.

Léana continua son récit, parlant de cet ancien groupe et de la sanction qu'avait reçu l'ancien leader. Cette punition inhumaine, insupportable et terrifiante, qui l'avait fait prendre conscience de la cruauté dans laquelle elle vivait depuis tout ce temps.

Mackenzie avait commencé à trembler des mains, incapable de se contenir, le regard stoïque, plongé dans son assiette. Léana n'avait pas manqué de rappeler les tortures une à une qu'il aurait subi. Cette dernière avait encore un doute sur la véracité de tout cela, certaines n'étant que des rumeurs, mais Mackenzie savait que tout était bien vrai. Absolument tout.

La faim coupée, Mackenzie crue avoir la nausée.

« Est-ce que tout va bien ? » demanda Steel à son encontre.

Elle était devenue livide.

« Oui, lui avait-elle répondu, c'est rien, juste de la fatigue. »

Tous les regards étaient à présent tournés vers elle. Mackenzie décocha un faux sourire. Elle avait quitté Hayden il y a peu, tout était encore douloureux. Elle ne pouvait en parler à personne, après tout qui croirait aux fantômes, si ce n'est Ambroise, et encore.

Le repas se termina sous d'autres discussions, mais Mackenzie n'était plus à l'écoute depuis longtemps.


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L'Or rouge [Terminé - En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant