6. Changement de cap

121 11 44
                                    

Chez l'homme, la respiration suit un cours incessant, une inspiration alimentant deux ou trois pulsations, de sorte que, quoi qu'il fasse, qu'il veille ou qu'il dorme, respirer il lui faudra ou mourir. Mais le cachalot ne respire qu'un septième, le dimanche de son temps.

 Mais le cachalot ne respire qu'un septième, le dimanche de son temps

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

« Huit, neuf... dix... onze... »


Merle murmurait pour lui seul, comptant les morts-vivants qu'il voyait à travers sa paire de jumelles.

Il arriva au chiffre d'une douzaine, peut-être quelques uns de plus dans le bâtiment et aux alentours. Lorsqu'il reposa les jumelles, Kitty le rejoignit, avec une tasse de café dans chaque main.
Il se roula une clope et l'alluma, avant de commencer à boire.


« Tu es sûr qu'elle ne veut rien ? redemanda Kitty.

- Nan.

- On peut vraiment rien faire de plus, là ?

- Nan, répéta-t-il, agacé. Elle se débrouille toute seule, c'est une grande fille.

- Mais on peut quand même pas la laisser comme ça, protesta la brune. C'est pas normal...

- Si c'est normal, ça arrive souvent. Tu l'emmerdes pas, tu lui fous la paix, ok ? Suffit d'attendre que ça passe. »

En ce milieu de matinée, le programme était de visiter une petite station service-resto, qui se trouvait en contrebas de la route qui serpentait à travers la montagne, là où la Dodge était maintenant garée. Mais ce projet s'était vu reporté par un empêchement de dernière minute : Vi était aux prises avec une crise d'asthme.


Puisque sa coéquipière était momentanément inapte à l'action, et que Kitty était quant à elle, belliqueusement parlant, à peine capable de trancher une pomme en deux, Merle se voyait contraint de patienter en attendant que la Brindille se remette à respirer comme il faut.
Il alternait entre la clope et la tasse de café, qu'il tenait toutes deux entre ses doigts, tout en s'assurant que la fumée n'allait pas vers Vi.


Elle était assise un peu à l'écart, sur un petit muret de sécurité bordant le virage, prenant de temps à autre une bouffée de ventoline, sans effet pour l'instant.


Ses crises étaient plus fréquentes qu'au début, et surtout, duraient plus longtemps. Il arrivait parfois qu'elles se prolongent au-delà d'une heure, heureusement c'était toujours arrivé en pleine nuit ou durant un trajet en voiture, et pas dans un moment où ça aurait pu les mettre en danger.

Merle lui avait demandé un jour ce qu'on ressentait lors d'une crise d'asthme, lui-même n'en ayant pas la moindre idée. Elle avait répondu en rigolant que c'était comme de vouloir aspirer du beurre de cacahuète à travers une paille. Le concept l'avait fait sourire, mais il avait insisté pour obtenir une meilleure explication.
Vi avait alors dit :
« Imagine un géant qui aurait des mains aussi grandes que toi. Il met une main sur ton dos, une sur ta poitrine, et il appuie, et tu peux plus respirer. »


Cette image avait beaucoup marqué Merle, qui ne pouvait s'empêcher d'y repenser à chaque fois qu'il la voyait faire une crise.

Même si c'était très tentant, il ne fallait pas lui conseiller des trucs stupides du genre « calme-toi », « respire doucement » ou « pense à autre chose ».
La seule chose à faire, c'était de lui ficher la paix, et de ne pas l'obliger à parler. Et aussi de se montrer rassurant. Le stress jouait beaucoup lors d'une crise, être angoissé pouvait l'empirer, ou au contraire, se détendre pouvait y mettre fin plus rapidement.
Vi avait un bon self-contrôle et faisait de son mieux, mais c'était difficile de faire face à l'anxiété quand on n'arrivait pas à respirer.
Particulièrement si à côté de soi, se trouvait un con ignorant en train de flipper.


Entrelacs - Tome Quatre - The Walking DeadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant