36. Veillée

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Regardant au fond de ses yeux, il semblait qu'on pût voir subsister les images des milliers de dangers qu'il avait calmement affrontés au cours de sa vie. Un homme réservé et ferme dont presque toute la vie était action éloquente au lieu d'être un morceau d'éloquence banale.

Après en avoir fini avec son super atelier cuisine, Vi, juste à temps pour prendre de vitesse la tombée du soir, transforma son barbecue en grand feu de camp, dont les flammes enthousiastes illuminèrent le campement et permirent de rendre supporta...

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Après en avoir fini avec son super atelier cuisine, Vi, juste à temps pour prendre de vitesse la tombée du soir, transforma son barbecue en grand feu de camp, dont les flammes enthousiastes illuminèrent le campement et permirent de rendre supportable la température à condition de rester autour du foyer. Elle pouvait également se féliciter d'avoir cette manie de frileuse d'entasser les couvertures depuis le début du voyage, ce qui lui permis d'en faire une généreuse distribution.

Le repas fut, comme à chaque fois que Vi mettait ensemble un truc et un machin, un vrai festin, salué abondamment. Après toute l'énergie dépensée à cuisiner, elle tomba d'épuisement d'un seul coup, toute la fatigue de la journée la rattrapant. Elle se retrouva assise au plus près du feu, emmitouflée dans la plus grosse des couvertures, sommée de ne plus rien faire jusqu'au lendemain. Kitty se chargea des thés et cafés, et de préparer le lit à l'arrière de la Dodge.

Il fut décidé que Vi y dormirait avec les petites — qui furent ravies de la proposition, ravies comme seules pouvaient l'être des enfants assez jeunes pour ne pas voir la différence entre campeurs et clochards, entre une nouvelle copine et de l'aide humanitaire, et pour qui s'entasser dans une voiture avec une quasi inconnue était une sorte de pyjama-party surprise, et pas le dernier recours d'un père à bout de solutions.
Il faisait désormais trop froid pour la tente, Kitty s'accommoderait du siège passager. Quant à Merle et Raj, ils passeraient la nuit dehors et se partageraient la surveillance, le premier par concours de virilité, le second par inquiétude pour ses enfants.

Après le repas, Rajendar alla récupérer la guitare dans la voiture, et, ainsi qu'il l'avait annoncé, en joua pour ses filles.
Il s'avéra être meilleur musicien que Vi, il jouait véritablement bien de l'instrument, et surtout, il avait une très bonne voix, absolument juste, douce, veloutée. Ses hôtes furent surpris lorsqu'il entonna spontanément une chanson dans une langue étrangère. C'était du punjabi, expliqua-t-il, sa langue maternelle. Ses deux filles le parlaient couramment elles aussi.
Il joua des comptines, des ballades et des chansons traditionnelles, en anglais ou en punjabi, pour Navdeep et Sarika, qui chantèrent certaines paroles en chœur avec lui, ravies et presque subjuguées par le rituel qu'il avait, devinèrent les autres, mis en place depuis un petit moment pour offrir aux deux enfants des moments de légèreté envers et contre tout.

Merle, Vi et Kitty furent témoins des efforts surhumains que ce père développait pour conserver un semblant de normalité. Son expression dès que ses filles avaient le dos tourné trahissait sa fatigue, sa détresse et sa douleur abyssales, mais face à elles, il se montrait rassurant, souriant, il faisait de son mieux et mentait comme un arracheur de dents sur à peu près tout ce qui aurait pu les perturber. Cet homme-là, il ne vivait plus depuis longtemps, il survivait, seul sur la corde raide, un précipice de chaque côté.

Entrelacs - Tome Quatre - The Walking DeadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant