1. Une soirée d'adieu

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C'est un homme étrange, le capitaine Achab – certains, du moins, le trouvent étrange – mais c'est un homme ! Oh ! tu l'aimeras, n'aie crainte, n'aie crainte. Il a de la grandeur, c'est un homme sans dieu, pareil à un dieu, le capitaine Achab, peu causant, mais quand il parle, alors il faut bien l'écouter. Prends note, je t'en avertis, le capitaine Achab est au-dessus du commun ; Achab a fréquenté tant les grandes écoles que les cannibales ; connu des prodiges plus profonds que la plus profonde vague ; plongé sa lance ardente dans des ennemis plus puissants et plus étranges que les baleines.


C'était un restaurant au bord de la route

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C'était un restaurant au bord de la route. L'endroit était relativement sûr, les fenêtres, bien que dépourvues de volets solides, étaient en double vitrage anti effraction, et de lourds rideaux empêchaient de voir la lumière depuis l'extérieur.


Avant de commencer à faire la cuisine, Vi fit chauffer de l'eau et s'accorda un brin de toilette dans les sanitaires du restaurant.

Lorsqu'elle en revint, vêtue d'habits propres et une serviette humide enroulée autour des cheveux, elle alla se planter devant Merle, un sourire sur le visage.

« J'ai envie de faire un truc spécial ce soir, déclara-t-elle.

- Ok, annonce.

- Je veux faire une fête d'adieu.

- Attends, fit-il, alarmé par le mot. D'adieu à quoi ? 

- À l'alcool. »


Merle accueillit la nouvelle avec surprise.


« Je veux boire et trinquer avec toi à la dernière fois que je boirai, expliqua-t-elle. J'ai réfléchi et, vraiment, ça me réussit plus de picoler. Je suis plus en état, à chaque fois c'est une catastrophe, je me retrouve à tout vomir, mon estomac supporte plus, et le lendemain c'est carrément la misère. »


Elle afficha une expression un peu peinée.


« Je suis désolée, j'sais que je vais passer pour une rabat-joie, mais j'en bave trop. Je sais qu'tu préfères quand j't'accompagne, mais j'arrive plus à suivre, là. »


Il balaya ses excuses d'un geste.

« Non mais c'est bon, t'en fais pas, y a pas d'malaise. Tu fais bien.

- C'est tellement pas c'que je t'avais promis au départ, dit-elle amèrement. Je m'revois encore à faire mon show en jurant qu'on allait s'éclater d'un bout à l'autre et que t'allais en prendre plein les mirettes, et finalement, regarde-moi : plus ennuyeuse et sinistre chaque jour qui passe. »


Merle ne put s'empêcher de rigoler.


« Putain, c'est vrai qu'on est en train d'virer dramatiquement sérieux, nous deux. Moi qui croyais qu'on allait s'pousser au vice mutuellement, ben c'est l'inverse, on dirait bien qu'on a une bonne influence l'un sur l'autre. Entre moi qui décroche de la coke et toi qui arrêtes de boire comme un trou, on va vraiment devenir infréquentables. Deux prêcheurs de la bonne morale ! »


L'idée le faisait vraiment marrer. Vi eut un sourire malaisé, visiblement mélancolique. Il s'empressa de lui taper dans le dos.


« Fais pas cette tête, c'est chouette de voir que tu décides de prendre enfin un peu soin d'toi. Et ton idée me va très bien. Quoi que... rassure-moi : toi t'arrêtes de boire, mais moi j'peux continuer, hein ? »

Entrelacs - Tome Quatre - The Walking DeadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant