T'es un con parce que tu t'autorises pas à être honnête émotionnellement et à dire ce que tu ressens. Parce que tu crois qu'un vrai mec, c'est quelqu'un qui transforme toutes ses émotions en colère. T'es un con parce que tu fais du mal aux autres, e...
– Mais je ne suis pas brave, jamais dit que je l'étais, je suis un lâche et je chante pour me donner du courage. Je vais vous dire, monsieur Starbuck, il n'y a pas d'autre moyen au monde de m'empêcher de chanter que de me trancher la gorge.
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Kitty, assise derrière le volant de la Dodge, n'osait plus regarder l'horloge. Elle attendait depuis longtemps, bien trop longtemps.
Son arme — celle que Vi lui avait offerte, qu'elle savait désormais charger, mais avec laquelle on ne lui avait encore jamais appris à tirer — était posée sur le tableau de bord devant elle, le cran de sûreté enlevé. Kitty fixait son regard sur ce revolver régulièrement, et elle essayait de se persuader qu'en cas de besoin, elle serait capable de l'utiliser. En attendant, elle conservait son unique main sur le volant, prête à remettre le contact le plus vite possible. C'était sa seule mission, la seule chose que son amie lui avait demandée.
Vi lui avait souri, avec son air malicieux habituel, juste avant de sortir de la voiture, il y avait une éternité et demi.
« J'suis sur le point d'faire le casse du siècle, Kit', et tous les bons braqueurs ont besoin d'un bon chauffeur. J'ai besoin de toi, ma belle, sois ma chauffeuse sur ce coup-là. »
Elle avait hoché la tête. Avait essayé de sourire elle aussi. Il ne fallait pas la laisser partir sans un sourire, s'était-elle promis. Mais Vi avait ensuite arboré un air bien plus sérieux.
« Kitty... si on n'est pas revenu d'ici deux heures, considère que tu hérites de la bagnole et de tout ce qu'elle contient, et fais-moi le plaisir de foutre le camp loin d'ici. - Dis pas des trucs comme ça ! s'était-elle écrié. - J'ai pas le cœur pour les grands discours aujourd'hui, et pas le cœur pour les effusions. Et putain, que l'univers entier m'en sois témoin, aujourd'hui j'ai pas le cœur à battre en retraite. Si je ne reviens pas, c'est que je suis morte. »
Vi était partie, Sans un mot de plus, et sans se retourner. Elle n'était rien d'autre qu'un immense incendie, et le feu, ça ne fait pas demi-tour. Et Kitty avait regardé, impuissante, son amie aller à la guerre, un brasier au cœur, et une grenade dans la poche.
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Elle osa enfin consulter l'horloge. Et l'aiguille avait fait un tour complet. Qu'est-ce qui allait se passer, parvint-elle enfin à se demander, si une heure de plus s'écoulait ? Est-ce qu'elle aurait le courage et la lâcheté à la fois de partir ? Où bien est-ce qu'elle serait suffisamment forte et déterminée pour tendre sa main vers cette fameuse arme, et aller elle-même tenter de secourir les personnes qui lui avaient déjà sauvée la vie par trois fois ?
Elle n'aurait jamais à découvrir la réponse à cette question.
Elle vit quelque chose apparaitre, au coin du bâtiment qui faisait l'angle de la rue. Une silhouette, qui marchait en s'appuyant contre le mur. Leurs regards se croisèrent lorsqu'elle le reconnut, et que Merle reconnut la voiture. Kitty poussa un hoquet, presque un sanglot, couvrant sa bouche de sa main.
