Car les petites difficultés et les soucis, les présages d'un proche désastre ne lui semblent que des traits sarcastiques décrochés par la bonne humeur, des bourrades joviales dans les côtes expédiées par un farceur invisible et énigmatique. Cette humeur insolite et fantasque ne s'empare d'un homme qu'au paroxysme de l'épreuve ; ce qui, l'instant d'avant, dans sa ferveur lui apparaissait si grave, ne lui semble plus qu'une scène de la farce universelle. Rien de tel que les dangers de la chasse à la baleine pour développer cette libre et insouciante cordialité, cette philosophie désespérée !
Merle accueillit le lever du soleil — un disque rose pâle, figé, froid, timide, qui s'extrayait tout petit au loin, hors du bout du champ — avec un bâillement monumental.
Parfois, quand il regardait le ciel et qu'il se trouvait, comme maintenant, perdu dans ses pensées — aujourd'hui, c'était à cause du manque de sommeil — il essayait de trouver à quoi le tableau lui faisait penser. Cette fois, c'était facile, peut-être à cause de la guitare la veille : ce soleil rond et net, qui traversait des rares nuages posés sur l'horizon très fins et rectilignes, lui faisait penser à une note tracée sur une portée.C'était un matin d'hiver pastel, beau et froid. La rosée sur l'herbe, à quelques degrés près, aurait pu se changer en gel. Heureusement, il avait remis du bois en abondance tout au long de la nuit, et était resté tout près du feu. Il était parvenu à obtenir un lit de braises parfait, idéal pour le petit déjeuner.
Le café qu'il venait de refaire pour la sixième fois était presque prêt.Dans la chaise longue de camping, le plus près du foyer possible, l'homme au turban, qui était passé du statut d'intrus à celui d'invité, dormait toujours.
Rajendar, qui s'était assoupi assis, avait fini par se rouler en boule, ramenant ses jambes contre lui, les chaussures calées sur la barre métallique du transat, enroulé dans l'épaisse couverture qu'on lui avait prêtée. Seuls en dépassaient ses sourcils, un morceau de son front, et son turban dont la couleur orange vif tranchait dans la douceur presque encore grise du petit matin.Cela faisait longtemps, se dit Merle, qu'ils n'avaient pas passé une nuit dehors. Lui et ses deux amies, depuis quelques temps, parvenaient toujours à se dégotter une maison. L'arrangement initial entre eux, avec lui et Kitty qui étaient censés utiliser la tente, n'avait pas duré bien longtemps. Les nuits étaient désormais d'une froideur qui rendait le camping presque impossible.
Merle devait l'admettre : il n'avait pas l'habitude de températures hivernales aussi rudes.
Il était secrètement heureux que Vi ait insisté pour lui offrir un pull en laine comme cadeau de mariage. Il était à deux doigts de se munir d'une écharpe, et il n'avait pas souvenir d'en avoir jamais portée une de toute sa vie. Sa main, qu'il gardait serrée dans sa poche, était quand même froide, et il avait hâte de pouvoir la réchauffer autour d'une tasse brûlante.Il était un peu inquiet de savoir si ses coéquipières avaient pu passer la nuit au chaud, tout particulièrement Vi, qui ne régulait plus sa température corporelle normalement. Mais lorsqu'il alla vérifier à travers la fenêtre de la Dodge, il fut immédiatement rassuré : elle n'avait certainement pas eu froid.
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Entrelacs - Tome Quatre - The Walking Dead
FanficT'es un con parce que tu t'autorises pas à être honnête émotionnellement et à dire ce que tu ressens. Parce que tu crois qu'un vrai mec, c'est quelqu'un qui transforme toutes ses émotions en colère. T'es un con parce que tu fais du mal aux autres, e...