T'es un con parce que tu t'autorises pas à être honnête émotionnellement et à dire ce que tu ressens. Parce que tu crois qu'un vrai mec, c'est quelqu'un qui transforme toutes ses émotions en colère. T'es un con parce que tu fais du mal aux autres, e...
Je l'ai déjà dit, je n'ai d'objection contre la religion de personne, qu'elle soit ce qu'on voudra, pour autant qu'elle ne tue ni n'insulte un autre, sous le prétexte que sa conviction diffère. Mais quand la religion d'un homme devient vraiment forcenée, quand elle lui est une véritable torture et fait enfin de ce monde une mauvaise auberge, alors je crois qu'il est grand temps de prendre cet individu à part et de débattre la question avec lui.
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Ce matin-là, dans la salle de bain éclairée à la lampe de camping, Kitty réfléchissait à des tas de choses profondes tout en se brossant les dents, comme le sens de la vie, et à quel point elle pouvait changer du tout au tout en si peu de temps. Quelques mois plus tôt, elle ne se serait jamais imaginé que le simple fait de rester en vie deviendrait sa préoccupation principale. Et quelques jours plus tôt, elle ne se serait jamais imaginé que parvenir à se brosser les dents seule pourrait constituer un tel accomplissement personnel. Et pourtant, se disait-elle à son reflet mal éclairé dans le miroir, me voilà, les dents propres et tellement fière de moi.
Au début, lorsqu'elle s'était levée la première fois, elle avait à peine eu assez de forces pour aller de son lit à une chaise de l'autre côté de la pièce. Mais maintenant, elle pouvait rester debout de plus en plus longtemps, et la douleur commençait à être enfin supportable. La fracture de la clavicule l'empêchait encore de faire beaucoup de mouvements pourtant simples, et elle avait toujours énormément besoin d'aide pour des choses banales, comme s'habiller ou se laver, mais elle sentait que ça s'améliorait de jour en jour. Sa convalescence allait être longue, mais elle était patiente, et les progrès étaient visibles. Bientôt, même, elle pourrait voyager à nouveau, ce qui, elle le savait, allait soulager ses compagnons, qui n'attendaient que ça pour repartir. Il faudrait qu'elle demande à Vi, quand même, un de ces jours, pourquoi c'était si important pour eux d'aller à Nantucket, et qu'est-ce qu'ils espéraient y trouver.
Mais cette question attendrait. Pour l'heure, il y en avait une bien plus importante à laquelle répondre.
Lorsque Kitty trouva son amie dans le salon, elle sursauta face à la vision saisissante d'une Vi assise à table, la tête penchée, couverte d'un grand linge cachant à moitié son corps.
« Qu'est-ce que tu fiches ? - Oh, je m'entraine pour quand je serai un fantôme », lui répondit-t-elle depuis le dessous du drap.
Kitty remarqua alors que la pièce était baignée d'une odeur mentholée.
« Je plaisante, je me fais une inhalation de plantes pour le nez. J'ai une sinusite, et j'crois bien que j'suis en train d'choper un rhume. Ou bien Merle est en train de me donner le cancer. - Tu le surestimes. - Oh non, tu sais ce que disait Einstein : il y a que deux choses infinies, l'univers et la connerie humaine. - Et aussi la période d'essai de Winrar, répliqua Kitty. - Ah oui, c'est vrai. Plus sérieusement... T'as besoin de quelque chose ? J'ai presque fini. - Je voudrais discuter, c'est possible ? - Pas de souci. »
