35. Vénéneux/venimeux

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Une joie paisible, une souveraine sérénité dans l'élan même enveloppaient le glissement de la baleine.


Vi respirait, et respirer n'avait jamais été aussi merveilleux.
L'air avait un goût délicieux, les nuages dans le ciel étaient si beaux qu'ils auraient mérité qu'on les peigne. Les hautes herbes sèches, roidies de froid hivernal, parmi lesquelles elle était allongée avaient un parfum délicieux de terre mêlée d'humidité végétale.
Elle était encore en vie.

Elle venait de terminer de moucher et cracher les mucosités de sa spectaculaire crise d'asthme, et elle frissonnait, désormais trempée de sueur après l'effort, malgré la couverture qui l'enveloppait, mais c'était des frissons agréables, des petits spasmes nerveux délicieux.
Elle aurait bondi sur ses pieds pour sauter et danser de joie si elle avait pu retrouver si vite l'énergie pour le faire. Au lieu de ça, elle se contentait de rester allongée là, son dos toujours calé en position assise par Merle, épuisée, les mains encore tremblantes, frémissante dans toute sa vivante plénitude.
Elle sentait la chaleur du corps de son ami l'infuser comme le thé dans l'eau, et c'était un de ces moments où elle aurait voulu prendre son visage entre ses deux mains et l'embrasser, par pure joie de vivre.

Lui, comme à son habitude, avait le triomphe un peu plus discret. Surtout en présence d'un témoin.
Rajendar était revenu avec le pull et le blouson de Vi, qu'elle enfila avec plaisir. Elle se redressa d'elle-même, assise en tailleur dans l'herbe, attendant de reprendre tout à fait ses forces, buvant à la bouteille d'eau, sous l'œil attentif de son coéquipier.

L'homme au turban, à quelques pas de là, fusil prêt à l'emploi, gardait les environs sous surveillance.

« On devrait retourner à la voiture. »

De toute évidence, il était nerveux à l'idée de laisser ses enfants sans lui trop longtemps. Pourtant, il paraissait vouloir terminer de l'aider jusqu'au bout, se dit Vi.

« Donnez-moi juste cinq minutes, et je pourrai revenir sur mes propres jambes. »
Et avec une meilleure tête, ajouta-t-elle pour elle seule.

Elle avait dû donner aux deux petites un spectacle bien inquiétant. Elle tenait à retourner à la voiture en présentant un visage rassurant.

« Allez-y, dit Merle, on vous rejoint. »

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.

A son retour à la Dodge, Vi fut accueillie chaleureusement par Kitty, à qui elle fit un ok du pouce pour signifier que tout allait bien.

« Papa t'a fait faire la respiration avec les doigts dans la main ? demanda Navdeep.
- Ouais, et c'était hyper efficace. »

La jeune fille adressa un signe de tête de gratitude à Raj, qui y répondit avec simplicité.
Vi reprit sa place sur la banquette arrière, mais alors, la petite Sarika éclata en sanglots et lui sauta littéralement dessus, s'accrochant à elle avec une ferveur déconcertante.

« Qu'est-ce qui va pas ? »

Mais la petite ne répondit pas, elle se contenta de se blottir contre elle en pleurant, l'agrippant des deux mains. Vi se retrouva stupéfaite d'une telle manifestation spontanée d'attachement de la part d'une enfant qu'elle venait tout juste de rencontrer. Est-ce que Sarika tenait déjà à elle à ce point ? Où bien tous les enfants de cet âge étaient-ils aussi démonstratifs ? Vi, quoi qu'il en soit, la serra contre elle, espérant parvenir ainsi à la rassurer.

« Qu'est-ce qu'elle a ? demanda-t-elle à sa famille.
- Elle a cru que tu étais partie », souffla Navdeep.

Le regard de la grande sœur était inquiet, peiné.

Entrelacs - Tome Quatre - The Walking DeadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant