Relève-moi

•Chapitre 57

Point de vue d'Angie.

     Je fixe les nuages en ayant les pensées tellement loin. Cette blancheur me fait me sentir comme dans un rêve, c'est comme rêver les yeux ouverts. Mais le plus pire dans tout ça, c'est que la réalité est loin d'être aussi belle qu'elle n'est supposé l'être. Aussi belle que les histoires que je lisais étant petite. Celles qui me rendaient encore plus sereine rien en pensant à mon avenir...

     " Quand je serais grande... "

Était ma phrase préférée. Mais plus j'avançais, rien ne changeait en particulier, juste mon âge. Rien de plus. Rien de différent.

     Ces nuages sous mes yeux cachent une lueur de lumière jaune. J'ai presque voulu souffler pour les faire disparaître et mieux admirer ce qui se cache, mais je suis enfermée dans cet avion. Je tourne la tête et je retourne vite à la triste réalité. Je regarde autour de moi, à mes côtes se trouve une personne âgée, entrain de lire et comme par hasard ce livre qu'elle tient entre ses mains me rends assez curieuse. Car elle n'a pas lever une seule fois le regard.

— Quelle livre êtes-vous entrain de lire? lui demandée-je d'une petite voix en souriant.

     Elle lève enfin son regard vers moi et me rends le sourire tout en me retournant le livre pour que je lise le titre. Je la remercie poliment.

     Dis moi qui tu aimes, je te dirais qui tu es. Ce titre m'intrigue encore plus.

     Revenant à ma réalité. Je m'installe confortablement et mets mes écouteurs. Je choisis une musique assez paisible comme à mon habitude et plonge dans mon monde. Et cette nouvelle me revient vite en tête... rien en pensant que je vais revenir là où j'ai grandi, Me ressasser tous les souvenirs me donne des frissons.

     Mon père est mort. Je ne me rend pas compte des événements, j'ai l'impression que mes sentiments sont morts à cet instant précis et je m'en veux.

     Suis-je une personne normale?

     Je ne sais pas comment l'expliquer mais pour moi... c'est un inconnu. Quand on m'a annoncé sa mort je ne savais comment réagir. J'ai l'impression que mon cœur se serre tellement fort qu'il me donne presque l'impression qu'il va cesser de battre d'un instant à l'autre. Et le plus pire dans tout ça, C'est que ma mère me l'a annoncée. Elle semble se forcer pour ressentir de la tristesse. Sa voix fait croire qu'elle l'est... mais ses mots sont vraiment en contradiction avec cela.

" Je ne vais plus avoir de l'argent... si il est mort à cet âge, c'est qu'il le méritait. " m'a-t-elle dit.

     Comme si elle ne veut pas sa mort, mais en même temps elle ne cherche que ça.

     Mais ce qui m'a le plus marquée c'est " je ne vais plus avoir d'argent. " pourquoi m'avoir dit cela alors que je pense, ça n'a aucun rapport avec sa mort. À vrai dire j'ai peur de vouloir chercher à comprendre car je suis sûr que je vais une fois de plus, découvrir une vérité qui va vraiment me détruire une énième fois.

     Je jette un coup d'œil vers l'heure. Il ne reste plus beaucoup de temps. Mon ventre se serre et mon stresse augmente en voyant les minutes défiler devant mes yeux.

     Je vais revoir ma mère.

          Je vais revoir ma mère...

     Je ressens de la peur, du dégoût, de la haine, du regret. Je sens que je ne vaux rien quand elle est à mes côtés. Comme si je suis indésirable mais que c'est une obligation de m'avoir dans ce monde... votre monde. Pas le mien.

     Et voilà que l'équipage annonce l'atterrissage. Je veux juste crier pour retourner là ou j'étais. Dans les bras d'Alvin. Il me manques tellement. Je me sentirais en sécurité s'il était à mes côtés. Je combattrais le monde avec lui. Mais ce qui me rend encore plus triste... c'est que je suis partie sans le prévenir.

     Puis en pensant à lui, et à ses mots... quand il me disait que j'étais forte et que je pouvais combattre le monde toute seule. Que rien ne pouvait me faire du mal et qu'il croyait en moi. C'est à cet instant précis que mes pensées changent complètement.

     Je vais me battre. Il est peut-être loin de moi, mais je sens sa présence dans mon cœur.

***

     Je me lève de mon siège, et mets mon sac à dos puis ramasse mes cheveux. Je laisse mes écouteurs branchés. La musique camoufle un peu ce moment qui me fait me sentir seule.

     Je sors du grand appareil et respire un grand coup. Les gens me dépasse et il y a même certains qui sont entrain de courir. Chaque pas que je traverse me donne l'envie de revenir en courant, De repartir et de tout abandonner mais je dois continuer, de toutes les façons, c'est trop tard. J'attends ma valise puis je la prends et me dirige maintenant vers la sortie. Une fois arrivée vers cette dernière, un vent glacial me frappe en plein visage. Je me couvre et avance tout en regardant autour de moi pour mieux apercevoir ma mère.

     Quelques minutes plus tard, je me retourne et c'est là que tout change en une fraction de seconde.

     Elle est là.

        À quelques mètres de moi.

              Entrain de me regarder.

     Et mon corps tout entier commence à ressentir toutes les douleurs qu'elle me fait ressentir.