•Chapitre 58

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Point de vue d'Angie.

     Elle est là.

         À quelques mètres de moi.

                Entrain de me regarder.

     Et mon corps tout entier commence à ressentir toutes les douleurs qu'elle me fessait ressentir.

     Je reste figée. Le froid que je ressentais a disparu et tout ce qui est autour de moi n'a plus aucune importance. Je ne me sens pas en sécurité, m'enfuir est la seule chose qui me vient en tête.

     Mais elle avance vers moi en ayant un sourire tellement hypocrite, qui me dégoûte plus qu'autre chose. Puis en étant près de moi, elle se jette presque dans mes bras. Je suis très restreinte et la repousse rapidement. Un petit sourire que je me force à faire et elle commence déjà à me demander comment je vais...

— Où est la voiture ? demandée-je pour mettre fin à cette discussion sans issue.

     Elle me demande de la suivre et c'est ce que je fais. Je monte et le trajet commence à devenir long... très long. Je sens son regards quelques fois mais je l'ignore et fixe un point invisible. Je n'arrive pas à parler, je n'arrive pas à me sentir bien et surtout, je n'arrive pas à la regarder droit dans les yeux.

— Tu es silencieuse ma chérie, tu dois sûrement être fatiguée.

     J'hoche la tête positivement sans prononcer un seul mot. Je deviens muette et cela m'arrange plus qu'autre chose. Son objectif maintenant est sûrement de me faire parler. Je la connais assez pour vous dire qu'elle a peur de moi car elle sait que si je dis à tout le monde ce qu'elle m'a fait, et c'est ce qu'elle craint le plus, tout va changer pour elle.

— Je sais que tu veux te reposer mais nous devons passer chez un ami à moi, j'ai quelques petits trucs à régler avec lui. d'accord ma puce? »

Je ne dis rien, même si au fond de moi j'ai envie de refuser.

— Je vais prendre ça pour un oui.

     Je roule des yeux et nous continuons le chemin. Je décide de remettre mes écouteurs que j'ai retiré avant de monter dans la voiture et ce qui est une très mauvaise idée. J'ai heureusement un moyen pour l'éviter.

— Nous sommes arrivés, tu m'attends dans la voiture, je ne vais pas tarder.

     Elle descends et je la fixe avec dégoût comme à chaque fois que je dépose mes yeux sur elle. Je regarde par la vitre et la voit entrain d'attendre près de la demeure. Elle est très grande et très belle. Un homme assez grand ouvre la porte et l'attrape sans attendre par la taille, il l'embrasse mais elle le repousse aussitôt. Elle lui chuchote quelque chose et ils se retournent vers moi. Tout est clair à présent, l'homme ne semble pas accroché puisqu'il continue à la toucher. Puis d'un coup, il sort de sa poche de l'argent et c'est là que je commence à me poser des questions... où peut-être suis-je juste entrain de me faire des films.

     D'un coup, ils s'approchent de moi et l'homme semble venir vers moi d'un pas décidé. Une fois arrivé, il ouvre la portière et commence à me fixer d'un regard glacial. Ma mère lui demande de partir mais il ne semble pas du tout l'écouter, puisqu'il ne bouge pas d'un cil. Je ne comprends pas à quoi il joue et je commence à ressentir une gêne extrême.

— Es-tu sa fille ?

J'hoche la tête et ne parle pas. Je ne le connais pas, et le peu que j'ai vu de lui ne me rassure pas du tout.

— Es-tu comme ta mère ?

Je fronce les sourcils et ne comprends vraiment pas ce qu'il insinue. Une petite idée me vient en tête, celle de tout à l'heure, mais j'essaye de me dire que ça ne peut pas être possible.

— Christian arrête. Elle ne veut pas te parler, tu dois partir, lui dit-elle, en l'attrapant par le bras.

— J'espère que ce n'est pas le cas petite. Ne choisis pas son chemin, ton visage d'ange ne doit pas se salir, il me fait un clin d'œil et s'en va.

     Mes yeux le suivent et je crois avoir la réponse exacte, ma mère se prostitue.

     Elle soupire et ferme ma portière avant de rejoindre sa place et démarre. Elle ne dit rien et cela est très étrange. Après tout, c'est sa vie. Elle fait ce qu'elle veut et je n'ai aucun mot à dire sur cela. Elle est assez grande pour savoir ce qui est bon et mauvais. Du moins je l'espère.

— Je n'ai plus d'argent, dit-elle.

— Tu ttu crois que c'est en faisant ça, que tout va s'arranger ? tu va le faire pendant toute ta vie ? crié-je sans m'en rendre compte.

     Elle semble surprise mais ne le montre pas pour autant.

— Tu sais que je n'aime pas travailler. J'ai été élevé comme une princesse, finirai comme une reine, rétorque-elle et c'est la goute d'eau qui fait déborder le vase.

— J'ai lu énormément d'histoires et je peux t'assurer que tu es tout, sauf une princesse. Elles, elles n'ont qu'un seul homme. Elles sont respectables et ne profitent pas des autres. Elle ont peut-être tout ce qu'elles veulent, mais ne sont pas aussi sales de l'intérieur comme toi.

     Juste en employant ces derniers mots, on peut ressentir la haine que j'ai envers elle.

     Elle ricane et continue la route sans dire un seul mot ni réagir. Je commence encore une fois, à me poser des questions et appréhende déjà ce qu'elle a en tête. Car quand je fais quelque chose qui ne lui plaît pas, elle réagis exactement de la sorte mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que j'ai changée, et rien ne sera comme avant. Nous arrivons à destination et une boule se crée dans mon ventre. Mon enfer se trouve juste devant mes yeux, mais cet enfer, je dois le combattre.

— Tu mérites tout ce que je t'ai fais, me dit-elle et sort de la voiture sans me jeter un seul regard.

     Je ne bouge pas et m'abstiens de pleurer.

****

     Je suis dans mon ancienne chambre, depuis que je suis rentrée, je me suis enfermée et commencée à regarder chaque coins, me rappelant énormément de souvenirs. Il fait nuit et je suis devant ma fenêtre, debout, entrain de fixer l'extérieur qui donne sur le jardin.

     Ses mots me reviennent en tête et les larmes que je retenais tout à l'heure, je les laissent couler. Mes écouteurs sont à fond, et j'écoute ma chanson préférée.

Billie eillish, lovely.

     J'ai toujours essayée de trouver une excuse pour les gens qui font du mal aux autres, que leur passé peut en être la première cause. Mais avec l'âge nous changeons. Comment pouvons-nous rester toute notre vie avec un caractère aussi cruel sans avoir cette petite voix qui nous dit qu'il faut changer les choses ?

     Je ne comprends plus rien.

     En étant vraiment perdue dans mon monde, avec des larmes qui coulent à flots, Je sens des bras m'entourer la taille. comme si cette personne voulait me protéger. Je me retourne, et là, mon cœur ressent cette chaleur qu'il a perdu quand je suis venue ici.

     L'amour de ma vie m'a rejoint à l'autre bout du monde, et est juste à mes côtés.

Relève-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant