Chapitre 8 ~ Neven

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Des mains qui passent sur mon corps me sortent de mon inconscience. Toujours attaché au mur, je ne m'en préoccupe pas plus. J'ai l'habitude de prendre des coups depuis le temps. Enfin, plus qu'une habitude, c'est surtout que je ne sens plus rien.

Le néant. Et étrangement, c'est... reposant.

Qu'Adam décide de me tuer ou de me garder en vie pour le plaisir de me voir m'éteindre un peu plus, cela m'importe peu.

Je ne suis même plus totalement en vie de toute façon.

Mais étrangement, j'entends une voix qui semble paniquée. Je finis par ouvrir les paupières. Ce n'est pas le ton ou le timbre de la personne qui me secoue qui me fait réagir, mais bien le fait que quelqu'un s'adresse à moi.

Il frappe sans parler, en général.

Mes yeux tombent sur le visage de la personne en face de moi. Mais je ne le vois pas totalement. C'est comme si j'avais un fantôme devant moi.

Un fantôme, ça ne peut être que cela.

J'entends d'autres voix mais je n'écoute pas. Je ne comprends pas ce qu'il se passe mais au fond je n'en ai rien à faire.

Mon corps se fait alors soulever par une des personnes présente dans la salle. Qu'est-ce qu'ils font ?

Comme si ça m'importait.

Il me semble apercevoir une silhouette dans mon champ de vision.

Un nouveau bourreau ? Etrange.

Dieu seul sait comment, j'atterris sur quelque chose de mou, avec un poids chaud qui vient se placer sur moi. Des mouvements se font ressentir autour de ma position, mais je ne cherche pas à savoir ce que c'est.

Où est-ce que je peux bien être ?

L'odeur de l'endroit m'est familière sans que je ne réussisse à mettre un mot dessus. Je clos mes yeux, et tombe dans un sommeil sans rêve.

Quand je les rouvres, mon regard tombe sur un plafond.

Normalement c'est la porte que je vois.

Sans chercher le pourquoi du comment, des brides de souvenirs d'hier me reviennent.

Ah oui, c'est vrai.

Un peu plus lucide que la veille, je reconnais au bout d'un assez long moment la chambre d'Aydan.

Mais qu'est-ce que je fais là ?

Mon corps à l'air d'avoir été soigné car je sens des bandages un peu partout et ma main semble avoir été immobilisée. Je fixe d'ailleurs cette dernière.

A quoi bon ? C'est trop tard pour tenter de la sauver. Elle est morte en même temps que moi.

Le couinement de la porte qui s'ouvre doucement retenti dans la chambre. Une personne s'avance doucement vers moi, comme pour ne pas me réveiller. Une fois devant moi, je reconnais Dhara qui m'apporte un plateau avec le petit-déjeuner dessus.

- Neven... ? Je t'ai amené de quoi manger. Il faut que tu reprennes des forces pour guérir au plus vite.

Je la fixe sans rien dire, je ne peux pas ou je ne veux pas. Je n'ai rien à lui dire et je n'ai rien envie de lui dire. Comprenant qu'aucun mot de sortira de ma bouche, elle laisse passer un léger soupir.

- Je laisse le plateau sur la table de chevet d'accord ? Appelle-nous si tu as besoin de quoi que ce soit.

Et elle repart sans rien dire de plus.

Sans même jeter un coup d'oeil vers ce qu'elle m'a apporté, je me lève du lit.

J'aurai pu dire difficilement, mais je ne sens plus mon corps.

Je me pose devant le miroir de l'armoire, et me fixe.

Encore plus blanc que la normale, maigre, des cernes presque noirs sous les yeux et deux prunelles qui ne reflètent plus rien. Un cadavre, voilà ce que me renvoie la surface réfléchissante.

Sans plus de cérémonie, je vais dans le salon. Quand ils me voient, ils ont l'air surpris de me voir debout, mais surtout inquiets.

Aydan se jette alors sur moi pour me prendre dans ses bras. Mais mon corps réagit tout seul et je me tends, puis m'éloigne de lui. Il me regarde alors, blessé et incompréhensif.

" Tu dois te sentir terriblement seul non ? Et dire qu'Aydan s'est échappé d'ici sans toi. Se faire abandonner par la personne que l'on chérit le plus, ça doit être blessant n'est-ce pas ?"

Pourquoi est-ce qu'il est venu me chercher ? Pourquoi est-ce qu'il a l'air triste ? Il n'y a aucune raison de l'être. Il a fait son choix. Je pose alors mon regard sur lui. Ses yeux ambrés tentent de comprendre ce qu'il se passe dans ma tête, mais quand il croise mes yeux, il recule d'un pas, une expression étrange sur son visage.

Effrayé ? Dans le déni ? Malheureux ?

Lui passant à côté, je m'installe sur le canapé, face aux autres. Ma bouche s'ouvre pour lâcher une phrase, qui sera la dernière de ma part.

Comme si une partie de moi voulait quand même les aider une ultime fois.

- Il les a tous tués.

Les Sources Originelles - II [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant