Chapitre 40 ~ Neven

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Je me réveille d'une nuit agitée et la première chose que j'entends arrête mon coeur brusquement.

Comment ça Aydan est mourant ? Comment ça son Essence est mourant ?

Ce n'est pas possible, c'est un cauchemar ? Je reste planté devant la porte de la cuisine pendant que Bulle termine son explication. Mes yeux s'écarquillent au fur et à mesure qu'elle parle et mes mains se mettent à trembler. Elle m'apprend qu'elle ne peut rien faire et je ne lui en veux pas.

Ce n'est pas sa faute mais la mienne.

Sa dernière phrase me fait réagir : "Le Feu a besoin d'Air pour vivre." J'ai déjà entendu ça quelque part. Je suis le seul capable de les sauver et je comprendre tout maintenant : "Je suis la clé."

Je ne perds pas une minute et rejoins Aydan dans la chambre. Dans ma précipitation, je ne remarque pas tout de suite son état. C'est seulement quand je m'assois au bord du lit et que mes yeux se posent sur son corps que je capte. Son torse est parsemé de pansements plus ou moins longs, ses bras sont posés mollement le long de son corps, il transpire abondamment et son visage et crispé.

Oh mon dieu, qu'est-ce que j'ai fait ?!

Je n'ose pas le toucher, j'ai peur de lui faire mal. Je ne peux que le regarder et mon regard parcours son corps meurtri tout entier. Des détails que j'avais oublié me saute aux yeux. Sa charpente musclée, ses épaules solides, ses bras ferment, sa mâchoire carrée, ses lèvres pulpeuses, ses cheveux flamboyants... et trois cicatrices qui me rappelle des souvenirs douloureux. Il n'en reste pas moins beau comme un dieu.

....

Il est beau comme un dieu mais il est en train de mourir.

Je prends finalement sa main inerte dans la mienne et le contact brûlant de fièvre de sa peau me fait sursauter.

- Ne m'abandonne pas Aydan, je suis toujours là, je chuchote d'une voix tremblante.

Un courant d'air léger et timide s'engouffre dans la pièce, il s'enroule autour de moi puis descend le long de mon bras pour caresser délicatement celui d'Aydan. C'est un air tiède, rassurant et très doux. Mon coeur s'accélère et mon instinct prend la suite.

Le Feu a besoin d'Air pour vivre....

Sans réfléchir, je pose ma main brisée sur son coeur avec douceur. L'air suit le mouvement et vient enrouler le corps tout entier d'Aydan. Il gagne en puissant sans pour autant devenir agressif. Il s'insère prudemment dans le corps de mon amoureux en passant par sa peau, ses narines, sa bouche entrouverte et même ses oreilles. Le vent disparait totalement dans le corps et j'entends une voix inconnues résonner dans mon esprit. Elle est chaude et terriblement faible.

- Sauve-nous....

Je poursuis ce que je suis en train de faire sans même savoir ce que je fais exactement. Je ferme les yeux et me concentre sur cette voix. Mon Essence se réveille à son tour et gagne en puissance dans mon corps. Elle semble chercher quelque chose d'important à travers le lien étrange créé entre moi et Aydan.

Un picotement dans mon coeur m'indique qu'elle l'a trouvé : l'Essence du Feu. Elle est là, faible et blessée, près du coeur meurtri de mon Feu Follet. Comme un air pur qui ravive une flamme mourante, mon Essence se concentre sur cet endroit précisément. Une image s'impose à mon esprit pendant le processus, comme pour m'expliquer plus concrètement ce qu'il se passe.

Une flamme timide et terriblement faible brûle difficilement au milieu de l'obscurité. Un courant d'air s'approche doucement de celle-ci et l'enroule amoureusement de ses courants. Petit à petit, la flamme reprend des forces et de l'énergie et se met à brûler plus vivement, pour finalement renaître complétement. Elle brûle désormais d'un éclat éblouissant, presque surnaturelle.

Un frisson me parcourt et m'indique que c'est terminé. Mon Essence se retire prudemment du corps d'Aydan et l'enlace une dernière fois d'une étreinte invisible réconfortante puis disparait doucement.

Je reviens à la réalité et retire ma main de son coeur, sans lâcher sa main pour autant.

Que vient-il de se passer ?

- Tu leur as sauvé la vie, m'apprend une voix reconnaissable entre mille.
- Air ?
- Tu peux être fier de toi, Neven. Je le suis aussi.

Que répondre ? Je suis touché par ce qu'elle vient de me dire et confus par ce que j'ai fait. C'est bien plus que seulement le sauver, j'ai l'impression d'avoir rétabli quelque chose d'important en même temps. Comme si j'avais recréé ce qu'on avait auparavant, totalement inconsciemment. Je le sens au plus profond de moi, Aydan est sauf et va s'en sortir grâce à moi.

- Tu as rétabli le lien entre vous, m'explique finalement mon Essence.

Le lien ? Ce n'est pas de ça dont parlait Bulle tout à l'heure. Un sourire satisfait s'empare de mon visage sans que je comprenne d'où il vient. Pourquoi je suis content moi, Aydan est toujours dans les vapes à ce que je sache ?

Je reporte mon attention sur son visage et suis surpris de le découvrir détendu et presque souriant.

Presque.

La douleur persiste sur ses traits bien qu'il a l'air de moins souffrir qu'il y a quelques minutes. Sa main se rafraichis dans la mienne et sa fièvre semble s'apaiser. Je scrute son visage à la recherche du moindre indice prouvant qu'il est en train de se réveiller. Je soupire parce que je ne vois rien puis ses paupières se soulèvent et clignotent quelques instants avant de se poser sur moi et de se figer.

Un sourire niais remplace mon air satisfait.

Il est réveillé !

Les Sources Originelles - II [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant