Les Sources Originelles - II [TERMINE]

Chapitre 16 ~ Neven

Je suis amené de nouveau dans la chambre d'Aydan par Dhara. Je finis par être allongé sur le lit, et je sens mon pantalon être retiré.

Qu'est-ce qu'elle est en train de faire ?

Je sens ses mains palper ma jambe de haut-en-bas, comme si elle cherchait quelque chose. Suivant les endroits qu'elle touche, je devine que je dois être blessé, car je ressens une douleur relativement vive. Mais mon corps ne réagit pas, et je reste neutre. L'origine de ma blessure à la jambe me revient alors.

C'est vrai que je me suis fait écraser par un morceau de plafond avant de tomber inconscient.

Un fois mes soins terminés, Dhara et Aydan retournent dans le salon, me laissant me reposer seul. Je ne sais pas ce qu'ils veulent faire maintenant, mais me soigner ne sert à rien. Même si j'étais en parfaite santé, je ne pense pas que je serai d'une grande utilité. Surtout avec l'état de ma main. Et de ma jambe, apparemment.

Je ferme les yeux, mais je suis dérangé par des voix qui se font de plus en plus fortes, en provenance du salon. Intrigué de savoir qui peut être à l'origine de tout ce boucan, je me lève et ouvre la porte, pour tomber sur une scène qui me fait réagir. Enfin, intérieurement en tout cas. Bulle vient de mettre une claque à Aydan, tout en lui criant dessus.

- Arrête tes conneries maintenant ! Un verre de scotch, ça passe ! Mais si tu continues, tu vas finir la bouteille ! Hurle Bulle. Je comprends ton état d'esprit mais tu crois vraiment que Neven, le Neven que tu aimes, apprécierait de te voir ainsi ?!

Je vois alors Aydan lâcher la bouteille qu'il tenait jusqu'à maintenant. Cette dernière vient s'exploser au sol dans un bruit cristallin, éjectant des bouts de verres un peu partout, et laissant le liquide former une flaque. Je ne sais pas ce que c'était, mais une chose est sûre, ce n'est pas du jus de fruits vu l'odeur. C'est à ce moment que la métisse me remarque.

- Neven ! Tu devrais rester allongé !

Elle me rejoint et me ramène dans la chambre, où je m'assois sur le rebord du lit.

Oui, de ma propre initiative.

Mon action étonne d'ailleurs mon amie, qui s'accroupit en face de moi.

- Je ne sais pas si tu m'entends réellement ou si tu captes juste des voix sans comprendre ce qu'elles disent Neven, mais sache que je vais tout faire pour te ramener parmi nous. Depuis que tu es dans cet état, c'est tout le groupe qui prend un coup au moral. Enfin, un en plus on va dire. Tu sais, Aydan n'est vraiment pas bien. Pas bien du tout. Il est colérique, réagit au quart-de-tour et tente de noyer son chagrin dans l'alcool. Bulle ne supporte pas de le voir comme ça et c'est pour ça qu'ils se sont disputés. C'est à cette scène que tu as assisté. Je ne sais pas ce que ça t'a fait, mais apparemment le discours de Bulle t'a un minimum touché. Je ne sais pas combien de temps il faudra pour que tu nous reviennes comme avant, mais je suis patiente. On l'est tous. Adam a réussi son coup, mais il est hors de question qu'on le laisse s'en tirer aussi facilement. Et tu auras le droit à ta vengeance. Je te jure, Neven, que ça va aller mieux avec le temps, et que le jours où nous serons fin prêts, Adam va comprendre qu'on ne s'attaque pas à nous ni à la Nature impunément. Mais pour cela, il faut que l'on soit au complet. Il faut que tu sois avec nous.

Après sa longue tirade, Dhara me fixe en soupirant, puis se relève pour m'installer sous les couvertures. Elle me caresse une nouvelle fois les cheveux et se dirige vers la sortie. Mais avant de refermer la porte derrière elle, Dhara se retourne une nouvelle fois vers moi, une nouvelle étincelle illuminant ses prunelles. Du courage, et énormément de détermination.

C'est comme si elle pouvait lire dans mon âme tellement que son regard est profond.

- Tiens-toi prêt Neven. Et laisse la tempête que tu enfermes en toi sortir. Montre-nous que ton côté tête-en-l'air est loin d'être l'unique. Tu es loin d'être seulement une légère brise de printemps Neven. Tu es un éternel ouragan. Notre petite tornade. Montre à Adam que le vent est le plus indomptable des quatres éléments.

Le battant se referme, puis le silence s'installe.

Alors que je sombre doucement dans les limbes du sommeil, je sens un courant d'air s'enrouler autour de mon corps, me recouvrant entièrement et jouant avec mes cheveux.

La fenêtre n'est pourtant pas ouverte.