Chapitre 41 ~ Aydan

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Je flotte toujours dans le noir. Je ne sens plus rien, ni haine, ni tristesse, juste de la honte. Je suis lâche parce que je me laisse mourir en sachant que je vais entrainer celles de mes amis dans le processus.

Je me déteste !

Mais je n'y arrive plus. Mon esprit n'a plus de force pour se battre. L'espoir qui s'était emparé de moi quelques jours avant la bataille a été réduit à néant par cet infâme homme. Je ne suis plus qu'une loque.

Tandis que je me laisse dérivé doucement en attendant le grand moment, un courant d'air tiède et apaisant vient s'enrouler autour de mon âme en peine. Je rouvre les yeux et aperçois le courant s'amuser gentiment avec mes cheveux et mes vêtements.

Qu'est-ce que-

- Tu as peut-être abandonné mais j'en connais un qui n'a pas lâcher l'affaire, me dit mon Essence d'un ton moqueur.

Je peux imaginer d'ici son sourire en coin enflammé.

- Quoi ?
- Je reprends des forces Aydan. Grâce à ton copain.
- Impossible.

Je ne la crois pas. Neven me déteste, il ne peut pas me soigner. Sauf si les filles l'ont forcé. Ouais, je ne vois que ça. Il ne le ferait jamais de son plein gré, par dernièrement.

Le courant se raffermi autour de mon corps et commence à me déplacer, comme s'il voulait m'emmener quelque part. Je ne lutte pas, je n'en ai pas la force.

- Vis, Aydan, tu le mérites, déclare-t-elle d'un ton réconfortant juste avant de disparaitre.

Je me retrouve balloter délicatement dans cette étendue noire quand tout d'un coup, tout disparait. Je ne sens plus mon âme flotter, et les sensations de mon corps me reviennent doucement. Mon corps ? Je sens mon corps ? Il me fait mal.

J'ouvre les yeux et cligne des paupières pour m'habituer à la luminosité soudaine. C'est que je n'ai plus l'habitude de la lumière moi ! Mon regard capte immédiatement deux prunelles de couleurs différentes et mon coeur s'arrête.

Neven ?

Il me scrute de ses yeux brillants et un sourire soulagé étire ses lèvres.

Pourquoi ?

Je sens sa main encastrée dans la mienne et je ne comprends pas.

Depuis quand ne rechigne-t-il plus à me toucher ?

Je ne peux, en revanche, le lâcher des yeux. Car mon cerveau ne comprend pas ce qu'il voit. Neven ne m'a pas souri comme ça depuis ce qui me semble une éternité, et il ne m'a pas regardé aussi tendrement depuis aussi longtemps.

Que se passe-t-il ?

Son visage devient blanc d'un seul coup et son sourire disparait, il retire sa main précipitamment de la mienne et tourne le regard, rompant ainsi ce contact visuel perturbant.

Je me disait aussi....

Je tourne à mon tour le regard et saisi mon environnement. Je suis dans ma chambre, allongé dans mon lit. Mon corps est douloureux mais bizarrement, ça va. Mes bras sont douloureux également, comme courbaturés et ma gorge est enrouée.

- A-Aydan ? M'appelle timidement la voix brisée de Neven.

Je reporte mon attention sur lui, son regard m'évite toujours et je ne suis pas capable de voir son visage.

- Je suis désolé.... Pour tout..., confesse-t-il.

Je ne dis rien, je ne peux pas, ma gorge me fait mal. Je soupire cependant, rien à changer, il me hait sûrement toujours. Si c'est pour me faire souffrir encore, pourquoi m'avoir sauvé la vie ?

C'est à ce moment-là que mon esprit se perd. Neven reprend ma main, qu'il a lâché il y a quelques secondes, et exerce une légère pression affectueuse. Son visage se retourne finalement vers moi et je crois son regard larmoyant.

Il y a quelque chose de différent dans ses prunelles....

Ses lèvres tremblent tandis qu'il retient ses larmes puis sa voix douce et prise de sanglots parvient à mes oreilles.

- Je te demande pardon pour tout ce que je t'ai fait subir. Je-

Il coupe sa phrase sans parvenir à la finir et ses joues rougissent furieusement. Il ne détourne par le regard pour autant et plante son regard brillant d'espoir dans le mien. Mon esprit sursaute et mon coeur explose. Le Neven qui m'ignore ne rougirait jamais face à moi, seul l'ancien....

- L'Alien ? J'appelle prudemment.

Il me sourit à travers son masque de honte et je me mets à pleurer à chaudes larmes en comprenant qui se trouve devant moi. C'est bien mon Alien, mon Neven, celui qui fait battre mon coeur, celui dont je suis amoureux et non cette coquille vide qui me hait et m'accuse de choses innommables.

Je pleure et sanglote violemment de joie. Je n'en reviens toujours pas. Je le regarde entre deux sanglots, il cherche à se cacher quelque part, comme il le faisait avant, et repère son écharpe sur la table de nuit. Il se tend légèrement et la saisi dans sa main libre. Je vois quelques larmes perler à ses propres yeux et il serre l'objet contre son coeur.

Moi, je pleure toujours comme madeleine.

- N-Neven ? Je l'appelle d'une voix tremblante.

Il repose son regard sur moi et sourit. Ses joues sont toujours rouges et il se camouffle la moitié du visage derrière son écharpe. Je ne peux m'empêcher de sourire. Je serre sa main dans la mienne et ignore les protestations de mon corps quand je me redresse brutalement pour le prendre dans mes bras.

Il se tend puis se détend contre moi et finit par enrouler ses bras autour de mon corps avec prudence.

- C'est vraiment toi ! Je m'exclame en pleurant à nouveau.
- Oui, c'est vraiment moi, Salamèche. Je suis tellement désolé, si tu savais.... Je t'aime tellement, dit-il dans mon cou.

Je l'écarte doucement de moi en écarquillant les yeux. Je le regarde et il rougi de plus bel tout en cherchant à se cacher derrière son écharpe.

Il vient vraiment de dire.... OK, mon coeur est hors service.

- Je me suis rendu compte que je ne te l'avais jamais réellement dit mais c'est la vérité. Je t'aime Aydan et je comprendrais si tu as besoin de temps pour me pardon-
- Tu rigoles ?! Je t'aime aussi Alien ! Je m'écrie.
- Mais-
- Pas de mais ! Le seul fautif, c'est l'autre trou du-
- Aydan !
- Haha ! Aïe !
- Tu devrais te rallonger, me conseille-t-il en me poussant délicatement contre mon oreiller.
- Encore un câlin.

Je le prends dans mes bras et le serre aussi fort que me le permet mon corps. Quelques larmes retardataires s'écoulent sur mes joues et viennent s'écraser sur son épaule. Il sanglote lui aussi entre mes bras et je savoure ce contact si doux.

- Merci, Neven, de ne pas m'avoir abandonné, je chuchote à son oreille.
- Merci à toi de ne pas m'avoir laissé tomber, me dit-il à son tour.

Il me rallonge délicatement et replace la couverture sur mes jambes. Je me sens mieux et je n'arrête pas de sourire. Une question me vient soudain.

- Comment ça s'est terminé avec Adam ? J'interroge curieux.
- Euh.... Comment dire ? J'ai, comme qui dirait, envoyé les soldats à travers le plafond et couper un bras à Adam, m'explique-t-il en se grattant le crâne.

Je beugue. Il a quoi ?

- Sérieusement ?
- Oui, il te tenait pas la gorge ! Se défend Neven.
- Excellent ! Je m'exclame en explosant de rire. Je t'aime putain !

Les Sources Originelles - II [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant