𝐅𝐀𝐌𝐄 || jaeyong

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L.TY

Taeyong s'ennuyait.
Ce n'était pas un petit ennui passager, quelques minutes tout au plus à attendre paresseusement que le temps passe. Ce n'était pas un ennui comme on a l'habitude d'en subir. Non, Taeyong souffrait d'un ennui profond, tellement profond qu'il s'était mis à penser en regardant son plafond immaculé. Habituellement, il aurait éventuellement décidé de détailler le paysage par sa fenêtre, il aurait passé le temps en s'inventant des poèmes en prose pour mettre des mots sur ce qu'il voyait par delà la baie vitrée de son appartement.

Mais pas cette fois. Cette fois, après avoir passé des heures devant son PC, il avait réussi à se lasser des jeux et des vidéos qui étaient le meilleur moyen pour lui de s'occuper, habituellement. Il avait poussé un long soupir, posant son casque audio sur son bureau, puis avait erré dans son logement, comme s'il explorait et redécouvrait ce lieu qu'il connaissait par coeur. D'un pas traînant, il avait fini par rejoindre sa chambre et s'était jeté avec nonchalance sur son lit qui avait émis un craquement épouvantable, menaçant de plier sous l'impact de son poids plume.

Et il s'était mis à penser. D'abord, il avait réfléchi à ce qu'il pourrait faire, mais avait été très peu inspiré par ses différentes idées: dessiner ou customiser des vêtements demandait de l'inspiration comme de la motivation, en somme précisément ce que Taeyong n'avait pas à ce moment là. Discuter avec ses amis résultait de la disponibilité des amis en question: ce que son entourage n'était pas, puisqu'une partie était en club et l'autre sûrement trop occupée avec ses propres soucis. Lire... c'était presque impensable au vu de la situation: le streamer était convaincu qu'il s'ennuierait tout autant en s'occupant la sorte. Lancer un stream ? Ç'aurait été la solution miracle, mais malheureusement, en raison de la controverse dans laquelle il s'était empêtré, il lui valait mieux rester à l'écart de son activité d'influenceur pour un moment.

Alors sa dernière option était d'accepter cet ennui, de se résoudre à ne rien faire pendant un temps, aussi amer soit le fait d'adhérer à cette contrainte. Ainsi, ses pensées s'étaient mises à dériver dans les sujets que seuls les gens hantés par le syndrome de l'ennui exploraient, comme par exemple, "à l'époque contemporaine, serait-il encore envisageable de vivre comme chasseur-cueilleur ?", ou encore "peut-on considérer un homme très poilu et légèrement sous évolué comme un chimpanzé ?".

Ainsi absorbé dans ses questions primordiales, il mit un certain temps à réaliser la présence d'un brouhaha provenant du bas de son immeuble. Taeyong vivait dans un quartier relativement calme, une rue peu passante, alors au bout d'un moment, le bruit vaguement audible des conversations qui s'entremêlaient à proximité de son logement l'interpela. À quelle occasion un tel monde pouvait s'être réuni ? D'après ce qu'il pouvait entendre, le noiraud supposa que plusieurs dizaines de personnes s'étaient regroupées, ce qui lui sembla pour le moins très étrange.

Mais ce qui le surprit vraiment, c'est quand les différentes voix commençèrent à s'accorder maladroitement, pour finir par crier de façon claire et en un choeur rythmé:

ON VEUT VOIR ! LEE TAEYONG !

Le réclamé sentit son coeur rater un battement à l'entente de ces appels. Il se doutait que les gens finiraient par se plaindre de son silence qui durait depuis maintenant deux semaines, mais jamais il n'aurait pensé qu'un groupe de personnes se donnerait rendez-vous devant son bâtiment pour le confronter à la façon de manifestants révoltés. D'autant plus que les gens n'étaient absolument pas censés être au courant de son adresse.

Merde, merde, merde ! Je fais quoi maintenant ? Je sors ? Je fais comme si j'étais pas là ?

Et tandis qu'il faisait les cent pas, perdu dans son dilemme interrompu par les cris des gens qui l'attendaient en bas du bel immeuble, il entendit son voisin du dessous crier de son balcon pour faire taire les âmes en colère, suivi par la sonnette qui retentit dans son appartement, sonnant aux oreilles de Taeyong comme la mélodie des cloches de son propre enterrement.