Partie VI : Feu - Chapitre 1 : Mon âme

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Cette nuit-là, Tarik Andrieu ne se réveilla pas, ne connut pas de nuit blanche et ne dormit pas les poings fermés. D'un point de vue biologique, vers six heures du matin, le corps débutait de nouveau son processus de survie. Même si le cerveau ne cessait jamais de fonctionner, ce dernier pouvait envoyer au corps des réflexes instinctifs, comme l'impression d'être conscient, alors que le cycle de sommeil ne s'était pas encore tout à fait conclu.

C'est ainsi que ce matin-là, vers six heures et demi, Tarik Andrieu ouvrit si brusquement ses yeux que son cœur se mit de façon soudaine à battre encore plus fort qu'il n'avait l'habitude de le faire.

Elle se trouvait dans ses bras. Tarik était allongé sur le dos, elle sur le côté dans le creux de son épaule. De toute manière, quand la nuit elle s'allongeait à ses côtés, il dormait toujours paisiblement. Aucun bruit ne pouvait d'ailleurs non plus la réveiller. Ni aucune lumière et encore moins une odeur. Tarik la sentait bouger seulement lorsqu'il l'effleurait. Il le savait car au contraire d'elle, il demeurait à l'affût. La jungle l'avait formé ; Or, celle qui lui avait le plus appris était la famille.

Ce matin-là, Tarik ressentit une paix si précieuse qu'il n'osait même pas penser son nom. Alors, était-ce vraiment cela ? La légèreté, l'intemporalité, l'amour ? Avant de savourer cette sensation, il pensait - par méconnaissance -, qu'il ne pouvait choisir entre l'homme qu'il avait toujours été, et  celui qui à présent se reposait dans les bras de la femme qu'il aimait. L'amour ne divise pas - et dans le cas logique réunit -, surtout parce qu'il rassemble tout un tas de conditions relatives au bonheur.

Tarik Andrieu se demandait souvent ce que cette joie pouvait signifier pour lui. Instinctivement, son cœur lui traduisait l'amour qu'il avait pour son frère, son père, ses gars, sa famille en général, mais d'un autre côté, l'homme qu'il était par définition jusqu'au plus profond de son âme le poussait vers une protection paradoxalement destructrice qui prêchait faussement un cœur de pierre qui ne pourrait jamais être brisé et ainsi, d'avoir la sécurité... Sauf que lorsqu'un homme se réveillait dans les bras de la femme dont il était éperdument tombé amoureux dès la première seconde où il avait posé ses yeux sur elle, cette protection d'être à jamais comme un cyborg, un humanoïde pour éviter d'être blessé s'envolait. Certes, pour l'homme, l'amour d'une femme peut se révéler craintif. Or, il n'est que sagesse et bonté.

Elle était en train de le regarder. Avec ses petits yeux, toujours au naturel. Les cheveux emmêlés et surtout son petit sourire malicieux en bord de ses lèvres. Elle était magnifique. Il n'avait pas d'autre adjectif. Belle, somptueuse, elle avait inconsciemment pris possession du cœur de Tarik. Il ne pouvait plus réfléchir sans penser à elle. Où elle était, si elle se sentait bien et surtout si elle était en sécurité. Seule, avec son frère, ses frères ou sa famille. Elle était tout.

« Salut... Tu as bien dormi ? ». A présent, elle s'était redressée. Puis, elle but longuement des grandes gorgées d'eau pétillante, d'une bouteille qu'elle gardait toujours auprès de leur lit. Elle se tenait dos à lui, ses longs cheveux bouclés, lâchés, libres... Alors, sans plus réfléchir que ça, Tarik balaya leurs pointes du bout de ses doigts. Naturellement, elle s'en aperçut et tourna sa tête sur le côté.

Lui aussi s'assit ; passa ses jambes autour des siennes, se rapprocha d'elle, enlaça sa taille avec ses bras et posa son menton sur son épaule. Tarik avait envie d'embrasser chaque centimètre de sa peau, mais ne voulant pas non plus la brusquer. Il attendait sa réponse, qui ne tarda pas à venir.

Elle se retourna, plaça ses mains autour de son visage et l'embrassa d'un baiser dont Tarik Andrieu ne put définir comme tendre ou sauvage. Elle l'aimait et c'était tout ce qui lui importait.

Cette fois-ci, contrairement aux autres où ils s'étaient liés par leurs lèvres, Tarik avait fermé les yeux. Il s'en rendit compte quand logiquement il les ré-ouvrit. Il fut aussi surpris quand il remarqua qu'il avait glissé ses mains dans son dos. Il l'aimait et avait férocement envie d'elle.

Aux noms des siens - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant