Chapitre 2 : La vie est belle

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Dimanche. Cela faisait exactement sept jours qu'Adam était né. Actuellement, il dormait dans les bras de Tarik, calé entre ses biceps. Toute la famille Andrieu s'était rejointe dans le carré de verdure en bas des tours. Bien que l'automne commençait à semer quelques indices de sa venue, les mères se divertissaient toujours avec leur cadet ou leur benjamin, les aînés jouaient au football, tandis que les jeunes continuaient leur trafic la plupart du temps sans bavures. Tarik avait enfin présenté à son père - personne la plus importante de sa vie -, la femme qu'il aimait. Comme d'habitude, aux premières secondes, elle avait été impressionnée jusqu'à ce qu'elle tende à Sarah l'un des desserts favoris du couple, à savoir une tarte au citron meringuée. La nourriture était l'un des budgets les plus conséquents du plus jeune couple formé chez les Andrieu.

A présent, René, Sarah, elle, Inès, Tarik, Nabil et Yanis dégustaient des œufs à la neige. Que cela était bon d'être enfin tous réunis, sans évoquer les flics, les peines et la prison. Au contraire, toute l'intention était focalisée sur Adam. Depuis une semaine, il ne s'était pas passé un jour sans qu'elle, Tarik et Nabil ne le voit.

Elle était bien sûr la personne la plus présente pour Inès, qui se révélait plus que fatiguée : « Je comprends pas pourquoi il dort que dans tes bras et ceux de ses oncles. Nous, dès que la porte de l'appartement est franchie, il se met à pleurer et ne s'arrête plus. Je suis épuisée. ». Dans sa voix oscillait de l'incompréhension, une part de somnolence et une certaine impuissance.

Alors qu'Inès avait déjà baissé la tête, Sarah et elle la prirent par les épaules, comme si les gestes des femmes étaient déjà présents en elles. La jeune mère ne voulait pas pleurer, même si l'envie ne lui manquait pas. Sa santé peu à peu déclinante faisait de la peine à toute la famille, dont bien sûr à son propre compagnon qui en profita pour poser sa chicha.

Pourtant, il faisait bon vivre entre les rayons du soleil qui ne produisaient pas une chaleur trop conséquente, un vent agréable, les indémodables claquettes-chaussettes et lunettes teintées. Malheureusement, ces dernières ne pouvaient cacher que temporairement leurs cernes.

Pendant que Yanis serrait pudiquement Inès dans ses bras, il compléta les propos qu'elle eut : « Je vous jure, on est fatigués. Il pleure tout le temps, sauf quand on lui donne à manger et qu'on le lave. Lorsqu'il s'endort, il le fait parce qu'il tombe de sommeil. Pour que j'aille enfin au boulot reposé et qu'Inès reprenne des forces tranquillement, sans stress et aucun bruit, la seule solution qu'on a trouvée serait de vous le laisser, à toi et Tarik. La décision n'a pas été facile à prendre. », leur avoua-t-il la tête baissée. Or, il n'y avait vraiment aucune honte à confier son nouveau-né quand un épuisement plus que justifié se faisait sentir. Tarik regarda son neveu.

« Dans les sacs autour de la poussette, nous vous avons préparé tout ce dont vous aurez besoin. », déclara Inès le cœur lourd en se levant. Elle n'abandonnait pas son enfant, bien au contraire.

Ainsi, ce fut à ses paroles que le jeune couple partit soudainement main dans la main. Personne ne prit la peine de les retenir car leurs réactions étaient partagées entre bon sens et sidération.

Lorsqu'il disparut du champ de vision, seul René Andrieu s'exprima : « Nabil, en mon nom et celui de Sarah, tu rendras tous les jours visite à ton neveu gardé et choyé par ton frère et ta belle-sœur. Quant à ta personne, juste pour rappel, tu les aideras dans leur quotidien. ». Le chef de famille avait parlé et cette dernière était indiscutable.

Alors, pendant que Sarah et Nabil commençaient à replier leurs affaires, Tarik passa Adam à sa femme. Il la considérait comme telle, notamment parce qu'elle aimait un enfant qui n'était pas le sien. Bien qu'elle n'en avait pas, cela ne l'empêchait pas de le couvrir d'affection.

Aux noms des siens - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant