Chapitre 3 : C'était écrit

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En les fréquentant, elle avait de chacun d'eux une leçon de vie. Pour les théories, ces apprentissages avaient été nombreux, mais les deux les plus réalistes sont venues de Roméo et d'Antoine. Roméo Elvis et Lomepal. Roméo Van Laeken et Antoine Valentinelli. Sur ces deux rappeurs, beaucoup d'anecdotes pouvaient être racontées, même si elles échappaient aux clichés du rap. Le rap. Encore et toujours. Qu'en était-il en ce début de nouvelle décennie ? Que racontait-il ? Surtout, par qui était-il représenté ? Toujours par des hommes qui acceptaient de dévoiler leurs sentiments. Ainsi, c'est par cet argument que Lomepal et Roméo se construisirent un chemin et un nom.

Un matin, alors qu'elle et Tarik étaient comme à leur habitude en train de commencer à grignoter sur les marches du bus, Antoine et Roméo vinrent les rejoindre.

Ainsi, Roméo lui formula l'une des questions qu'il posait le plus souvent : « Qui de nous deux te touche le plus ? ». A chaque fois, il voulait avoir une réponse d'elle quand il essayait de savoir ce qui le différenciait des autres.

Or, pour elle, tout était clair. Elle les aimait pour des raisons uniques et ne faisait donc jamais de différences entre eux. Lorsqu'elle donnait à l'un, elle partageait forcément avec les autres.

C'est ainsi que ce matin-là, elle répondit à Roméo toujours avec sa manière la plus naturelle du monde dont elle avait le secret : « Entre Antoine et toi ? Arrête de me poser cette question ! Tu es unique, comme chacun d'entre vous. Mais si pour une fois, tu veux vraiment te différencier, tu vas m'apprendre quelque chose que je ne sais pas encore faire. ».

Tarik se demanda intérieurement de ce que cela pouvait être. Elle parlait couramment trois langues, leur avait prouvé qu'elle conduisait comme une déesse et surtout se débrouillait toujours pour se rendre le plus utile possible.

« Peindre. Je ne sais pas dessiner. Je ne suis une artiste dans le sens que dans l'écriture. ». Tarik trouvait cette qualité déjà bien plus importante que d'autres.

« Ok mon petit croco, tu sais ce qu'on va faire ce matin ? On va devenir les Rodin et Claudel de la peinture. Bouge aps, je nous rapporte tout le matos. ». C'est à ses paroles que Roméo Elvis se précipita dans son bus pour en ressortir cinq minutes plus tard les bras chargés de toiles encore blanches - pour plus très longtemps -, des tubes de peinture et des pinceaux. C'est alors qu'elle et lui commencèrent à peindre ensemble, avec bien sûr Tarik qui n'était jamais très loin.

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« Ce n'est pas possible, forcément c'était écrit quelque part que cet été, j'allais revoir avec vous tous mes gestes de secouriste ! ». Tarik aimait entendre l'adrénaline qu'elle avait dans la voix lorsqu'il s'agissait de soulager un poignet tordu ou de soigner une cheville éraflée.

Ce jour-là, ce fut au tour de Lomepal de profiter des connaissances qu'elle avait dans le domaine médical. Il était en train de lui apprendre à faire du skate, jusqu'à ce qu'il se fasse mal.

Pourtant, au début de la leçon, Tarik aurait quand même parié que c'était elle qui allait avoir quelques difficultés. Pour lui, c'était surtout encore et toujours l'excuse parfaite de la chouchouter, afin de ramener du bout des bras dans le lit, la couvrir, lui servir...

« Tarik s'il-te-plait, au lieu de rêver même si j'adore te regarder quand tu le fais, tu peux m'aider ? ». Il adorait quand elle prononçait son prénom. Mon dieu, il devenait fou. « Tiens, tu peux mettre ta main au-dessus de la mienne pour que tu tiennes le mouchoir le temps que j'aille chercher ma trousse de premier secours ? ».

Elle ne laissa pas d'autre choix à Tarik que de poser sa main sur la sienne. Ses doigts étaient si doux, délicats... Jusqu'à ce que le raclement que fit Antoine avec sa gorge le ramène à la réalité. Heureusement qu'elle était toujours réactive dans ces moments-là. Cela arrangeait Tarik qui ne savait jamais comment débuter une conversation.

Elle revint très vite. Tarik la regarda discrètement mais toujours avec admiration effectuer ses réflexes si précautionneux qui semblaient plus qu'automatiques. Antoine venait de s'arracher un tout petit bout de peau de sa cheville. A présent, elle avait enfilé des gants chirurgicaux et se préparait à enlever le morceau de tissu qui se trouvait logiquement sous les doigts de Tarik : « C'est bon Tarik, merci. ». Elle était concentrée et il aimait l'observer lorsqu'elle affichait cet air si impliqué et sérieux.

« T'inquiète, ce n'est rien de grave ! Je t'ai déjà dit que j'ai déjà été réparé pleins de fois. Par contre toi, tu es tellement attentive quand tu fais du skate que ça m'étonnerait que ça t'arrive. ». En réalité, Antoine commençait à défaillir à la vue du sang abondant qui commençait à couler sur le parquet. Tarik le remarqua aussi et leva ainsi les yeux vers elle.

« Ne paniquez pas, je sais ce que je fais. Antoine, calme-toi, l'hémorragie n'est pas sévère. Tu parles d'une première leçon ! Heureusement que tu es meilleur sur scène que sur ta planche ! ».

Aux noms des siens - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant