Chapitre 3 : Sur le sol

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Je ne suis décidément pas habituée aux nouveaux paliers... 4 février 2021, 7000 lectures, je ne cesserai jamais de vous remercier pour votre présence et/ou vos votes, commentaires. Je vous laisse à présent apprécier ce nouveau chapitre. Je suis impatiente de vous retrouver, Marianne

Un quart d'heure environ plus tard, Nabil arriva en premier en courant de la cage d'escalier. Tarik s'y trouvait déjà en ayant auparavant pris le soin d'entrebâiller la porte d'entrée pour que Giorgiana ne soit effrayée par aucun bruit. Il n'avait pas choisi sa place au hasard. En effet, de là où il se trouvait, il pouvait discrètement surveiller le comportement de sa femme, restée mutique.

Alors que Nabil serrait déjà son frère dans ses bras, Tarik remarqua sur le sol une infime goutte de sang qui avait été omise dans l'asepsie qu'elle avait tenue à faire. Or, il ne suffisait pas d'effacer mais de vivre avec et surtout d'en tirer la plus grande force. Tarik pensa à cela en se rendant compte que le corps chaud de son frère lui faisait en réalité le plus grand bien. Il n'hésita donc pas plus à lui rendre son étreinte, en indiquant aussi à Giorgiana qu'elle ne devait pas s'inquiéter parce que leur famille arrivait au compte-goutte. Nabil fit donc comme chez lui à rentrer naturellement chez son frère et sa belle-sœur.

Malgré sa lutte, Giorgiana replongeait petit à petit dans un traumatisme émotionnel. Elle était redevenue passive, bien qu'elle avait toujours montré une autre partie tellement plus forte et conquérante à ses hommes. Nabil en fut ainsi le premier surpris mais porta quand même tout de suite envers elle un regard et des gestes empathiques et doux : « Princesse, je suis là pour toi. Tarik aussi... Au fond, tous ceux qui constituent ton monde, à savoir tes gars qui arrivent. Et tu nous déranges absolument aps, sois aps honteuse car nous t'aimons. ».

Tarik resterait à jamais surpris de la gentillesse et de la disponibilité de son frère envers sa famille. Nabil était tout ce qu'il n'était pas, notamment le fait de savoir consoler Giorgiana juste par des mots. Puis, le cadet n'attendit même pas son accord à elle ou celui de son aîné pour la cajoler contre son torse. Tarik s'aperçut tout à coup qu'ils se trouvaient dans le salon, même s'il ne s'était pas aperçu d'avoir bougé.

Tarik Andrieu restant peu habitué aux démonstrations d'affectif, il se redirigea vers l'entrée pour y accueillir cette fois-ci tous les rappeurs. Ken, Jason, Fabrice, Théo, Mikael, Mohamed, Alpha, Eddy, Roméo, Antoine et Florian et Olivio se tenaient devant lui. Comment avaient-ils fait pour venir tous au même moment ? Comme à leur habitude puisque c'était inné en chacun d'entre eux, certains se présentaient énervés car ils n'avaient pas pu être là à temps pour le jeune couple qui aurait eu besoin de renfort, pendant que d'autres affichaient une incompréhension totale face à l'événement qu'ils n'auraient jamais pensé qu'il se produise tandis que les derniers ne pouvaient cacher leur tristesse face à ce qui s'était passé.

Avant de les faire rentrer dans leur intimité, Tarik ne sut en réalité même pas la raison pour laquelle il tenait à leur dire quelques mots : « Je vais aps le répéter deux fois. Les monstres sont revenus y'a même pas une heure. Même oim les mots m'ont... Bordel de merde, fais... ». Tarik ne put continuer dans sa démarche qui se révélait pourtant bénéfique pour lui. Il fallait qu'il parle de ce qu'il avait vécu parce que cette condition était indispensable pour accepter la situation.

« Et il s'est passé quoi avec le porte-parapluie ? ». Fabrice garderait donc jusqu'à la fin de sa vie ce don de porter attention aux détails les plus minimes. En première réaction, Tarik ressentit la pulsion de lui répliquer que là n'était pas le sujet... Sauf que cet objet symbolisait le dernier lien qui unissait Giorgiana à ses géniteurs.

Actuellement, Tarik était pleins d'interrogations dont la première était qu'il voulait absolument savoir la façon dont ces deux « personnes » avaient pu pénétrer la jungle alors que ce territoire était protégé. Ce qu'il ignorait, c'est que la réponse se présenterait dans la seconde à peine où Tarik était sur le point de fermer la porte. Sabri remontait les escaliers. Ce gamin d'une vingtaine d'années, dont Tarik et Nabil avaient surnommé Bené depuis son enfance, lui expliqua que la police avait déboulée dans le hall prétextant une mission d'escorte pour contrôler violemment tous les gars de Tarik. Il y a des jours où rien ne fonctionnait. Tarik fut toutefois touché par la dernière parole de Sabri où ce dernier lui promit qu'il repasserait voir Giorgiana avec toute la famille des Tarterêts que les frères Andrieu ne cessaient encore de rassembler. 

« Dégommé. Coup de pied. Mais on s'en balek car le plus important dans cette histoire était Giorgiana. Je vous ai appelé parce que je ne sais pas quoi faire pour la faire sortir de son silence. ». En fermant la porte qui donnait sur le salon où elle et Nabil étaient présents, Tarik reconnaissait notamment par sa voix chuchotante qu'il était démuni. Il avait besoin de l'aide de ses frères.

Ken, Jason, Fabrice, Théo, Mikael, Mohamed, Alpha, Eddy, Roméo, Antoine et Florian et Olivio étaient restés dans l'entrée qui ne devait même pas faire une superficie de dix mètres carrés. Tarik regarda ses rappeurs au style atypique, tous déboussolés mais présents et forts.

Tarik aurait voulu leur expliquer tout en détail. Cependant, il n'avait pas besoin car Giorgiana avait toujours été honnête sur cette partie de sa vie. 

« Rien Tarik puisque tu as réalisé une action qui importe beaucoup pour moi, celle de rester à mes côtés dans les mauvais moments. En plus, tu as su rapidement ramener mes frères, merci. ». Jusqu'à son dernier souffle, Tarik admirerait la force, la résilience et le pardon de Giorgiana. De nouveau, elle était droite sur ses jambes telle une survivante.

« Tout le monde vient d'arriver mais je crois ne pas avoir assez de sachets de pâtes pour... ». Le bonheur et le bien-être de ses hommes passeraient donc à jamais avant celui de Giorgiana. Peut-être aussi elle avait voulu tenter une plaisanterie pour détendre l'atmosphère, afin de ramener la vie dans ce périmètre qui était encore considéré comme une scène de crime par Tarik.

Le sourire franc et loyal que Giorgiana transmettait à ses hommes leur provoquait à chaque fois cette vague qui leur assurait que quoiqu'il arrive, elle continuerait le combat de la vie.

D'ailleurs, celui qui partageait le plus cette vision avec Giorgiana était Mikael, dont elle pouvait entièrement lui faire confiance lorsqu'il s'agissait d'amuser tout le monde : « Ah, t'es là toi ! T'inquiète pour les pâtes, je vais tellement te faire de provisions que tu vas m'inviter à grailler tous les jours. Sauce tomate, bolognaise, carbonara... ». Elle, Mikael et la cuisine formaient cette grande histoire d'amour que constituait la cuisine. Le parisien d'origine marseillaise fut également le premier à déclencher la vague de câlins que chacun allait réaliser avec elle.

Ainsi, ce fut les rappeurs les plus tactiles qui s'avancèrent vers elle. Tarik ne cessait d'être étonné de l'effet plus que positif que les embrassades, les baisers et les caresses provoquaient sur Giorgiana. Puis, ce fut au tour des plus pudiques qui lui glissèrent des mots réconfortants à l'oreille en faisant l'effort de prendre leurs mains dans les siennes.

A la fin, il ne resta plus que Ken. Dans un silence quasi religieux, il plongea son regard si fort dans celui de l'une des femmes qu'il respectait le plus au monde que Tarik crut que le grec allait s'y noyer. D'un pas prudent comme un fauve, Ken s'approcha de Giorgiana avec une expression tellement sérieuse que Tarik ne se souvenait même pas de l'avoir déjà vue : « Aujourd'hui, ce qu'il t'est arrivé est dégueulasse parce que tu ne le mérites pas. D'ailleurs, personne ne devrait subir la violence. A part un traître quand il fait le con dans des affaires dont il ne vaut mieux pas que tu sois au courant. ». Ken avait vraiment le don de la comprendre et savait qu'il avait gagné son pari de la rendre heureuse quand elle arbora une nouvelle fois ses fossettes rougies. Elle était belle.

« Tu as le droit de te replier sur toi-même mais il ne faut jamais que tu oublies que Tarik est là pour te protéger. Nous le sommes tous, chacun à notre manière. ». Nabil n'avait pas l'intention non plus de lâcher Giorgiana ou pire, de l'abandonner. Elle n'était pas sa belle-sœur, juste sa sœur.

Puis, ce fut l'un des autres frères qui suivit. Jason. Avec Tarik, ils se ressemblaient, notamment dans leur silence mais lorsqu'il fallait réconforter Giorgiana, il était présent : « Nous continuerons à veiller sur toi. C'est un rôle que nous prenons très au sérieux. T'es en sécurité avec nous alors tu peux continuer à t'amuser, imiter Céline Dion sur la scène mais on veut te voir vivre. Et même si je suis le moins bien placé pour dire ça, je vais quand même le faire : tu es humaine et tes sentiments font de toi une belle personne, plus que tu ne le penses. ».

Le chagrin de Giorgiana éclata. Cette fois-ci, ce fut Tarik qui agit. Pour la première fois, il maintint la tête de son épouse contre ses pectoraux et ne chercha pas à comprendre son instinct qui lui ordonnait de la bercer comme une enfant.

Ce que Giorgiana et Tarik ignoraient était qu'elle portait le bébé de Tarik. L'avaient-ils senti sans oser encore se l'avouer ? Oui. Alors, les paroles de la future maman prirent encore plus de sens dans ce contexte : « Merci Tarik même si je suis sincèrement désolée. Je me suis engagée avec toi pour le meilleur et pour le pire mais... Maintenant, ça va aller. Comme les prochains jours que je sens très positifs. ».

Aux noms des siens - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant