Chapitre 3 : Sac à dos

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Seize septembre. Par quel miracle Tarik Andrieu aurait-il pu savoir qu'en deux occasions, cette date lui porterait définitivement chance ? Il y a quelques années, PNL avait présenté au monde leur deuxième album Dans la légende. Tarik pensait à tout cela alors qu'il admirait le disque de diamant. Les frères avaient cru à ce projet et le public le lui avait ainsi bien rendu. Même inconsciemment, elle aussi faisait partie de cette communauté QLF. L'une des plus belles histoires du rap français était sans doute celle de PNL.

Sept heures du matin. Tarik Andrieu buvait son café du balcon de la cuisine. Il allait se marier à la femme qu'il aimait et qui dormait toujours sur le canapé. Tous deux s'y étaient endormis vers une heure du matin, leurs corps emmêlés, leurs regards entrelacés et leurs esprits fusionnés. L'union débuterait à onze heures.

La veille, Tarik avait rejoint sa femme pour finaliser les derniers détails qui constitueraient l'un de leur plus émouvants souvenirs. Ainsi, Tarik regarda de nouveau ce sac à dos posé à côté de la porte d'entrée. Dedans étaient entreposés les alliances, le bouquet de fleurs... Tous ces petits objets représentaient une valeur plus que primordiale.

En réalité, ce sac symbolisait la première chamaillerie dans leur vie de couple. En effet, aucun des deux n'avaient réfléchi à la manière dont ils allaient transporter ces petits accessoires jusqu'à la mairie. En y repensant, Tarik ne put s'empêcher d'esquisser un petit sourire. Le dos calé contre la rembarde, il scruta l'appartement. Il appréciait...

Le calme. Or, Tarik n'aurait jamais dû y prêter attention. Effectivement, dès lors, des coups se firent entendre contre la porte. Il alla donc rapidement ouvrir car sa femme n'était pas encore réveillée. de façon surprenante, il se retrouva  face à Nabil, Eddy, Ken, Mikael, Fabrice et Olivio.

« Mais bordel de merde, qu'est-ce que vous foutez ? Je te jure, j'ai limite failli croire Eddy quand ce con a osé dire que vous aviez décidé d'avoir un destin à la Roméo et Juliette. ». Nabil déboula dans l'appartement comme s'il était chez son père. Il était en pleine forme et plus surexcité que jamais.

Après avoir accueilli ses gars, Tarik regarda sa femme se lever et faire la bise à chacun de ses hommes. Puis, elle glissa sa main dans le dos de Tarik : « Tarik, je file à la douche ! T'as qu'à aller chez ton frère ! ». Elle était d'une humeur taquine, ce qui se révélait logique quand une femme épousait l'homme dont la loi l'officialiserait comme celui de sa vie. « Après ça, Ken et Mikael, vous vous ramènerez car j'ai besoin de vous pour la coiffure ! Puis, Eddy, tu viendras m'aider pour la robe. Enfin, Fabrice et Olivio, mes chers témoins, n'oubliez pas le sac à dos ! Au fait, Nabil, tu ne me lâcheras qu'à la fin de l'allée hein ?! ». En moins d'une minute, elle avait retrouvé son énergie.

Bien que toujours taiseux, Tarik était heureux de l'admirer ainsi. Il avait également hâte de prendre le temps de la dévorer des yeux dans sa robe de mariée, même s'il connaissait déjà la tenue de sa femme. De fait, elle lui avait demandé si cela ne le dérangeait pas de l'accompagner pour tous les essayages. Robe, chaussures, fleurs... Il connaissait dorénavant par cœur sa femme.

Ainsi, Tarik avait également été présent d'accord pour qu'elle soit présente lors de ses achats. Il avait choisi un élégant ensemble... composé d'un sweat, d'un survêtement, de baskets et de lunettes qui, forcément hors de prix, donnaient tout de suite une classe indiscutable.

Alors, au fond heureux et plus que jamais apaisé, Tarik tenta un ton humoristique : « Et oim, tout le monde s'en balek ? Personne a remarqué que depuis que j'ai ouvert la porte, je suis toujours dans l'entrée, habillé d'un simple fut ! D'accord, vous savez tous que je déteste attirer l'attention mais quand même, vous auriez pu faire un effort le jour de mon mariage ! ».

Pendant que tous étaient en train de s'activer dans l'appartement, ils se stoppèrent un instant dans leur élan. Puis, au sourire malicieux de Tarik, elle, Nabil, Ken, Fabrice, Mikael, Eddy et Olivio soufflèrent de soulagement.

Enfin, avant de prendre la direction de chez son frère qui habiterait toujours à l'opposé du couloir, Tarik embrassa sa femme sur son front en lui murmurant : « Profite du dernier matin du reste de ta vie où je ne te casserai pas les... pieds. ».

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« Monsieur Andrieu Tarik François, voulez-vous prendre pour épouse Mademoiselle Lombardi Giorgiana Francesca ici présente ? ».

Tarik ne pouvait tout simplement pas le croire. Il se tenait devant le maire, main dans la main avec la femme dont il était à une seconde d'épouser. Il la regarda donc une dernière fois avec sa robe bohème près du corps qui épousait parfaitement ses formes, sa couronne de camomille, ses longs cheveux bordeaux lâchés et ondulés et surtout son sourire si précieux et inoubliable.

« Oui. ». Tarik Andrieu donna son accord avec l'une des plus grandes assurances qu'il put le faire jusqu'à cet évènement. A présent, il était marié à Madame Andrieu Giorgiana.

Au cours de cette histoire, son nom n'avait été dévoilé puisque cet anonymat avait été la protection suprême et le respect ultime que Tarik, Nabil, Ken, Jason, Fabrice, Théo, Mikael, Mohamed, Alpha, Eddy, Roméo, Antoine, Florian et Olivio pouvait accorder à Giorgiana.

Giorgiana leur avait tant appris... Tarik y pensa lorsqu'elle leva son verre avant le début du repas. Pour rester à jamais fidèle à ce qu'il était, il s'avoua qu'il ne l'écouta qu'à demi-mot. Cependant, il avait l'excuse parfaite qu'à présent, il pouvait deviner et lire les mots sur ses lèvres.

« Cet événement ne peut pas s'expliquer, il ne peut que se vivre. Aux noms de Tarik et du mien, nous vous remercions sincèrement jusqu'au plus profond de notre cœur. Que La Famille. », conclu Giorgiana avec une émotion si présente dans sa voix qu'elle en eut la gorge nouée.

Puis, une ambiance chaleureuse et conviviale se fit tout de suite entendre. Giorgiana se rassit à côté de Tarik qui posa une main sur sa cuisse. Ce geste fit regarder Giorgiana dans la direction de son homme.

« Je t'aime. ». De ses lèvres, Tarik avait mimé cette expression car il savait pertinemment que son épouse réussirait à la deviner.

En réponse, Giorgiana le regarda encore plus profondément, jusqu'à quasiment son âme : « A l'ammoniaque. ». Elle lui répondit le sourire aux lèvres, l'éclat dans le cœur et la paix dans sa tête. Ce mariage ne faisait que de lancer leurs prochaines aventures qu'ils vivraient ensemble.

Aux noms des siens - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant