Chapitre 3 : Être humain

344 29 26
                                    

Dieu est grand. Tarik priait. Pour tout croyant, ce geste n'était pas anodin. Jusqu'au plus tôt où il pouvait remonter dans ses souvenirs, la prière avait toujours été une partie intégrante de sa vie. Importante, enivrante, consolatrice. Se retrouver, pour surtout communier avec Dieu. Trouver des solutions, puis construire son propre chemin par les conseils prodigués.

Pour ce premier réconfort du matin, celui de l'Aube, Tarik Andrieu allait s'agenouiller. Prouver son respect à Dieu afin qu'il lui apporte les réponses à ses interrogations. Même quand Tarik priait, il ne pouvait s'empêcher de garder sa femme dans un coin de sa tête. A présent, le matin, la première pensée lorsqu'il ouvrait les yeux se tournait vers elle, pareil que la dernière avant qu'il ne parvienne à s'endormir. Il l'aimait. Pour la première fois, il ressentait l'ivresse de ce sentiment qu'il n'osait pas encore évoquer, l'excitation, la protection, la présence, le soutien. Quoi qu'il fasse, elle était à ses côtés, le conseillait et le soutenait.

ya 'iilhi ka'iinsan , hal yumkinuni 'an 'ahabaha? Telle était la question. Avec elle, Tarik ressentait la paix, l'amour, l'appartenance. Que lui apprenait-elle ? Tout. Beaucoup de demandes pour des affirmations finalement si lucides et logiques.

Tarik l'observait beaucoup, à ne pas dire constamment. En si peu de temps, il sentait qu'il avait conclu son entière connaissance d'elle avec tout le recul et la clairvoyance nécessaires. Dieu l'avait envoyé et exaucé l'un de ses vœux. Cette femme représentait la douceur, l'écoute, l'empathie qu'il avait si longtemps recherchées. Enfin, le détail plus honorable pour lui était qu'elle le représentait toujours dignement dans ses actions qu'elle réfléchissait toujours avant de commettre.

Aujourd'hui, Tarik avait envie de plus avec elle. Lui présenter son quartier, expliquer à demi-mots son enfance, les erreurs qu'il avait commises mais qu'il reconnaissait, l'incorporer dans sa bande et surtout lui dire qu'avec elle, il avait envie de voyager et apprendre d'elle pour qu'il soit enfin sûr qu'ils puissent vivre ensemble.

Dieu est grand. A la fin de ses prières, Tarik restait toujours un instant agenouillé sur le tapis dédié à cela. Il prenait le temps de reprendre ses esprits - parfois, il en était même essoufflé -, et de surtout se reconnecter avec le monde réel. Naturellement, il s'était dirigé en direction de La Mecque, vers l'est. La plupart du temps, il priait au pied du lit, qu'elle y soit ou non. Elle aussi était croyante, priait Dieu et en commençant ses prières par « Je vous salue Marie » après avoir délicatement installé son chapelet entre les mains et sa Bible sur les jambes. La tolérance, la fraternité et l'amour étaient les piliers de chaque religion. Dieu les a faits à son image car il n'est qu'amour.

Aux noms des siens - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant