Chapitre 3 : Sereins

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Aussi loin que remontaient ses souvenirs, Tarik Andrieu avait toujours détesté le son du réveil. Sauf que le sien à elle était un mélange entre l'eau coulante d'une rivière et le chant des oiseaux. Or, ce matin-là, pourquoi avait-elle prévue une heure pour se lever ? Ils avaient fait presque nuit blanche et les quelques heures de sommeil qu'ils avaient eues furent agitées. Elle s'était réveillée plusieurs fois avec cette angoisse étouffante.

Alors, dans ces crises, Tarik n'hésitait pas à la prendre par la taille afin de la rapprocher de lui. Cependant, en ce début de matinée où il essaya de lier son corps contre le sien, il se rendit compte avec tristesse que son côté était encore vide. Ainsi, l'une des premières questions qu'il se posa fut la raison pour laquelle elle avait laissé son téléphone sur sa table de nuit. Il grogna et regarda l'heure qui en indiqua neuf. Progressivement, ses cinq sens se réveillèrent et il put entendre du bruit provenant de la cuisine, accompagné de l'odeur d'un café noir et surtout de tartines grillées.

Soudainement, alors que Tarik sentit la douceur de ses doigts contre sa joue, il prit de nouveau conscience qu'il n'avait pas résisté à la tentation des bras de Morphée.

« Tarik, tu peux te réveiller doucement, je t'ai préparé le petit déjeuner. ». Mon Dieu, juste le fait qu'elle prononce cette phrase donnait envie à Tarik de lui faire l'amour toute la matinée. Il se réveilla doucement grâce à la lumière du soleil et l'air frais qui entraient dans leur chambre.

Elle se tenait en face de son homme car avait ramené la table basse du salon près du lit. Encore un pyjama mais malheureusement avec les cernes bleus, elle était assise en tailleur sur un pouf. Elle était déjà en train de tartiner le nutella. Lorsqu'elle remarqua que Tarik l'observait, elle leva la tête vers lui avec une expression timide. Tarik Andrieu ne comprit sa réaction que plus tard, quand elle finit sa douche. Elle n'avait pas à le remercier car pour lui, il était normal qu'un homme soit toujours présent pour sa femme. D'ailleurs, comme elle le faisait. Il fallait qu'elle comprenne que pour lui, c'était aussi naturel.

Pendant que Tarik se redressait dans le lit, il remarqua que sur le plateau en bois qu'elle avait préparé se trouvaient aussi du jus d'orange, les derniers croissants de la veille, du pain de mie et des fruits saisonniers. Par ce repas le plus important de la journée, ils commençaient enfin à retrouver leurs airs sereins. Il essaya de la regarder discrètement, elle était très belle.

Ainsi, à cet instant précis, Tarik Andrieu avait envie de la faire basculer sur lui pour la serrer fort dans ses bras afin qu'elle ne s'y échappe plus. A l'oreille, il avait envie de lui murmurer et même susurrer tout ce qu'il ressentait. L'amour qu'il lui portait était insensé. Il aimait l'éclat qu'elle procurait, de la sensibilité de ses paroles jusqu'à la douceur de sa peau. Il était fou.

Tout à coup, des tremblements apparurent dans les jambes de Tarik. Comme tout bon geste qui essayait d'être caché, ce dernier s'accentua bien sûr de manière incontrôlée. Bien qu'une seconde auparavant Tarik Andrieu était en paix, il eut une bouffée de chaleur entre peine et haine en repensant à la nuit dernière. Il ferma son poing droit contre son caleçon.

« Tarik, ne t'inquiètes pas, tout va bien. Ça te dit ce matin de descendre jouer au foot avec les gamins ? Ton frère et Inès ont prévu de ne venir qu'en début d'après-midi. Yanis m'en a informé par message quand il a remarqué que tu ne répondais pas à ton portable. ».

Bien, matin, foot, frère, Inès, après-midi. Tarik dut se répéter intérieurement ce qu'elle venait de lui dire puisqu'il avait encore les idées embrumées malgré les petits déjeuners incomparables qu'elle prenait le temps de cuisiner tous les matins.

Subitement, Tarik eut envie d'un bain relaxant. De nature toujours taiseuse, il se leva donc et en profita pour la porter, sans explications. Avec Tarik, il en était ainsi.

Aux noms des siens - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant