Chapitre 3 : Humain

267 24 43
                                    

Adam était parti. Enfin, ses parents l'avaient logiquement repris. Du dimanche au lundi suivant, elle et Tarik s'en étaient occupés comme s'il était leur propre fils et cette expérience avait été une épreuve concrète pour leur couple.

Les quatre premiers jours, les amoureux avaient décidé d'appliquer la stratégie du décalage qui s'était finalement révélée payante pour Adam. En effet, elle et lui s'étaient vite rendus compte que ce bébé avait un besoin constant de présence physique, autant dans les bras que dans une pièce. Alors, elle avait continué de vivre le jour, pendant que Tarik avait repris ses anciennes habitudes. Les deux ne se croisaient plus, sauf quand le soleil se levait.

Depuis qu'elle et Tarik s'étaient rencontrés, c'était la première fois qu'ils n'avaient pas dormi ensemble. C'est ainsi que le lundi, dès que sa belle-sœur et son frère partirent, Tarik se recoucha près de la présence, la chaleur et la délicatesse de sa femme qui lui avaient terriblement manquées.

Dans leur lit, Tarik se sentait seul. Il remarqua qu'il s'était habitué à ce qu'elle s'endorme dans le creux de son épaule, alors que sa main descendait de plus en plus bas sur son torse.

Ce matin-là, même si Tarik se sentait à la limite d'un burn-out, il luttait inconsciemment contre le sommeil pourtant tentant. Il avait envie d'elle, de son corps, ses mains et sa bouche. Tout à coup, la porte de la chambre s'ouvrit en laissant juste un léger passage afin qu'un seul corps humain s'y faufile. Un rayon de soleil pénétra dans la pièce. Tourné du côté de la fenêtre qui se révélait être en réalité celui de sa femme, Tarik fit feinte de dormir. S'il s'était vraiment écouté, il l'aurait déjà fait basculer sous lui, notamment pour l'entendre rire.

Tarik pensait qu'elle était venue prendre un vêtement, ses affaires pour travailler ou tout simplement écrire, mais quand il sentit la couette glisser sur sa peau, il ne put s'empêcher de sourire. Bien qu'il savait qu'elle ne pouvait pas encore voir son visage, il resta stoïque.

Les mains de sa femme se glissèrent sur ses épaules. Qu'allait-elle faire ? Tarik savait se tenir patient. Soudainement, son corps le trahit puisque ce dernier ne put s'empêcher de frissonner quand elle l'embrassa dans le cou. Il adorait sa douceur, elle le rendait fou. L'amour, était-ce cela ?

Par le toucher, Tarik sentit avec délectation son corps nu se collant au sien. En un instant et sans que ni l'un ni l'autre ne voulut en réalité comprendre, il se retrouva au-dessus elle. Qu'elle était belle avec sa peau douce, blanche et fragile qui ne cicatrisait jamais, et surtout par son regard. Ce dernier dévoilait tout ce qu'il y avait en elle, alors qu'elle tentait de l'aguerrir.

Lorsqu'elle et Tarik priaient, ils imploraient souvent leur Dieu d'expliquer ce cadeau qu'il avait fait en les réunissant. Le couple se croyait différent, bien qu'au fond, il se ressemblait plus qu'il ne le pensait. Dans la journée, aucun des deux ne dérangeait jamais l'autre dans ses occupations. Ils avaient un tempérament solitaire et cette qualité leur permettait de se comprendre juste en se regardant. Tarik était plus pudique et moins bavard qu'elle mais cela n'empêchait pas sa femme de l'aimer comme elle ne s'était encore permise avec un autre.

Les retrouvailles entre elle et Tarik furent chaudes, intenses, langoureuses, presque érotiques. Dans leur cocon, ils n'avaient pas besoin de s'exprimer par la parole. Leurs gestes et leurs yeux suffisaient. Dans leur lit, ils restèrent un moment allongés. Ils savouraient ce choix de prendre le temps de vivre.

Tarik avait envie de dormir mais résistait. Effectivement, jamais il ne se lasserait de sentir sous ses doigts les frissonnements de sa femme.

Puis, il se reconcentra sur lui-même et les projets qu'il avait pour son couple. Pour la première fois de sa vie, Tarik voyait l'avenir se dessiner clairement. Il avait envie de les voir parents.  Cependant, comment aborder ce sujet sans la brusquer ? C'était dans cette situation précise qu'intervenait la septième pièce du puzzle. Cette dernière permettait de se rendre compte de l'un des plus dominants traits de personnalité chez Tarik Andrieu, à savoir celui de toujours se lancer corps et âme dans chacune de ses actions : « Les femmes feront toujours ce qu'elles auront envie de leur corps, mais je pense que y'a quand même une décision qui se prend à deux. J'ai vu que tu finis ta pilule dimanche et que c'est ta dernière plaquette. Si t'es prête, j'aimerais bien qu'on tente un truc. Ça prendra le temps qu'il faudra, t'inquiète. ». Il ne se reconnaissait plus puisque près de cinq mois auparavant, jamais il n'aurait pensé déclarer ce qu'il venait de dire.

Aux noms des siens - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant