Chapitre 3 : Galatée

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« A-a-abonné, a-a-abonné, a-a-abonné. La régie, au niveau des balances, c'est bon pour moi. », indiqua Tarik à la sonorisation. Ademo n'aurait pas pu choisir meilleur refrain pour se rassurer sur sa voix grave si reconnaissable, et surtout sur la haine qu'il pouvait encore porter en lui. Ce son allait-il faire partie de la setlist ? Les frères Andrieu gardaient toujours une part de mystère et ce dans tout ce qu'ils réalisaient, comme par exemple leurs paroles et leur stratégie de communication.

Quatre février, premier jour des répétitions. Dans la Halle Tony-Garnier, une multitude de professionnels travaillaient avec énergie. Scène, lumières, constructions et surtout le son. Chacun à leur tour, les rappeurs se relayaient pour calibrer leur prise de voix. Tout était planifié, organisé, presque méticuleux. Elle se tenait au centre de la fosse et écoutait les rappeurs avec attention.

Tarik profita d'un instant où elle se retrouva seule pour la rejoindre : « T'en penses quoi ? », lui demanda-t-il en l'enlaçant de dos. Il la sentait tendue. Qu'est-ce qui la préoccupait ?

« J'aime bien. En plus, ça me fait très plaisir que vous retrouviez tous les plaisirs de la scène. ». Même avec son sourire, elle répondit avec un ton bien trop sérieux qui ne lui ressemblait pas.

« Y'a un truc qui va aps ? ». Tarik savait qu'il fallait qu'il soit direct pour l'encourager à parler de ce qui la tracassait. « Si c'est un mec qui t'a emmerdé, tu sais que tu peux tout me dire. ». Il avait intentionnellement pris une intonation protectrice pour qu'elle en rit.

« Oui, excuse-moi car même toi tu remarques qu'en ce moment, je suis souvent ailleurs. », admit-elle en jouant avec ses doigts. Elle effectuait nerveusement ce geste quand elle avait l'impression de déranger. Tarik lui prit les mains et la soutint son regard. Il l'aida à se confier. « Tarik, je sais que tu ne te moques jamais de moi mais j'ai des difficultés pour écrire. Grâce à la vie que tu m'offres, je peux le faire tous les jours... Mais depuis quelques temps, l'inspiration semble s'être envolée. Je galère de ouf pour aligner trois phrases, sans parler de la relecture. Cette situation m'exaspère, et pour y remédier, je pensais reprendre des leçons de tir sportif. ».

En premier lieu, Tarik pensa avoir involontairement omis un détail dans son monologue. Tir ? C'est-à-dire à l'arc ? Bien qu'en y réfléchissant par lui-même, il ne put trouver la réponse. Alors, il lui demanda directement : « Comment aç ? Ne me dis pas que tu as déjà tenu et tiré au Glock ?! ».

« Tout à l'heure, je te montrerai ce que j'ai fait à certaines cibles. Je me disais que c'était étonnant que tu ne m'en aies pas encore parlé. Tu ne les as jamais vu en haut du placard ? », répliqua-t-elle en ayant affichant un certain sourire satisfait. Cette fille réservait encore bien des surprises.

« Non, je fouille aps tes affaires, j'ai entièrement confiance en toi. Comment je ne pourrai aps le faire ? On part en Tunisie demain, juste après l'anniversaire de Fabrice ce soir, tu as déjà bouclé ta valise. Tu es une femme droite et sérieuse, aies confiance en toi. ».

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C'était la première fois qu'elle et Tarik se rendaient en Tunisie. Ainsi, pour découvrir localement le pays, il n'existait rien de mieux d'être accompagnés d'une personne qui était en originaire. Pour ce voyage, il s'agissait de Théo.

Dans l'avion, Tarik se laissa tomber sur le siège du milieu de la rangée à trois places qu'ils avaient réussi à réserver. Sans surprise, elle était assise à côté du hublot et venait d'allumer son ordinateur. Depuis quelques jours, elle s'était de manière soudaine remise à écrire avec « la volonté tenace d'aller directement chercher les idées à leur source. », aimait-elle le dire. Tarik était juste stupéfait de la force qu'elle pouvait puiser en elle.

Aux noms des siens - PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant