Le dilemme du Jônin en Chef

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Le lendemain matin, Hitomi retrouva Shikaku dans son bureau de la Tour une heure à peine après le lever du soleil. L'homme souffrait clairement de l'heure matinale : ses cheveux n'étaient pas aussi bien coiffés que d'habitude, il se noyait presque dans sa tasse de thé et ses traits tirés avaient un aspect presque comique. Un sourire affectueux se dessina sur les lèvres d'Hitomi. Elle rajusta ses gants, entra dans la pièce en refermant la porte derrière elle et prit place de l'autre côté du bureau sans attendre d'autorisation. Franchement, quand on s'affalait sur son siège comme lui l'était, on ne se formalisait pas du manque de décorum.

— Tu voulais me voir, Ojisan, lui rappela-t-elle après quelques minutes de silence confortable.

— Hrm... Moui. Laisse-moi me réveiller, chaton.

Elle plissa les lèvres, à peine hérissée par ce surnom qu'elle utilisait pour désigner ses élèves, mais il ne lui laissa pas le temps de protester :

— Je veux que tu prennes ma succession en tant que Jônin en Chef quand je déciderai de me retirer du métier.

Elle battit lentement des paupières une fois, deux fois, trois fois. Elle ne remua pas d'une oreille, dans l'expectative de la suite. Parce qu'il y avait une suite, pas vrai ? Par exemple, il allait lui dire que c'était une blague et qu'elle pouvait retourner à ses occupations. Non, pas crédible : ça demandait trop d'efforts de la convoquer pour une foutue blague.

— Ojisan. Je suis en arrêt maladie longue durée, Jônin depuis moins d'un an et en train d'établir mon clan sur le plan politique. Est-ce que c'est vraiment le bon moment pour ce genre de choses ? Et Shikamaru, il ne veut pas du poste, lui ?

Un petit rire sarcastique échappa à Shikaku, qui vida sa tasse de thé. Sans même y réfléchir, elle le resservit. C'était une question de respect, après tout.

— Chaton, les poules auront des dents avant que Shikamaru veuille le poste. Je pensais à d'autres membres de ta promotion, mais Shino ne veut rien avoir à faire avec une portion entière du village, Neji est un bordel politique à lui tout seul et Tenten a la diplomatie d'un fauve acculé. En plus, le poste est dans la famille depuis la création du village. Tu en es capable. Tu es intelligente, Ensui dit que tu as un certain talent en politique si tu calmes tes tendances à la confrontation et tu... Tu as ce qu'il faut, tout simplement.

Elle remua d'inconfort sur sa chaise, détournant le regard.

— J'ai échoué si gravement à ma dernière mission que j'ai été capturée et torturée, Ojisan. Je ne suis pas capable de prendre une telle charge sur mes épaules en ce moment.

— Je ne te demande pas de t'y mettre maintenant. Je te préviens juste pour que tu saches à quoi t'attendre concernant ta carrière future. Si tu acceptes, tes stages dans les départements qu'il te restait à explorer seront suspendus : tu passeras ce temps ici à la place. Je ne prendrai pas ma retraite avant des années, chaton, tu as le temps de te reconstruire.

Elle soupira, baissa les yeux et considéra ses options. Elle avait songé à rejoindre au moins partiellement le département Torture et Interrogatoire pour travailler sous la direction d'Ibiki, mais elle pouvait concilier cela et ce nouveau devoir. Elle devait admettre que le pouvoir contenu dans cette position la tentait terriblement... Et elle remplirait largement, dans plusieurs années, la condition principale pour accéder au poste : avoir dirigé au moins une équipe Genin promue avec succès. La seule raison pour laquelle Tsunade ne lui en avait pas assigné une immédiatement était qu'Hanabi serait personnellement venue faire un trou dans son bureau en signe de protestation. Et Anosuke et Sugi l'auraient aidée avec le plus grand plaisir.

— D'accord, j'accepte. Mais j'insiste sur le fait que ma convalescence restera ma priorité jusqu'à ce que je sois remise.

— Bien sûr, Hitomi-chan. Je veux que tu sois en bonne santé, tu le sais. Tsunade-sama m'a dit qu'elle refusait de te revoir en mission pendant dix-huit mois. Profite de ce temps pour te reposer, te reconstruire. Je vais déjà rendre ça officiel pour que tu puisses t'en servir pour tes alliances si tu le souhaites, mais tu me rejoindras dans ce bureau quand tu seras prête, et pas une minute plus tôt.

Quelque chose s'achève, quelque chose commence - Partie 2 : ShippudenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant