Le sang du père

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Dans le monde spirituel, le temps était presque suspendu, comme si l'univers lui-même retenait son souffle tout autour des êtres qui y vivaient. Hitomi avait bien souvent vu les conséquences que cela avait sur ses familiers, mais ne s'était jamais montrée capable de déterminer la différence exacte de rythme entre le monde physique et celui-ci. Elle se détendit légèrement en réalisant que le sang ne coulait plus de ses blessures, même si celui qu'elle avait déjà perdu gargouillait dans ses poumons – et que la douleur, elle, n'avait pas cessé.

— Jiraiya-sama... Hoshihi, Jiraiya-sama a besoin de votre médic.

Le chat géant la regardait, catastrophé par les deux lames qui la traversaient de part en part, une à hauteur de l'épaule et l'autre au milieu de l'abdomen. Elle était allongée sur le flanc, tout comme l'Ermite, et fut soulagée de le voir ouvrir les yeux. Un instant de plus et il serait mort, sans doute. Elle soupira de soulagement quand son familier se secoua et s'éloigna au pas de course, ses pattes ne produisant presque aucun bruit contre le sol de l'immense clairière dans laquelle ils se trouvaient.

— Tu as réussi, petite...

— Je n'en aurais pas été capable sans vous. Est-ce que... Est-ce que vous savez qui est Pain, maintenant ?

Ils étaient tous les deux à bout de forces et à demi-morts, mais il lui semblait essentiel de régler cette question. Si Jiraiya possédait la réponse, il pourrait la donner en personne, cette fois. Il ferma les yeux, visiblement épuisé, puis se força à les rouvrir.

— Il n'existe pas. Il n'est pas réel... Mais c'est Nagato qui contrôle ses six formes comme une seule. C'est pour ça qu'ils ont tous une paire de Rinnegan, ce sont les siens, des échos des siens.

Elle acquiesça en signe de compréhension puis ferma les yeux à son tour. Malgré la douleur, elle avait envie de dormir, elle était tellement, tellement fatiguée... L'Ermite posa la seule main qu'il lui restait, maculée de sang, sur son avant-bras avant de la secouer légèrement. Elle grogna mais rouvrit les paupières.

— Tu penses que ça suffira à ce qu'on survive, Hitomi-chan ? S'ils te pensent morte, s'ils pensent que tu ne veilles plus sur les jinchûriki...

— ... Leur prochaine cible sera Naruto, et Konoha toute entière. Je sais... Je pense qu'on survivra, Jiraiya-sama.

— Et je confirme, lança une voix dans le dos d'Hitomi. Il n'y a vraiment que nos chatons pour se mettre dans un état pareil.

La jeune femme accueillit Kibaki et son ton pincé d'un faible sourire.

— Occupez-vous de Jiraiya-sama d'abord, s'il vous plaît. Il en a plus besoin que moi, et mon frère l'attend à la maison.

— Je sais, chaton, ne t'en fais pas. J'aurai le temps de m'occuper de vous deux, surtout ici. Quel dommage qu'aucun de tes chats n'ait voulu s'éloigner des arts guerriers... Enfin, vous serez tous les deux bientôt assez stables pour rentrer à Konoha.

C'était tout ce qu'Hitomi voulait ; Tsunade finirait le travail, de toute façon, elle le savait. Elle baissa les yeux sur la flaque de sang qui s'était formée entre Jiraiya et elle, le liquide se dégorgeant lentement du tissu qui en avait été imbibé. La douleur l'aidait à rester éveillée, mais son familier aussi, avec sa queue si douce qui lui caressait le flanc, la nuque, la joue. Il se tenait derrière elle, ombre jalousement protectrice et quelque peu menaçante, sans doute incroyablement soulagé qu'elle ait survécu malgré sa résignation à l'idée de mourir.

Elle y avait échappé, cette fois.

Elle ne referma plus les yeux tout au long de l'interminable processus de stabilisation de l'état de Jiraiya. Kibaki devait raccommoder ses organes : il avait un rein, un poumon et le foie percés de part en part. Si Hitomi n'était pas intervenue, ne s'était pas servie de son propre corps comme d'un bouclier, il aurait pu ajouter le deuxième rein et le cœur à la liste. Heureusement, elle-même avait réussi à ne se blesser qu'un poumon et une section des intestins. Tant qu'elle infusait les deux organes de chakra, elle tiendrait le coup, surtout dans ce monde dont le temps n'avait pas exactement de prise sur elle.

Quelque chose s'achève, quelque chose commence - Partie 2 : ShippudenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant