L'armée n'était pas aussi vaste, loin s'en fallait, que ce que le canon avait dépeint. Hitomi jura entre ses dents serrées quand elle aperçut l'attroupement : quelques milliers d'hommes, oui, mais certainement pas les quatre-vingt mille évoqués dans le manga. Bien sûr que Kishimoto n'avait aucune idée de l'art de la guerre. Elle n'aurait pas dû ressentir de surprise ni de frustration, et pourtant...
— Tout va bien ? demanda Ensui à ses côtés.
Elle voulut éclater d'un rire caustique et le rabrouer, mais jamais elle ne manquerait de respect à son père – pas à ce point. C'était une chose de se moquer tendrement de lui, et une autre de s'en servir comme d'un défouloir pour son humeur particulièrement sombre et cruelle ce jour-là.
— Non, pas vraiment. Mais je pense que personne ne va bien ici, sauf peut-être Naruto... Et encore. Il sait que des gens mourront aujourd'hui et dans les jours à venir.
Ensui détourna les yeux. Elle l'avait vu perdre en énergie ces derniers jours, comme si la réalité de la guerre qui reprenait une place dans sa vie s'était approchée lentement, avait savouré son emprise et la lente, lente entreprise de saper ses forces. Toutefois, il était le maître, le père, le guide. S'il vacillait, il prenait le risque de voir son apprentie s'effondrer comme un château de cartes devant lui – plutôt se trancher la gorge que d'assister à un tel spectacle encore une fois.
— Les morts sont inévitables, mais tu as le talent nécessaire pour les limiter. Tsunade-sama a choisi d'excellents dirigeants pour ses bataillons, je suis sûr que c'est le cas aussi pour les autres chefs de guerre.
— Apparemment, Mifune dirigera l'un d'eux, composé d'une partie de ses samurai. J'ai aussi entendu dire que Kisame et Gaara auraient chacun leur bataillon. Tous ensemble, on sera chargés du plus gros des dégâts.
— Je ne doute pas de toi, ma puce. Tu feras de ton mieux, et ce sera suffisant, j'en suis certain.
Après cela, la conversation s'éteignit. Le flot impétueux du Murmure dans ses méridiens empêchait son anxiété latente de devenir un problème, sa voix harmonieuse, douce et cruelle, murmurant mille promesses de carnage et de soulagement dans ses oreilles. Elle ne s'était jamais débarrassée totalement de son emprise... n'était plus sûre de le souhaiter, à présent. Elle étreignit doucement la main de son père puis le quitta, rejoignant Kakashi en tête de file d'un Shunshin qui ne surprit personne. Tous les soldats Konohajin avaient à présent l'habitude de la voir se téléporter.
— Anxieuse ? devina-t-il aussitôt.
— Bien entendu. Est-ce que vous auriez un conseil à me donner pour cette épreuve en particulier, sensei ?
Il ne répondit pas tout de suite, son visage prenant une expression songeuse derrière son masque. Elle attendit – elle savait que ça valait la peine.
— Essaye de ne pas te sentir responsable pour les morts qui se produiront sous ton commandement. De toute façon, nous ne formerons pas un seul bloc pendant très longtemps... Si des gens meurent, ce ne sera pas parce que tu auras donné de mauvais ordres.
— Mais je suis le chef d'unité.
— Oui, c'est vrai, et en tant que telle, tu serviras d'emblème, pas de véritable dirigeante. Ton rôle officieux sera de transmettre les ordres des chefs de guerre et des Jônin en Chef, rien de plus. Les morts ne sont pas ta responsabilité.
Elle se tut ensuite, car ils arrivaient à portée d'ouïe du campement où s'étaient établis les shinobi. Le Pays du Feu, avec ses vastes étendues sauvages et sa longue frontière commune au Pays des Rizières, constituait l'endroit idéal. Hitomi regarda les shinobi des autres villages d'un œil vaguement critique. Ils n'étaient pas assez nombreux... Mais dans cet univers, Madara n'était plus une menace, et c'était lui qui avait abattu tant d'hommes dès le premier jour dans le canon. Hitomi s'était débarrassée du problème – le souvenir illuminait un coin de sa Bibliothèque, malgré la note ombrageuse que le Uchiha avait ajoutée en osant ouvrir la bouche.
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Quelque chose s'achève, quelque chose commence - Partie 2 : Shippuden
FanficAprès sa mort, Hitomi se réveilla dans un monde où les conflits se règlaient à torrents de feu et mers de boues envoyés à la figure d'un adversaire. Puisqu'elle n'était alors, à ce moment-là, qu'un bébé, elle décida de profiter de cette période pour...