L'animal acculé

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Hitomi s'était attendue à pire – en tout cas, ce fut ce qu'elle se dit le premier jour. Il lui fut ordonné, par une voix derrière le mur que longeait son bureau sur tréteaux, de remplir les documents qu'il lui passait par une petite ouverture tout juste assez large pour les liasses de papier. On lui avait aussi donné un stylo et de l'encre en suffisance. Les documents qui lui étaient fournis lui rappelaient ceux qu'elle traitait sous la direction de Shikaku. Rien de vraiment compliqué. Elle avait droit à une pause toutes les trois heures pour aller aux toilettes, boire et s'étirer les jambes.

Rien de bien terrible, donc.

Sauf que la cadence s'accéléra. Le deuxième jour, ils commencèrent à distordre sa perception du temps. Elle n'en avait conscience que grâce à sa Bibliothèque : tout en lui accordant moins de pauses, ils lui firent penser que les jours passaient plus vite que ce n'était le cas en réalité. Elle se doutait du but de cette manœuvre : l'épreuve était censée durer dix jours et, quand le dixième viendrait et passerait sans qu'elle soit libérée, ils s'attendaient à ce qu'elle craque et explose. Si elle n'avait pas eu sa Bibliothèque, elle aurait sans doute réagi de la sorte.

Ils ne la laissaient pas dormir la nuit. Pendant les quatre premiers jours, elle n'eut pas droit à une minute de sommeil. Dès qu'elle commençait à dodeliner de la tête, un fracas de tous les diables retentissait. Quand ça ne fut plus suffisant pour l'empêcher de somnoler, le sol sous elle se remplit de chakra et une décharge la traversa, la tirant immédiatement de son tout début de sommeil. C'était de la torture, vraiment... Mais elle savait à quoi elle s'exposait quand elle avait proposé sa candidature à Tsunade.

Le quatrième jour, elle ne parvenait plus à s'empêcher de trembler ou de haleter d'épuisement, même pendant qu'elle mangeait, buvait, écrivait. Parfois, l'homme derrière la cloison refusa un document qu'elle lui rendait et la punit d'une décharge supplémentaire parce que son écriture n'était pas assez lisible à son goût. Elle en vint à le haïr. Les contours de la pièce qui l'enfermait se brouillaient et se distordaient. Elle commença à vomir la nourriture qu'ils lui donnaient et ne parvint pas à déterminer s'ils la rendaient volontairement malade ou si son corps épuisé rejetait toute nouvelle source d'énergie.

Au début du cinquième jour, quand elle commença à avoir des hallucinations, ils lui accordèrent sa première pause en plus de vingt-quatre heures. Elle alla se désaltérer, répondre à l'appel de la Nature et, cette fois, quand elle s'effondra sur le futon, rien ne la tira de son écrasante torpeur. Elle ferma les yeux avec un soupir de soulagement... Et il lui sembla qu'il ne s'était passé que quelques minutes quand une nouvelle décharge, venue du mur cette fois, la réveilla. Sa vessie l'informa cependant que l'examinateur lui avait accordé cinq à six heures de sommeil.

Elle avait l'esprit un peu plus clair en se remettant au travail. Réalisant que le froid l'aidait à rester éveillée et à se concentrer, elle choisit d'elle-même de se dévêtir, exposant son corps épuisé sans honte ni pudeur. Ses pieds nus sur le sol de pierre lui donnaient juste assez de force pour lui permettre de continuer de remplir les formulaires qui s'alignaient sans fin devant elle. L'homme derrière la cloison n'était pas toujours le même : ils se relayaient à deux et elle n'oublierait probablement jamais leur chakra.

À partir de ce moment, elle eut droit à entre une et trois heures de sommeil par jour. C'était insuffisant, mais en même temps le strict minimum dont elle avait besoin pour ne pas mourir. Même comme cela, son cœur s'emballait et ralentissait sur base régulière. Elle aurait sans doute besoin d'une consultation avec Karin après l'épreuve pour réparer les dégâts que l'examen avait causé à son muscle cardiaque, sans quoi elle ferait un arrêt dès le premier effort... Et elle n'aurait sans doute pas de médic assez puissant à ses côtés pour lui sauver la vie si cela arrivait.

Quelque chose s'achève, quelque chose commence - Partie 2 : ShippudenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant