Que chante le Murmure

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Sous sa peau, le dessin délicat et terrible des méridiens gorgés de chakra fleurit lentement tandis qu'elle se relevait après avoir fermé les yeux de sa mère. De Kiba. Elle n'arrivait pas à penser à l'après, à l'espoir qui pesait plus lourd qu'une montagne sur les épaules de Naruto sans même qu'il le sache. Il devait réussir, oui, mais elle ne parvenait pas à songer à ce tournant crucial. Tout ce qui se jouait dans ses sens hypersensibles et devant ses yeux baignés de larmes était le spectacle macabre de gens qu'elle avait aimés, brisés et sans vie.

Kiba.

Asuma.

Kurenai.

Le nukenin qui venait d'exécuter son ami d'enfance n'eut même pas le temps d'avancer vers elle – le Murmure bondit et lui arracha le cœur avant de le vider de son chakra jusqu'à la dernière, pitoyable goutte. Elle laissa le cadavre retomber à ses pieds comme on se débarrasserait d'un déchet, se tournant déjà vers des cibles plus alléchantes.

Ils allaient mourir.

Ils allaient tous mourir.

Ils allaient mourir, oui, et de sa main s'il le fallait. Elle rendrait à Konoha tout ce qu'on lui avait pris, avec le sang de ses ennemis comme offrande supplémentaire. Elle ne prit pas la peine de dégainer son sabre : pour sentir la vie quitter la multitude d'ennemis qui osaient tuer les gens qu'elle aimait plus que l'existence elle-même, elle préférait utiliser son chakra. Le Murmure. Ses ombres. Ses techniques Suiton. Parfois les trois à la fois. Une minute s'écoula et déjà les cadavres s'entassaient sur le chemin qu'elle se creusait à travers les rues dévastées du village.

Le pire était encore à venir.

Le Murmure lui parlait sans cesse à l'oreille, berçant son esprit de promesses de vengeance et de carnage. Elle éprouvait quelque chose qui ressemblait à du réconfort en les écoutant... Et un bénéfique détachement qui éloignait un peu la douleur. Sans ce voile protecteur autour de son âme, elle aurait été paralysée de souffrance en dépassant le corps brisé d'Ibiki sur les décombres, le visage ensanglanté. Sans ce voile, elle se serait effondrée en croisant le regard sans vie de Sai, les corps d'innombrables ennemis effondrés autour de lui – sa force et son courage n'avaient pas suffi.

Un rictus de haine pure tordit ses traits quand elle identifia les deux silhouettes qui lui tournaient le dos, loin devant elle, et le chakra de Kakashi juste à côté. Tendô et Shuradô. Elle leva les mains, le Murmure hurlant contre sa peau. Elle sentait déjà leur mort approcher comme un goût d'ambroisie sur sa langue. Quel plaisir elle en tirerait, musa-t-elle tandis que le terrible pouvoir du chakra que le Murmure lui offrait se solidifiait dans l'air.

— Hitomi !

Soudain, Hoshihi et Kurokumo apparurent devant elle, lui barrant le chemin et la vue. Leurs pelages étaient collés contre leurs corps minces par du sang séché, invisible sur le poil noir du plus petit des deux chats. Elle ne répondit pas, parce que les mots lui semblaient abstraits, comme des souvenirs à l'arrière de sa mémoire, derrière la Bibliothèque dressée comme un bastion de souffrance et d'engourdissement.

— Hitomi, tu dois reprendre le contrôle ! s'exclama Hoshihi. Je t'en prie, je sais que c'est tentant, que tu as mal, mais tu risques de tuer des gens que tu aimes dans cet état... Je t'en prie, Hitomi, reviens.

Ce ne fut pas la voix raisonnable de son familier qui fit reculer l'influence du Murmure sur son esprit mais la sensation de son chakra contre sa peau, à l'intérieur de ses méridiens. Kibaki lui avait parlé du pouvoir étrange des félins sur le Murmure ; la proximité d'Hoshihi suffisait à atténuer le rugissement constant du Kekkei Genkai dans ses oreilles. La tentation faiblit puis se dilua dans ses veines. Son regard s'éclaircit, la lumière qui émanait de ses méridiens s'atténuant peu à peu.

Quelque chose s'achève, quelque chose commence - Partie 2 : ShippudenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant