Discussions à coeurs ouverts

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Un mois après son réveil à Konoha, Hitomi sortit de chez elle et avança dans l'allée de graviers blancs, laissant le soleil baigner sa silhouette toujours trop maigre. Elle n'avait pas encore repris l'entraînement, mais Ensui promettait qu'elle serait bientôt prête – et elle parvenait à le sentir, elle aussi. Pour la première fois depuis tout ce temps, elle était seule, mais cela ne durerait pas : elle percevait et reconnaissait les deux sources de chakra qui venaient de franchir les portes des terres Nara. Elle avait de la visite, une de celles qu'on attendait dehors.

— Hitomi, grommela Shikaku d'une voix bourrue, pas la peine d'être aussi formelle. Je te l'ai amené en un seul morceau, ton mari.

Un petit sourire tendre naquit sur les lèvres de la jeune femme. Shikaku, comme toute sa famille, avait très, très mal pris la nouvelle des épreuves qu'elle avait traversées. Il le lui montrait à sa manière discrète, invisible pour quiconque ne connaissait par leur famille et ses mille coutumes.

— Tu dis ça, Ojisan, mais je sais que tu l'as copieusement menacé.

Aucun des deux hommes ne l'admit, mais les muscles contractés autour de leurs yeux et leurs expressions soigneusement neutres racontaient tout ce qu'elle avait besoin de savoir. Elle sourit, ouvrit le portique et les laissa entrer dans le petit coin de verdure qui séparait sa maison et la route avant de les emmener à l'intérieur. Les murs étaient encore nus pour la plupart, mais des meubles occupaient désormais l'espace, insufflant un peu de vie à leur nouveau foyer.

— Bon, je vais vous laisser tous les deux, annonça Shikaku après avoir examiné les lieux d'un regard appréciateur. Je vais occuper Ensui toute la journée, il vous laissera tranquille. Restez sages et ne faites rien que je n'approuverais pas !

— Ojisan, tu approuverais bien des choses que personne ne trouverait sage.

Il ponctua cette affirmation d'un petit rire bourru puis quitta la maison. Hitomi suivit son chakra à l'aide de son sixième sens jusqu'à ce qu'il atteigne le bâtiment d'où il dirigeait le clan et réglait les affaires qui le concernaient au quotidien. Elle percevait aussi Ensui dans le grand bureau au dernier étage qu'elle connaissait si bien.

— Hitomi-san ? demanda Itachi d'une voix douce et soucieuse.

Elle battit des paupières, reportant aussitôt son attention sur lui. Il regardait ses mains gantées avec une expression légèrement confuse qui contracta le cœur de la jeune femme.

— J-je ne supporte plus le contact physique avec... Certaines personnes. Les hommes, mais pas les civils. Pour éviter d'effleurer mon maître, mon oncle ou l'un de mes amis par accident, je me protège.

Une ombre joua sur les traits altiers d'Itachi. Il changea d'appui en serrant les doigts autour des anses du sac de toile que lui avait fourni Sakura, rempli de quelques vêtements à sa taille et des traitements qu'il devrait suivre rigoureusement durant les prochaines semaines pour que son infection pulmonaire et ses yeux achèvent de guérir.

— Je n'ai pas de mots pour vous dire à quel point je suis navré de ne pas être rentré plus tôt à la base, Hitomi-san. Peut-être que les conséquences ne seraient pas aussi graves si j'avais pu vous sortir de là plus tôt.

Elle secoua la tête et tourna les talons, traversant le petit hall d'entrée en quelques enjambées. Dans le salon avaient été installés le canapé, les fauteuils et le kotatsu ; après avoir troqué ses chaussures contre les chaussons fournis à l'hôpital, Itachi la suivit. Elle l'emmènerait acheter ses propres pantoufles plus tard. Comme elle, il choisirait sans doute des mocassins noirs, mais elle ne connaissait pas sa taille et... elle réalisait en fait qu'elle ne connaissait vraiment pas grand-chose à son sujet. Qu'il lui restait tout un monde à découvrir avant que la vie à deux perde sa nouveauté et s'inscrive dans la routine. Elle s'installa sur le canapé, repliant ses jambes sous elle de façon à occuper deux places et supporter son buste sur l'accoudoir. Après une légère hésitation, il s'assit sur l'autre flanc du canapé, droit et digne comme toujours. Il apprendrait à se détendre parmi les Nara. Peut-être. Un jour.

Quelque chose s'achève, quelque chose commence - Partie 2 : ShippudenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant