Au Pays des Rizières

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Après cette mission, les semaines et les mois passèrent sans qu'Hitomi ne le réalise. Elle avait le nez dans son travail, se perdait parfois complètement dans les montagnes de paperasse que Shikaku mettait à sa disposition et n'en ressortait que motivée par l'odeur de la nourriture que son oncle apportait dans le bureau. Il l'avait faite travailler à quelques reprises avec le département Torture et Interrogatoires, exploitant sans vergogne les liens d'amitié que sa nièce avait tissé avec son directeur et les membres les plus éminents de son équipe pour obtenir certaines informations un peu plus tôt qu'il ne l'aurait dû. Personne ne désapprouvait et surtout pas Hitomi, qui se voyait elle-même exposée aux informations en question puisqu'elle servait de messagère.

Un matin, quelques semaines à peine avant la fin de l'année scolaire – ses trois futurs élèves ne tenaient pas en place et en faisaient voir de toutes les couleurs à leurs professeurs, pour sa plus grande mais discrète fierté – Hitomi fut convoquée dans le bureau de Tsunade. Elle ne pouvait ignorer tout à fait le nœud d'anxiété dans son estomac : la Hokage l'appelait rarement à elle depuis qu'elle s'était brouillée avec Kakashi et travaillait sous la supervision du Jônin en Chef. Pourquoi s'ajouter du travail quand la cheffe de guerre pouvait tout simplement demander à son bras droit de lui transmettre les missions nécessaires ? Mais ceci... Ceci était personnel. Assez personnel pour qu'elle veuille éviter d'y mêler Shikaku. Hitomi tremblait de frayeur et d'anticipation.

— Hitomi, tu es là ! Très bien, je devais vraiment te voir. Installe-toi, s'il te plaît.

Tsunade ne tournait pas autour du pot. Tsunade ne se tordait pas les mains. Et pourtant...

— J'ai une mission pour toi, Hitomi-chan.

— J'avais déjà déduit cette partie-là, Tsunade-sama. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse qui implique de laisser mon oncle dans le noir, exactement ?

La cheffe de guerre n'avait pas l'air ravie de se faire interrompre de la sorte, mais c'était elle qui avait provoqué cette situation bizarre en n'allant pas droit au but, pas vrai ? Médusée, Hitomi la regarda soupirer, s'avachir à moitié sur son bureau et se cacher le visage dans les mains.

— C'est exactement pour ça que je ne voulais pas de ce foutu poste à l'origine. J'ai l'impression de torturer des gamins alors que je me contente de les envoyer au travail en utilisant leurs ressources de la meilleure manière qui soit.

— Tsunade-sama, vous me torturez surtout en tournant autour du pot comme ça. Dites-moi ce que vous voulez que je fasse, d'accord ?

La médic de légende soupira à nouveau, posa résolument les mains sur son bureau et redressa la tête, plantant son regard de miel droit dans le sien.

— Je veux que tu ailles à la recherche de Sasuke Uchiha au Pays des Rizière, Hitomi-chan.

Le souffle de la kunoichi se mua en glace, bloquant sa trachée et alourdissant ses poumons. Devant ses yeux revinrent danser des images cruelles – l'éclosion du Kaléidoscope de Sasuke tandis qu'il la poignardait, la détresse sans nom si parfaitement cachée derrière ses traits inexpressifs en apparence alors qu'il venait en aide à Sai et elle, et tellement d'autres encore. Elle ne manquait pas de mauvais souvenirs associés à son frère adoptif, celui qui avait bien voulu se perdre en chemin et suivre, sans le savoir, les traces d'Itachi.

Comme le destin se montrait cruel parfois.

— P-pourquoi ? parvint-elle à articuler quand elle eut retrouvé son souffle.

— Plusieurs choses. Je veux que tu lui transmettes de nouvelles instructions que je te donnerai sous peu, que tu l'interroges dans le détail concernant sa santé... Que tu me le ramènes aussi, sans que personne ne le sache ou ne le voie. Je dois lui donner ses nouvelles pupilles.

Quelque chose s'achève, quelque chose commence - Partie 2 : ShippudenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant