Chapitre 28

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Ciel rentra chez lui en claquant la porte et se dirigea vers le salon, où se trouvait son père devant une pile de feuilles. Il s'assit en face de lui et attendit que l'adulte lui prête un minimum d'attention, ce qui s'avéra peine perdue.

- Pourquoi est ce que tu es allé voir Aloïs ?

- Il te l'a dit ? Je ne savais pas si il le ferait.

- Je te parle !

- J'entends et je sais que tu me parles, je suis même en train de te répondre.

- Totalement à côté, magnifique réponse ! Pourquoi es tu allé le voir ?

- Il m'avait appelé. Ça aurait été impoli de refuser de le voir.

- Oh, donc tu y as été comme si tu accomplissais une œuvre de charité, vraiment. Ce qui veut dire que tu considères Aloïs comme une personne quelconque qui demande juste à pouvoir rencontrer ta merveilleuse personne. Je crois que j'aurais encore préféré le contraire.

- Tu aurais préféré que j'accorde de l'importance à ce rendez vous parce que tu es mon fils et qu'il est important pour toi ?

- Disons que ça aurait été plus respectueux.

- Soit. Je suis allé à ce rendez vous car en effet, tu es mon fils, et que je m'intéresse à toi. Je veux savoir ce que tu penses, parce qu'aussi stupide que ça puisse paraître, j'ai peut être encore un espoir que tu me pardonnes. Aloïs est la personne avec qui tu passes tout ton temps, et je pensais qu'il saurait te comprendre, et que grâce à lui je pourrai faire de même.

- Et ?

- Et même si il dit qu'il n'arrive pas à te comprendre, il le fait mieux que personne. Mais surtout je me rends compte à quel point tu es différent quand tu es avec lui. La manière dont il parle de toi... te fait paraître comme quelqu'un d'attentionné et généreux, qui donne tout ce qu'il peut offrir. J'aimerais te connaître. J'aimerais te connaître comme celui que tu es vraiment, mais il y aura toujours le blocage de ta mère, et j'en suis désolé.

- Mais pas désolé de l'avoir tué.

- Si tu crois, que je ne regrette pas, chaque jour, à chaque instant, ce qui a pu se passer, tu te trompes. J'étais un imbécile, et j'ai fait des erreurs. Mais j'ai appris de ces erreurs, et je les ai corrigé. J'ai essayé d'être un meilleur père, mais ce fossé qui s'est creusé entre nous, tu ne veux pas le combler.

- Dis que tu l'as tué. Dis que tu l'as tué et que tu es en train de la remplacer. Et si tu peux le faire, alors peut être que tu resteras quelqu'un que je déteste, mais au moins tu ne seras pas lâche.

- ... Je l'ai tué. Inconsciemment, je l'ai tué. Mais je ne la remplace pas.

- Donc tu ne changeras jamais. Tu n'assumeras jamais tes fautes.

- J'aime Sandra, je ne te permets pas de lui manquer de respect de la sorte.

- Parce qu'en plus tu l'aimes ?! Bordel t'as passé ta vie à détruire celles des autres, de la femme qui t'aimait, et maintenant t'en aimes une autre !

- Arrête. J'ai aimé ta mère, et je l'aime encore. Mais elle est partie, et que ce soit de ma faute ou non, tu ne peux pas me demander d'être seul toute ma vie. De plus, je pense que tu sais très bien que tu ne peux pas choisir tes sentiments ni les personnes à qui ils s'appliquent.

Son père se tut et se replongea dans les feuilles qui lui faisaient face, pendant que Ciel était décontenancé de ses dernières paroles. Faisait il référence à Aloïs ? Ciel savait plus ou moins que son coeur battait beaucoup trop fort en la présence du blond pour qu'il ressente seulement de l'amitié, mais pourquoi et comment son père pouvait t-il savoir ça ?

- Est ce que tu veux bien lâcher cinq minutes tes papiers stupides pour parler, ou est ce que même avoir une discussion tu ne sais pas faire ?

- Désolé, mais ces documents sont interminables, et il faut les rendre au plus vite pour te désinscrire.

- Quoi ?

- Franchement, je me demande pourquoi est ce que c'est si long. Si ils allumaient leurs ordinateurs et tapaient trois phrases, ça suffirait. Au lieu de ça, je suis condamné à passer l'après midi à remplir des feuilles que personne ne lira jamais.

- Me désinscrire ?

- Et bien, tu as dit que tu voulais arrêter le lycée, donc tu arrêtes le lycée. Je n'ai plus envie de me battre, tu as gagné. Maintenant tu peux faire ce que tu veux, je ne dirai plus rien. Et Finny m'a parlé de ta demande d'émancipation. Même si tu veux le faire, tu resteras toujours mon fils. Ma porte restera ouverte dès que tu auras besoin d'aide. Concernant Aloïs, c'est une bonne personne. Je suis heureux que voir que tu peux aimer quelqu'un, et réciproquement. Essaie de prendre soin de lui.

- Heu. Oui. D'accord. Non, pas d'accord. Attends de quoi tu parles ?!

Son père sourit tandis que de légères rougeurs apparaissaient sur son visage. L'adulte lui tendit une feuille et un stylo et il signa, ratant son trait comme dans tous ses documents importants.

- Est ce que ça veut dire... que tu as abandonné l'idée d'être un père ?

- Est ce que tu as abandonné l'idée d'être un fils ?

- J'ai abandonné des tas de choses. Certaines ont finies par revenir.

- Et d'autres n'ont jamais disparues, elles se sont simplement fait invisibles. Je n'ai jamais abandonné l'idée de t'aimer. Je l'ai oubliée pendant un certain moment, mais maintenant je le regrette. Et je t'aime.

- Il est probable que je n'arrive jamais à te pardonner ce que tu m'as fait subir. Tu ne m'as pas offert de père, et tu m'as enlevé ma mère. Tu as fait des promesses que tu n'as pas tenu, tu m'as trahi. Tu m'as enfermé, tu m'as empêché de voir mes amis, et ne me regarde pas comme ça, tu sais très bien que je ne mens pas. Et dieu sait que je pourrai continuer pendant des heures. Si je suis devenu ce que je suis, c'est de ta faute. Si tu détestes ce que je suis, c'est de ta faute.

- Je ne te détestes pas.

- Non, bien sûr, tu ne détestes pas la personne que tu vois maintenant. Mais tu détestes celle que tu voyais l'an dernier, celle que tu m'as fait devenir. Et ça, je ne pourrais jamais te le pardonner.

- Et donc, qu'est ce que tu proposes ?

- On dit que le temps efface les blessures. Si tu as de la chance, ça marchera, et je pourrais peut être te reparler un jour, construire avec toi une vraie relation. Dans le cas contraire, tu pourras te lamenter jusqu'à la fin de tes jours d'avoir perdu ton fils. Mais de toute façon, tu te construis une autre famille, alors tu pourras compenser.

- On en revient à ça ? Tu adores Finny, tu vas chez lui depuis des années, Sandra t'a élevé en même temps que son fils, qu'est ce que ça change ?

- Je n'adore pas Finny.

- C'est ton meilleur ami.

- C'était, ce qui prouve le manque de communication que tu as.

- Qu'est ce qu'il s'est passé ?

- On a fait une trêve, on n'est pas devenus proches.

- Bien sûr.

- J'y vais. Aloïs va m'attendre.

- Tu manges avec nous ce soir ?

- Est ce que j'ai le choix ?

- J'aimerais que tu viennes, mais je ne peux pas te forcer.

- Ok, j'essaierai d'être là.

- Merci.

- Ouais. À plus tard.

___________

Hello les gens
Je commence à prendre un peu d'avance dans l'écriture et les choses s'accélèrent donc je vais essayer de revenir au rythme de un chapitre par semaine
C'est pas sur que je le tiendrais parce que les profs aiment donner trois tonnes de devoirs d'un coup
Mais si je le tiens, dans deux semaines c'est la mise en couple
Bref bisous les gens

Pour que ton souffle ne s'arrête pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant