Chapitre 16

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Deux jours s'écoulèrent ainsi. Ciel passait ses journées à refaire la décoration de sa chambre de manière très peu académique, son père lui apportait ses repas auxquels il ne touchait pas, et lorsque Finny rentrait, il avait seulement le droit aux devoirs de la journée.

Le matin du troisième jour, alors que son père lui apportait le petit déjeuner, il s'assit sur le lit de son fils et lui parla.

- Je suis vraiment désolé d'avoir dû en arriver là. Tu sais très bien que je n'ai jamais voulu la mort de ta mère, mais c'était il y a longtemps, et Sandra et moi on s'aime et on a le droit de refaire notre vie. Quant à toi, tu aura beau me mener la vie dure, tu restes mon fils et je t'aime.

- Si tu m'aimes, comme tu le dis, laisse moi partir. Parce que moi je te déteste, et je veux juste que tu meures. Donc ça sert à rien d'essayer de faire en sorte qu'on soit une famille parce que je te supporterait jamais. Maintenant, j'ai des gens à revoir, donc merci mais casse toi.

- Ciel. Tu ne sortiras pas d'ici et tu le sais très bien. Toutes les portes sont verrouillées. Et tes amis, on en a déjà parlé, ils ne sont vraiment pas de bonnes fréquentations. Je suis persuadé que c'est à cause d'eux que tu es comme ça, et que tu as entraîner Finny dans ta chute.

- Sauf que cette mauvaise fréquentation, comme tu dis, est puceau, n'a jamais touché à la drogue ou à l'alcool, et c'est un putain d'intello. Oh, est ce que j'ai déjà mentionné qu'il a la muco, qu'il risque de crever dans peut être cinq minutes, et que étant donné que c'est une personne à laquelle je tiens beaucoup plus que toi, je préfère être avec lui plutôt qu'avec toi. Par ailleurs tu l'as invité à ton mariage de merde pour me forcer à y aller.

- Ciel...

- Non, pas de Ciel. Je ne veux plus jamais te parler alors ça sert à rien de gaspiller ta salive pour me dire que de la merde. Maintenant dégage.

Son père soupira et sortit donc de sa chambre, en prenant soin de fermer la porte à clé. Une nouvelle journée s'écoula ainsi. Le soir, lorsque Ciel entendit la porte d'entrée s'ouvrir et Finny rentrer, se faire accueillir joyeusement par son père et sa belle mère, il balança sa lampe de chevet sur la fenêtre. Elle de brisa sur le coup, et il contempla les morceaux de verre étalés au sol. En entendant des pas dans l'escalier, il griffona rapidement un message sur un bout de papier et le glisser sous sa porte. Il entendit Finny le ramasser et chuchoter.

- T'es sûr de toi ? Si il s'en rend compte, t'es mort.

- Je m'en fous totalement de lui. Grouille d'aller dans ta chambre maintenant.

Finny soupira et s'exécuta. Quelques instants plus tard, il mettait son enceinte à fond, comme l'avait demandé Ciel. Celui-ci attrapa la chaise de son bureau, qui gisait par terre depuis son emprisonnement, ouvrit sa fenêtre et frappa la chaise contre les planches de bois. Il recommença et recommença encore, quitte à casser les barreaux de sa chaise.

Après un énième coup, le bois céda enfin et il escalada le rebord de la fenêtre. Il sauta et atterrit dans un des buissons qui bordait la maison.
Il enfourcha la moto appartenant au voisin, qui n'en faisait plus depuis son accident, et démarra en trombe. Il roula jusqu'à l'hôpital et à dix neuf heures quarante huit, il débarquait dans le hall. Une infirmière se dirigea rapidement vers lui, et il sentit déjà les interdictions venir.

- Excusez moi, je peux faire quelque chose pour vous ?

- Si vous ne protestez pas, ça sera déjà très bien.

- Pourquoi êtes vous là ?

- Je veux voir quelqu'un, et vous savez quoi, je me fiche totalement que l'heure des visites soit passée ou qu'il ne veuille pas le voir, j'irai quand même. Alors si vous pouviez me dire dans quelle chambre est Aloïs Trancy avant que j'aille fouiller toutes les chambres de l'hôpital et déranger tous les patients, ça m'arrangerait.

- Oh, je vous reconnaît maintenant. Vous vous étiez déjà fait remarquer quand vous étiez venu. J'imagine que vous ne me laisserez pas tranquille tant que vous n'avez pas vu votre ami. Il est chambre 908 mais c'est dans le bâtiment d'à côté. Venez, je vais vous faire un laissez passer.

Il la suivit, et trois minutes plus tard, il était devant la chambre 908. Il frappa et entra dans attendre la réponse du blond. Aloïs était dos à la porte, assis sur son lit. Il toussait et il crachait ce que Ciel imagina être du mucus. Il se retourna et fronça les sourcils en voyant Ciel. Il lui tourna le dos et recommença à cracher. Ciel s'approcha et s'assit à côté de lui. Il lui caressa doucement le dos, l'aidant à sa manière à supporter la douleur. Ils restèrent ainsi une dizaine de minutes avant qu'Aloïs arrête de tousser.

- Merci.

- C'est normal. Ça va mieux ?

- Ouais, t'inquiètes pas. Qu'est ce que tu fais là ?

- J'avais envie de te voir...

Alois s'était assis contre des oreillers, ses jambes reposant sur le lit. Alors Ciel posa sa tête sur son ventre et le blond posa machinalement sa main dans ses cheveux et les caressa, sans se rendre compte réellement de ce qu'il faisait.

- Y a un truc qui va pas ?

- Juste mon père qui me séquestre.

- Quoi ?

- T'inquiètes. Je gère de ce côté-là. Je suis passé chez toi y a quelques jours. Ta mère m'a dit que t'avais décidé de revenir à l'hôpital. C'est étonnant après ce que t'a dit au lycée.

- De quoi tu parles ?

- C'était y a longtemps. T'avais dit que tu voulais plus retourner ici parce que y avait la mort partout.

- Tu l'as dit, c'était y a longtemps. Et j'ai fait deux crises depuis. Je préfère être ici si jamais ça s'aggrave. En plus, y a à peu près tout le monde qui me fait la gueule au lycée.

- Moi je te fais pas la tête, c'est l'inverse.

- Je crois que si je te faisais vraiment la tête, tu serais pas dans ma chambre alors que l'heure des visites est passée depuis je sais pas combien de temps.

- Tant mieux. J'aime pas être fâché avec toi.

- Je sais. Moi non plus.

Ciel releva la tête et plongea son regard dans celui d'Aloïs. Il lui sourit et lui embrassa la joue. Ensuite ils mirent un film et quelques heures plus tard ils dormaient l'un à côté de l'autre.

Pour que ton souffle ne s'arrête pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant