Chapitre 24

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Deux heures après la fin de son scan, Aloïs rejoignit la cafétéria où l'attendait déjà le père de Ciel.

- Désolé pour le retard, j'ai eu quelques examens à passer.

- Ce n'est pas grave. Ravi de vous voir, bien que la situation ne soit pas vraiment positive.

- Je sais, je suis désolé de vous avoir appelé, mais sur le moment je pensais que Ciel avait besoin d'aide, et...

- J'imagine qu'il a besoin d'aide. De la mienne je ne sais pas, mais il a besoin d'aide. À vrai dire, j'en ai besoin aussi. Je n'arrive plus à le comprendre, ni même à lui parler. Et maintenant il arrête soudainement le lycée, non pas pour se concentrer sur ses... «passions», mais pour s'occuper d'un malade... Ce n'est pas contre vous, mais il a tellement changé depuis qu'il vous connaît.

- C'est vrai que je ne le connais pas depuis longtemps, mais... il change, et je crois que c'est dans le sens positif. Pas le fait qu'il arrête ses études, mais qu'il arrête tout le reste.

- Comment est ce qu'il est, quand il est avec vous ?

- C'est quelqu'un de bien. Il est attentionné avec moi, et j'ai confiance en lui. J'ai essayé de m'éloigner de lui, parce que j'avais peur. Peur de la suite à cause de ma maladie, parce que je ne veux pas le blesser ou le mêler à tout ça. Mais malgré tous mes efforts, il est resté, et je sais qu'il restera encore. Il m'a emmené loin d'ici et de cet enfer, et il a promis de recommencer. Il veut m'emmener visiter le pays, et je crois qu'il le fera.

- Quelle ironie, vraiment. J'ai l'impression de ne plus connaître mon fils. En réalité je ne l'ai jamais connu, mais toutes les images qu'il me renvoyait étaient celles d'un adolescent qui ne se prenait pas au sérieux et qui passait son temps à se droguer.

- Je sais qu'entre vous deux c'est compliqué, et je crois savoir pourquoi. Enfin je n'ai que la version de Ciel, alors si je pouvais avoir la votre je pourrais mieux comprendre.

- C'est... une histoire assez compliquée. J'imagine que Ciel t'a déjà parlé de sa mère ?

- Il m'a raconté qu'à une époque vous étiez dépendant à l'alcool et qu'il vous arrivait d'être violent avec sa mère. Un jour elle aurait pris pas mal d'antidépresseurs et aurait eu un accident de voiture. J'en sais pas plus.

- Je ne pensais pas que Ciel se confirait autant.

- Alors c'est en partie vrai ?

- En intégralité. J'étais effectivement alcoolique, et il m'arrivait de ne plus me contrôler. Vers cette période, j'ai fréquenté une autre femme, et lorsque la mère de Ciel l'a appris, elle a disjoncté. Elle a fait une overdose d'antidépresseurs et a percuté un camion. Elle est morte sur le coup, et pour moi ça a été un électrochoc. J'ai arrêté de boire et j'ai remis ma vie en ordre. Mais Ciel ne m'a jamais pardonné de l'avoir fait souffrir. Et à force de se disputer avec lui, j'ai fini par nier mon rôle dans son accident. Je ne voulais pas admettre mes torts, et je me disais que ça allait passer et qu'il finirait par me reparler. Pour atteindre ce but, je l'ai laissé faire ce qu'il voulait pendant quatre ans, mais ça ne marchait pas et il me haïssait toujours autant. J'ai commencé à être plus autoritaire avec lui, à lui interdire de sortir et de boire, mais il ne m'écoutait pas. Il ne le fait toujours pas, et je pense que ça n'arrivera jamais. J'ai perdu toute chance de me réconcilier avec lui.

- Peut être pas. Je n'en suis pas sûr, mais je pense que Ciel a envie de vous parler et de reprendre une relation normale avec vous. Il ne le fait pas parce qu'il ne sait pas comment s'y prendre, et il a peur. Il est effrayé par le fait de s'ouvrir aux autres, à vous encore plus, et ça le paralyse.

- Mais il n'a pas peur de s'ouvrir à vous visiblement. Vous en savez beaucoup sur lui.

- Ce ne sont que des suppositions, il ne l'avouerait jamais.

- Oui, je suppose qu'il ne le ferait pas. Et ensuite ? Même si il le veut, je ne peux pas le forcer à me parler.

- Mais je crois que je peux le faire. Ça serait peut être plus simple pour lui de parler en présence de quelqu'un d'autre, du moins il serait forcé d'écouter.

- Il vous en voudra de faire ça.

- Sur le coup, oui. Après, cela dépend de lui. Mais il ne m'en voudra pas, pas très longtemps.

- Je ne peux faire que vous croire. Bien, j'imagine qu'il est temps que je parte. Merci d'avoir appelé.

- Au revoir.

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Le lendemain, Aloïs retrouva ses parents qui l'accompagnèrent chez son médecin. Les Trancy étaient assez nerveux ; c'était sûrement l'un des rendez vous les plus importants qu'ils avaient eu, et chacun sentait que les résultats des examens allaient être décisifs.

Le médecin les accueillit avec un sourire rassurant, mais Aloïs avait assez côtoyé l'hôpital pour reconnaître quelqu'un qui voulait cacher la véritable nature de ce qu'il voulait annoncer.

- Nous avons reçu les résultats des scans que Aloïs a passé hier. Avant toute chose, je voudrais m'excuser d'avoir été si direct la dernière fois. Je ne voulais pas te brusquer ou autre.

- Je sais. Je veux juste les résultats.

- Bien. Tu as attrapé une infection. Mais pour l'instant, la situation est encore sous contrôle. L'infection ne s'est répandue qu'au poumon droit, ce qui veut dire qu'elle peut encore être traitée sans trop de dégâts.

- Et mes antibiotiques ? Si l'infection a pu se développer, c'est qu'ils n'agissent pas.

- En effet, ils ne parviennent pas à repousser sa progression. On va donc compléter ton traitement avec du chloramphénicol, du pipéracilline et du cotrimoxazole. Ils vont pouvoir minimiser la progression, et ensuite on va pouvoir travailler à la réduire.

- Qu'est ce qui se passera si ça ne marche pas ?

- Je crains... que si jamais l'infection se répand aux deux poumons on ne puisse plus rien faire, si ce n'est essayer de repousser l'échéance.

- Ok... Quelles sont les chances ?

- Aloïs, on n'a pas besoin de savoir...

- Quelles sont les chances ?

- ... Elles sont assez faibles.

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Je publie en avance mais j'ai plus de réseau jusqu'au 4 décembre minimum donc je fais ça maintenant

Du coup si je réponds aux commentaires deux semaines après c'est normal (mais de toute façon y a jamais de coms donc on s'en fout)

J'avais écrit des chapitres en avance du coup ça se trouve je pourrais même pas les publier 😭

Bye les gens

Pour que ton souffle ne s'arrête pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant