Chapitre 37

147 10 7
                                    

Dix sept pourcents. Il avait franchi la limite. La nouvelle était tombée, brutale, violente, et n'avait pas laissé le temps aux proches d'Aloïs, ni au blond lui même de s'y préparer.

L'adolescent avait été transféré d'urgence en réanimation et était maintenant placé sous respirateur artificiel, beaucoup plus efficace qu'une simple bonbonne de gaz. Et c'était comme si tout s'était arrêté. Il ne verrait plus jamais l'extérieur. Il était condamné à attendre dans un lit, sans bouger, sans parler.

Ciel avait attendu deux heures, sans nouvelles, n'ayant que les sanglots de la mère du blond pour le distraire, ou renforcer son angoisse. Et quand il avait enfin pu obtenir le droit d'aller voir son petit ami, ses parents lui avaient demandé de ne pas le faire. « Tu sais que nous t'adorons, mais on a besoin d'être en famille pour le moment », voila ce qu'ils avaient dit. Et évidemment, aucune protestation n'était possible.

Il avait donc dû continuer à attendre. Arthur avait fini par le rejoindre et s'était assis à ses côtés, en silence. Et le bleu ne savait pas si ce silence était pesant ou réconfortant. Il n'avait pas envie de parler, il n'avait pas non plus envie d'écouter quelqu'un, mais ne rien dire était un mauvais signe, indiquant que la situation ne pouvait pas être pire.

Après ce qui lui sembla une éternité, les parents du blond sortirent de la chambre, et il y alla avant qu'on le lui interdise encore. Aloïs était allongé, un tube dans le bras, un autre dans sa bouche et un masque respiratoire sur le visage. Et il ne croisa pas le regard du bleu. Ciel s'assit à côté de lui et lui attrapa sa main qu'il serra contre lui, sans rien en retour.

-Est ce que ça va ?

- ...

- Est ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Aloïs, parle moi je t'en prie. J'ai besoin de toi, là, maintenant. Peu importe ce qu'il va se passer plus tard, pour le moment il nous reste encore du temps. On est mariés, tu dois pouvoir me faire confiance et me parler.

- ... Je suis désolé. Sors.

Ciel se rembrunit et après une seconde d'hésitation, il obéit. Arthur ne tarda pas à entrer à son tour et resta appuyé sur ses béquilles, fixant le dos d'Aloïs.

- C'était méchant.

- Arrêtes.

- Enlèves ta bague. Enlèves la et regarde à l'intérieur.

Le blond lança un regard à l'unijambiste avant d'ôter l'anneau de son doigt. Il lut rapidement l'inscription gravée dans l'or avant de se mordre la lèvre pour retenir un sanglot.

- Je... J'ai besoin de ne pas penser à lui. Je ne peux pas penser à lui. Parce que je vais pleurer, et je ne veux pas. Je vais mourir, ce n'est pas à moi de pleurer. Et il me fait pleurer. C'était une terrible, terrible erreur.

- De te marier ?

- De le laisser entrer dans ma vie. Je savais ce qui allait se passer. J'aurai dû l'en empêcher, tout le monde m'avait prévenu et...

- Tout le monde t'avait prévenu de quelque chose, mais pas de ça. L'erreur, ça aurait été de ne pas le laisser faire. Vous êtes fous l'un de l'autre, c'est une évidence et rien ne pourra changer ça. Et cet après midi, avant le mariage, il était tellement heureux. Mais il était conscient de ce que ça impliquait, et il a choisi.

- « Jusqu'à la fin »... Au moins il sait qu'il y en a une.

- Et il veut rester avec toi jusqu'à ce moment. Restes avec lui aussi.

Aloïs commença à pleurer et il étendit un bras vers Arthur. Le brun posa ses béquilles contre le mur et vint s'allonger sur le lit, entourant l'adolescent d'une étreinte ferme. Réconforter les autres quand on est soi même au bord du gouffre est encore plus destructeur. Mais il faisait avec.

Pour que ton souffle ne s'arrête pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant