Pour que ton souffle ne s'arrête pas

Chapitre 45

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Finny poussa la porte de la chambre de Ciel et avança vers le lit, enjambant les bouteilles qui jonchaient le sol. Il s'assit sur le bord du matelas et secoua doucement le bleu.

- Hé, Ciel, réveilles toi.

- Mmmm.

- Il va bientôt être seize heures, il faut que tu te lèves.

- Pas envie.

- Très bien. Alors je m'excuse pour ce que je vais faire, mais tu ne me laisses pas le choix.

Le blond se leva et ouvrit les rideaux d'un coup sec, laissant la lumière éclairer la pièce. Ciel gémit et se recroquevilla sous sa couette, que l'adolescent lui arracha des mains. Le bleu soupira et finit par se redresser en se frottant les yeux.

- Je te déteste.

- Je sais. Comment est ce que tu te sens ?

- Mal à la tête.

- Je vais te chercher un verre d'eau.

- Je vais vomir.

Finny tendit une bassine au jeune homme qui joigna le geste à la parole et se libéra du surplus d'alcool. Il sortit de la chambre et revint quelques minutes plus tard avec de l'eau et de l'aspirine, que l'adolescent accepta sans discuter.

- Combien de bouteilles t'as bu pour te retrouver dans cet état ?

- Je ne sais pas. Mais mon père n'a jamais su cacher sa réserve d'alcool.

- Tu sais déjà ce que je vais te dire mais...

- Alors ne le dis pas.

- ... Demain on a prévu d'aller manger avec la bande, pour fêter la fin de l'année. Et on ira au cinéma après. Tu devrais venir.

- Non.

- Ciel. Ça fait deux semaines que tu ne sors pas de ta chambre, que tu bois, et que... Tu as besoin de sortir avec tes amis, et c'est ce qu'on va faire, alors viens nous rejoindre au lycée à la fin des cours, et on passera une bonne soirée tous ensemble. Tu n'es pas obligé de venir, mais ça nous ferait plaisir, alors réfléchis y.

- Mouais.

- Tu veux manger quelque chose ?

- Oeufs au plat.

- D'accord. Et vas prendre une douche, tu pues l'alcool.

Ciel étouffa un juron et replongea la tête dans son oreiller. Il se leva quelques minutes plus tard et se rendit à la salle de bains, percutant les nombreuses bouteilles vides. Il se passa un peu d'eau sur le visage et observa son reflet. Les yeux rougis, les traits tirés. Il ne se ressemblait plus. Ou plutôt, il ressemblait à son ancien lui. Toujours ivre, à faire n'importe quoi. Il esquissa un sourire moqueur et lâcha un « pitoyable » avant de se déshabiller et d'entrer dans la douche.

Après s'être préparé, il descendit dans la cuisine et attrapa l'assiette que lui tendait Finny. Il laissa son père s'asseoir à côté de lui et lui ébouriffer les cheveux pendant qu'il mangeait, puis remonta dans sa chambre dès son repas terminé, sans avoir décoché un mot.

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Ciel se réveilla en sursaut, haletant et trempé de sueur. Il frappa son poing contre son front et reprit lentement sa respiration, avant d'attraper son réveil. Douze heures trente huit. Il repoussa sa couverture et posa un pied au sol. Il avait chaud. Vraiment très chaud. Et il avait mal à la tête.

Il avait besoin d'alcool. Il se leva et descendit les escaliers quatre à quatre, manquant de trébucher. Il entra dans le salon et s'agenouilla devant le placard où son père rangeait ses bouteilles d'alcool. Il essaya de l'ouvrir, en vain, avant de voir un cadenas installé. Il lâcha un juron et donna un coup dans le meuble, attirant son géniteur dans la pièce.

- Ouvre le.

- C'est mieux comme ça, crois moi. Je sais que c'est dur, mais boire ne va rien t'apporter de bon.

- Ouvre ce putain de placard !

- Je suis désolé. Je suis là si tu as besoin de parler ou de quoique ce soit d'autre, mais tu ne boiras plus une goutte d'alcool.

- Quoi ? Arrêtes. Tu ne peux pas me faire ça.

- Je le fais pour ton bien. Tu as besoin de sortir un peu, prendre l'air, et surtout d'être sobre. Tu devrais rejoindre Finny et les autres. Profites avec tes amis, passes un bon moment. D'accord ?

- J'y crois pas... Est ce que tu crois vraiment savoir ce qui est mieux pour moi ?! Tu le crois vraiment ?! Merde, Aloïs est mort ! Qu'est ce que tu pensais ?! Que j'irais bien ? Qu'il n'était qu'une phase ?! Je l'aimais, et il est mort, alors j'ai bien le droit de prendre tout l'alcool que je veux ! Et toi, tu n'as certainement pas à décider de ce que je vais faire ou ne pas faire !

- C'est mieux pour tout le monde.

- C'est mieux pour toi peut être, mais je ne suis pas toi ! Je ne suis pas tout le monde !

Son père entama un geste vers lui, que Ciel repoussa avant de se redresser et de partir. Il claqua la porte de la maison et enfourcha sa moto, s'éloignant le plus rapidement. Il ne savait pas où il allait. Les larmes coulaient rageusement sur son visage, brouillant sa vue. Il finit par se retrouver dans un quartier isolé, où il n'était encore jamais allé.

Il s'arrêta pour reprendre son souffle et s'assit contre un muret. Il ferma les yeux et inspira longuement, puis expira et répéta la même opération. Lorsqu'il rouvrit ses paupières, son regard tomba sur de longues jambes habillées de noir. Il releva la tête et croisa les pupilles dorées de Claude Faustus.

- Qu'est ce que vous voulez ?

- Vous êtes devant chez moi, Phantomhive.

- Ravi de le savoir. A part ça ?

- Est ce que je peux faire quelque chose pour vous ?

- A moins que vous ayez de l'alcool, non.

- J'en ai. Vous voulez entrer ?

- Vous risquez pas de perdre votre poste en alcoolisant un de vos élèves ?

- Ancien élève. Vous n'êtes plus sous ma responsabilité.

- Alors c'est d'accord.

Ciel se redressa et suivit l'adulte à l'intérieur de la maison. Celle ci était grande, sans vraiment de décoration, n'ayant que les meubles pour orner la pièce. Il suivit son ancien professeur jusqu'au salon et le laissa lui rapporter plusieurs bouteilles d'alcool. Les verres s'enchaînèrent en silence, et de plus en plus tard. Ciel avait perdu la notion du temps, mais il s'en moquait. Il se moquait aussi de la poudre blanche que Faustus avait versé dans son verre.

Il n'aurait pas dû.