Chapitre 35

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- Est ce que... est ce que c'est vrai ?

- C'est vrai.

- Oui, bien sûr que c'est vrai... Désolé, c'est juste que...

- C'est à moi de m'excuser. J'imagine que je te dois des explications. C'est... Je ne sais pas quoi dire, ni même par où commencer. Tu veux savoir quelque chose en particulier ?

- Combien de fois ?

- Deux fois.

- Quand est ce que c'était ?

- Trois semaines avant qu'on aille au lac. À ce moment là, je ne ressentais pas encore quelque chose pour toi, sinon je ne l'aurais jamais fait.

- Est ce que tu regrettes ?

- Plus que tout au monde. Si ça doit remettre notre relation en question, je veux te dire que jamais je ne t'aurais fait ça. Je ne ferai plus rien qui te fasses souffrir.

- Je sais. Je sais qui tu es, qui tu étais. Et ça m'importe peu. Je te crois, je te fais confiance. Je sais que tu es sincère, et je ne veux pas te quitter. J'ai aussi mes torts, et un passé dont je n'ai jamais voulu te parler.

- Alors...

- On oublie tout et on reste ensemble. Si c'est ce que tu veux.

- Évidemment que je le veux.

Ciel se leva et s'approcha d'Aloïs. Il posa une main sur sa nuque et l'embrassa. C'était désespéré, plus passionné que tous leurs baisers, et ils se raccrochaient l'un à l'autre. Ils avaient besoin d'être ensemble.

Le bleu passa doucement sa main sous la veste d'Aloïs et agrippa le pan de sa chemise. Mais le blond posa sa main sur son bras et l'écarta.

- Trop tôt ?

- Non, c'est juste... je n'ai jamais voulu que quelqu'un voie... ça. Me voie moi. Je suis horrible et...

- Arrêtes. Tu es magnifique. Et chacune de tes cicatrices fait de toi ce que tu es. Je les aimes, je les adores autant que je t'aimes. Jamais rien ne pourra me dégoûter si ça vient de toi.

Aloïs lui sourit et l'embrassa, signe qu'il pouvait continuer. Ciel passa sa main derrière sa nuque et commença à déboutonner sa chemise. Il lui enleva lentement et s'arrêta. Il fixa attentivement le torse du blond et caressa du bout des doigts chacune de ses traces.

Les cicatrices se répandaient sur son ventre, qui portait aussi son tube d'alimentation. Il était maigre, on voyait ses côtes, et il tremblait. Mais jamais Ciel ne l'avait trouvé aussi beau.

Il fit allonger le blond et glissa ses mains le long de ses flancs, s'attarda sur ses hanches puis vint défaire son pantalon. Il mordilla doucement sa peau, laissa une légère marque et ses doigts caressèrent ses cuisses, remontant progressivement vers son entrejambe.

Il passa son doigt sur l'élastique de son boxer puis lui enleva, le laissant entièrement nu. Et ça ne tenait pas que du physique. Même intérieurement, Aloïs lui révélait tout ce qu'il était, ses peurs et ses doutes.

Ciel se déshabilla à son tour et se rallongea sur le blond. Il retraça lentement ses courbes et finit par approcher ses doigts de l'entrée de son petit ami.

- On n'est pas obligés de faire ça. Si tu veux arrêter...

- Je ne suis pas une chose fragile. Je veux le faire.

- Mais c'est...

- Est ce que tu demandais à tous les autres si ils voulaient ou non, ou est ce qu'ils avaient un vrai droit de choisir ?

- Je veux que tu sois sûr. Tu n'es pas comme tous les autres.

- Je suis sûr. Alors tais toi et fais ce que tu as à faire.

Ciel sourit et l'embrassa, tout en glissant un doigt dans son intimité. De son autre main, il caressa doucement sa verge pour le détendre, ce qui arracha un gémissement au blond.

- Ça va ?

- Si tu le demandes encore une fois, je te quitte. Je vais bien.

Un deuxième doigt rejoignit le premier et il commença quelques vas et viens, avant de se figer et de plonger ces yeux dans ceux d'Aloïs.

- C'est quoi les torts que tu as ?

- Hein ?

- Tu as dit que t'avais des torts et un passé. Qu'est ce que c'est ?

- Tu veux vraiment parler de ça maintenant ? Je te rappelle que tu es à la limite de me dépuceler, alors je ne suis pas sûr que ce soit le moment de parler de telle ou telle chose.

- Je m'en moque. Dis moi.

- Arthur.

- Arthur ? Quoi, Arthur ?

- Juste Arthur.

- Attends t'as couché avec Arthur ?

- Non, pas vraiment. Disons que ça a un peu dérapé à un moment, mais c'est pas allé jusqu'au bout.

- Est ce que tu es en train de me dire que t'es allé aux préliminaires avec un cancéreux ?

- C'est un problème ? Je ne te parle pas de tes conquêtes moi.

- Non. C'est pas un problème. Les unijambistes, ça a toujours été un de mes fantasmes.

- Je suis ravi de l'apprendre. Tu peux continuer maintenant ?

- L'ironie, c'est très sexy.

- Fermes la.

Aloïs l'attira à lui et l'embrassa, et les deux adolescents passèrent la meilleure soirée de leur vie. Le lendemain, Ciel raccompagna le blond à l'hôpital et avant de lui dire au revoir, ce dernier s'approcha de lui et murmura quelque chose à son oreille. Et cette phrase lui donna envie de sourire. Mais elle l'accabla d'une profonde tristesse.

Il rentra chez lui, une boule au ventre, en repensant toujours à ces mots. Il ne pensa à autre chose que lorsqu'il croisa Finny dans le salon. Il serra les poings, s'approcha de l'adolescent et lui envoya un coup dans la mâchoire, sans décocher un mot.

- La prochaine fois que tu essaies de saboter mon couple, je te tue. Tu as dit que tu ne ferais rien, alors ne fais rien. Ou est ce que tu n'as même plus assez d'honneur pour tenir tes promesses ?

- J'étais soul.

- Mais ça n'excuse pas tout. Je t'aurais prévenu.

Il monta dans sa chambre sans laisser le temps au blond de répondre. La violence avait un côté satisfaisant. Mais ça n'effaçait pas tout.

« Quand je serai mort, demande à Arthur d'assouvir ton fantasme. Je suis sûr qu'il sera d'accord. »

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On est jeudi
Tristesse
J'ai pas commencé mes devoirs
Je sais même pas j'ai quoi en devoir
Et j'ai relu la mort d'Aghni hier

Pour que ton souffle ne s'arrête pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant