Vacillement, itinérance et vient la floraison.

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Hoseok détache l'élastique qui retenait en une ridicule queue-de-cheval ses longues mèches brunes et bouclées. Il essuie son front d'un vague geste de la main et prend une grande gorgée de son thé glacé.


« Eh bien ! Je suis pas malheureux d'en avoir fini ! »


Jimin lui sourit gentiment. Son visage à retrouver depuis plusieurs semaines de jolies teintes roses et ses cernes se sont estompées. Passer du temps chez lui, à cuisiner pour sa femme, lire des livres d'art et des encyclopédies de plantes l'avait replacé là où il aurait toujours dû être : dans un cocon familier.



« Merci beaucoup de nous avoir aidé.

- De rien ! Façon j'étouffais dans mon appartement. Je déteste le printemps là-bas, c'est tout à fait épuisant. »

Jimin sourit et sirote son diabolo grenadine.



« La maison que vous avez achetée est vraiment très mignonne...

- Elle nous a tout de suite plu. Tout juste excentrée, un peu originale...

- Le jardin est superbe.

- Surtout le grand cyprès à l'entrée et l'acacia. Ce sont des arbres que j'affectionne ».


Hoseok tourne sa paille entre ses doigts et observe les quelques passants passer.



« Le paragraphe Min commence à s'éloigner ».



Le visage de Jimin se rembrunit. Il n'était pas sûr d'un jour guérir complètement de cet épisode. Après leur dernière rencontre au restaurant, Jimin était rentré en taxi. Il avait pleuré jusqu'à ce que l'engourdissement de la fatigue l'étreigne. Il avait marché, ivre de tristesse sous la pluie battante et s'était endormi sans rien dire sur le canapé d'Hoseok. Ils étaient restés quelques jours à la capitale, son ami et Hyuna le tirant de sa mélancolie en l'emmenant dans des bars dansants et des expositions. Elle semblait un peu blessée de tant de tristesse, comme si leur union lui pesait, mais elle tentait de garder la tête haute et le laissait pleurer sur son épaule. Et puis l'exposition de Yoongi avait été sur toutes les bouches dès son vernissage. Min Yoongi, le garçon à suivre, était soudainement devenu l'artiste de sa génération. Sa photographie sur les journaux télévisés et pas, sur les magasines, sur internet. Mars n'avait eu que son nom à la bouche. On l'entendait en interview sur les radios et les télévisions, sur les médias des réseaux sociaux. Partout. Et puis partout aussi cette toile, celle de trois mètres par trois mètres le représentant nu, Jimin, alangui et le visage baigné de larmes. Entourés de fleurs, de drapés et de perles. Nu et enchainé de bijoux telle une esclave orientale, parée et éperdument coupable et amoureuse de son bourreau. Une figure presque classique de certains tableaux d'histoire et de mythologie que Yoongi avait su réinventer avec un génie qui lui était propre. Hyuna avait été contrainte de s'occuper de la mise en page de l'article, étude de ce tableau et quelques autres, sur la revue spéciale consacrée aux artistes d'aujourd'hui et demain. Ni elle, ni lui n'avaient vraiment eu envie d'en parler. Et, grande joie soit-il, aucun de leurs parents n'avait vu le tableau ou n'avait eu l'idée d'y deviner la figure de Jimin – il était pourtant impossible de confondre si on connaissait le modèle.

𝑽𝒐𝒊𝒔𝒊𝒏𝒔  |YoonMin| ★Où les histoires vivent. Découvrez maintenant